Les ports                                             

Les ports furent nombreux dans le passé quand la Garonne venait flirter avec le quartier d’Andrian, au pied du coteau, et quand la navigation sur la jalle permettait de transporter hommes et marchandises. Le lieu-dit Larivière était en bordure de l’avancée de la Garonne dans les marais.

Le port du village de Parempuyre est proche du centre actuel du village, au lieu-dit « Gleyse du Roi ». Le port de Ludon est situé sur la Garonne à 2 km environ au sud du port de l’Archevêque.

C’est alors que l’on trouvait à Blanquefort les noms suivants échelonnés sur la jalle : ports d’Aubert (ou d’Haubert), de Maignol en 1639, de Gorbeille en 1541, de Terrelade en 1579, de Leyron en 1576, du Rey (ou du Roi) en 1577, mais on a eu aussi le port de l’ile et le port de Saulesse. Certains de ces noms subsistent dans tel ou tel lieu-dit, en particulier le Port du Roy (avenue et lotissement).

« Les ports sur la Garonne sont reliés aux villages par un chemin du Roi (axe est-ouest) ; c’est le cas à Parempuyre pour le port de Grattequina et à Ludon pour le port de l’Archevêque et vraisemblablement à Blanquefort pour le port du Roi. Ces chemins de palus (l’origine de cette désignation semble commune) reprennent en fait le nom du grand chemin du Roi (axe nord-sud), itinéraire principal, un ancien « Grand chemin » le long de la Garonne, devenu plus tard le chemin de Grande Communication n°2 de Saint-Vivien-du-Médoc à Bordeaux. Il traverse tout le canton de Blanquefort, longeant la Garonne à une distance variant entre 0,5 et 1 km. Il porte le nom de chemin du Roy, dès les plans cadastraux de 1834-1844, jusqu’à la commune de Ludon incluse.

Dans la commune de Blanquefort : le chemin du Roy entre dans la commune au « Pont des Religieuses » ; à la Révolution, il devint le Grand chemin national, de grand chemin royal de Bordeaux à Parempuyre qu’il était peu de temps auparavant. Au XVIe siècle, le chemin du Roy passait dans la palue de Blanquefort, sans qu’on puisse toujours localiser les lieux-dits qui le mentionnent (« au Synton » « sur le chemin du Roy », « à la Monedeyre », « aux Arrogatz de Montheplane », « au Luc », « à Bernin »…) Il faut noter la diversité des appellations reçues par ce chemin. Celle de chemin du Roy a été comprise comme caractérisant sa situation juridique, aussi est-il devenu chemin royal, puis chemin national, de Rye du Roi qu’il était au XVIe siècle, alors qu’il est un camin public au XVe. Le fait qu’il soit attesté avant le XVIe, l’importance économique qu’il a eue aux XIII et XVIe siècles comme chemin de palue, en font un grand chemin. Il souligne le rôle majeur de la Garonne dans cette entrée du Médoc ».

D’après l’étude d’Anne Cavignac, Les noms de lieux du canton de Blanquefort, 1968, 3 tomes, p.427, École nationale des chartes.

Le Conseil était si pauvre qu'il refusa, le 5 prairial an XIII, la construction de ponts sur la Jalle, à l'endroit appelé aujourd'hui « les quatre ponts ». On franchissait la rivière en bateau à cette époque.

Guy Dabadie, Blanquefort et sa région à travers les siècles, Imprimerie Samie, Bordeaux, 1952, p. 118.

« Les itinéraires principaux étaient dénommés « grands chemins », ce n'est que plus tard qu'ils sont devenus « chemins royaux ». L'atlas de Trudaine semble avoir été établi pour inventorier les chemins royaux dont l'entretien était de la responsabilité des intendants. Manque de chance, cet atlas est incomplet pour la généralité de Bordeaux.

L’assèchement des marais est assez tardif : début du XVIIe pour les marais de Bordeaux, au sud de la Jalle et, semble-t-il après pour les autres.

Michel Baron 

Le port d’Haubert ou Maignol 

Tout près du domaine du Dehez, un autre domaine, celui de Mataplane, est la propriété des Maignol, noblesse de robe de fraîche date (1733). Étienne Maignol est magistrat à la cour des aides de Bordeaux qui est chargée de juger souverainement au civil et au criminel les affaires relatives à la levée des impôts. Le rôle de la cour des aides et son renom sont évidemment sans comparaison avec ceux du Parlement mais être membre de la cour des aides confère un prestige certain, surtout lorsque l'on est, comme Maignol, procureur général. Comme ses confrères, Maignol demeure généralement à Bordeaux où il possède une maison rue de la Taupe. À Blanquefort, les Maignol tiennent en fief une grande partie du bourg dont les tenanciers lui sont redevables d'agrières et autres droits. De caractère fort impétueux, très jaloux de ses droits, Étienne Maignol possède également le port d'Haubert que les Blanquefortais nomment aussi le « Port de Maignol » et qu'il entretient régulièrement tout en en interdisant l'accès aux habitants de la paroisse.

Extrait du livre « Blanquefort et son canton », 1789-1799 ou « Saincric, curé révolutionnaire », Publications du G.A.H.BLE, 1989, p.19-27.