Jean-Pierre Jouglet

Il se présente comme le principal « animateur » du Comité de quartier, en lutte contre l’individualisme. On le rencontre dans la maison qu'il a fait construire il y a des années, à la place des vignes de son père, rue Saint-Ahon. Jean-Pierre Jouglet, figure locale, chasseur et militant communiste, est depuis toujours allergique « à l'individualisme ambiant ». C'est à ce titre qu'on le retrouve à la tête du Comité de quartier de Caychac, créé lors du premier mandat de Vincent Feltesse. « Au départ, il existait quatre comités à Blanquefort. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que deux, avec celui de Majolinas. Personne ne voulait s'en occuper, alors j'ai accepté de le faire. Ce serait dommage de laisser tomber » assure-t-il. « Mais attention, je ne veux pas que l'on emploie le terme de président, c'est trop pompeux. Je préfère celui d'animateur ».

Manifestement, ce retraité de la Lyonnaise des eaux n'a pas besoin de se forcer beaucoup pour organiser les manifestations « qui permettent de se retrouver ». C'est dans sa nature. Il a le sens du collectif. « Tiens, justement, vendredi dernier nous avions la fête des voisins rue de Tujean. Un arrêté municipal autorisait les riverains à occuper la route, avec tables, chaises et pique-nique. Vers une heure du matin tout le monde est rentré à la maison, bien content ».

Enfant du quartier, Jean-Pierre Jouglet, 68 ans, fait partie des anciens qui prononcent « Cachac » et non pas Caychac. C'est peut-être à cela qu'on les reconnaît, ceux qui ont connu la verte campagne avant les lotissements. Et des animations qui, aujourd'hui, ne seraient pas vraiment politiquement correctes. « Je me souviens de la course aux canards, lors des traditionnelles fêtes de mon enfance. Les pauvres bêtes étaient pendues par le cou. L'objectif était de les attraper en passant à cheval. C'était affreux ! Plus tard, les participants étaient à moto et mon père s'était blessé ! »

L'époque des courses en sac et du mât de cocagne a marqué sa jeunesse. Aujourd'hui, c'est au cœur du parc Cambon, réhabilité par la Ville avec la participation des habitants, qu'il tient à cultiver cet état d'esprit. D'ailleurs, le comité prépare actuellement la fête de la Saint-Jean, avec son feu et sa course des trottinettes, programmée pour le 27 juin. « Nous avons renoncé au concours de pétanque car le boulodrome n'a pas été désherbé » confie-t-il. Là encore, un pique-nique tiré du sac est prévu.

Les nouveaux habitants participent-ils à la vie locale ? « Les jeunes couples n'ont pas le temps de siéger au comité de quartier. Ils vivent à cent à l'heure, entre les enfants, le travail à Bordeaux, je le comprends très bien. Nous essayons, en tout cas de leur proposer des animations ».

Le comité de quartier, qui se réunit chaque mois est aussi l'occasion d'évoquer les questions de voirie, de circulation. Deux élus du Conseil municipal y participent (Pierre Laborde et Sandrine Lacaussade) et sont chargés de « faire remonter » les remarques et les desiderata des riverains.

C'est ainsi qu'une « zone 30 » doit être mise en place dans le centre de Caychac. Les habitants ont également obtenu la mise en sens unique de la rue de l'abbé Raby. « Il y a quelques années, les problèmes de rupture de canalisations d'eau avaient mobilisé beaucoup de monde » se souvient Jean-Pierre Jouglet. « Il faut dire que les factures d'eau avaient augmenté ! ».

À présent, ils sont une petite quinzaine à participer régulièrement aux réunions du comité, pourtant ouvertes à tous. Et beaucoup plus lors de l'assemblée générale annuelle. « J'ai toujours aimé m'occuper des autres » avoue le retraité. « Il n'y a pas toujours de retour, mais je continue. Ce sont mes idées de toujours. Personnellement, c'est auprès des autres que je m'épanouis, d'ailleurs, il y a deux ans, je me suis mis à la chorale ! »

Article du journal Sud-ouest du 3 juin 2015, texte et photo de Christine Morice.

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