La plantation du parc de Breillan en 1838 

Au cours du XIXe siècle, les riches Bordelais, propriétaires de domaines aux environs de Bordeaux, et en particulier sur la commune de Blanquefort, rivalisaient entre eux. Ils avaient des vignes qui leur rapportaient de bons revenus, ils vivaient l’été dans leurs « résidences secondaires » et cherchaient par l’originalité de leurs aménagements à marquer les esprits de leurs visiteurs.

Parmi ces marqueurs sociaux, on retrouve la grandeur et la beauté de la demeure, la majesté du portail, le vivier si un cours d’eau est proche, parfois une vacherie, une serre, un jardin et sans doute le plus impressionnant un parc constitué d’essences rares et exotiques.

Nous avons le témoignage direct de la plantation du parc du château Breillan, rédigé par Amélie d'Audiffret :  

« La visite de notre voisin (M. Yvoy, propriétaire du château Geneste au Pian) à Breillan était aussi un plaisir pour tous. Je vois encore sa bonne grosse figure rouge, couronnée d'une forêt de cheveux blancs ; il avait laissé un œil dans le combat avec cette nature malsaine et marécageuse. Son accent flamand nous amusait et nous étonnait beaucoup. Il arrivait, chargé de melons, de fraises blanches et surtout de dahlias multicolores qui étaient alors une curieuse nouveauté. Il causait sans fin agriculture avec mon grand-père qui lui faisait force questions et qui embellit Breillan de ses arbres les plus jolis. Ces plantations ont très bien réussi, j'ai revu ces arbres grands et beaux en 1884 après les avoir vus planter gros comme le doigt en 1838… [Amélie d’Audiffret rappelle plus loin les transformations opérées par M. Yvoy dans son domaine de Geneste au Pian : on peut penser que les essences choisies devaient être proches… Situé au milieu d’une prairie arrosée par des pièces d’eau et encadré de bois de pins et de chênes, coupés de longues allées qui aboutissent au château, M. Ivoy dresse autour une collection de magnolias, de chênes d’Amérique, de cèdres du Liban, faisant ainsi du château une belle résidence d’été].

Quelques années plus tard, j'avais un grand plaisir à m'asseoir sur un banc que je vois encore pour lire quelques jolis et honnêtes romans français et anglais, notamment « Grandisson » qui avait charmé la jeunesse de ma mère et dont elle me promettait la lecture depuis longtemps. Peut-être à cause de cela, je le trouvai long, ennuyeux ; son héros si parfait aurait dégoûté de la vertu. Chaque nouvelle génération veut admettre dans ses appréciations littéraires que ce qu'elle a jugé elle-même. C'est alors que j'ai pris un goût extrême et persévérant pour Walter Scott. »

Henri Bret.

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