Faits divers au XIXe siècle

Le 7 septembre 1823 M. Dariste fut nommé maire. Il constata que, la mairie menaçant ruine, il fallait trouver un autre local.

Dans un inventaire du matériel municipal publié ce jour, nous trouvons : 17 shakos, 4 gibernes, 25 fusils, 20 baïonnettes, 16 cols et parements, 3 vieilles armoires, 1 table, 3 vieux bancs, 1 buste de Louis XVIII, un autre du duc d'Angoulême, etc. Le 26 septembre 1824, le Conseil adressa une proclamation à Charles X, disant sa douleur de la perte de l'ancien roi.

Un ouragan dévasta les récoltes le 25 juillet 1829.

Le 28 avril 1835, à l'occasion de la célébration de la fête du Roi des Français (célébrée d'ailleurs tous les ans), eut lieu un bal public qui coûta 20 francs, un feu d'artifice 8 francs et une distribution de pain et de viande aux pauvres 72 francs.

La prospérité semble d'ailleurs être revenue en partie dans la commune. Les finances sont saines et neuf foires ont lieu par an, preuve qu'elles sont maintenant fréquentées. À titre d'exemple, citons ces extraits des dépenses annuelles municipales :

    Entretien du lieu des séances de la mairie…   30 F.
    Solde du tambour de la commune…              72 F.
    Supplément du traitement du desservant…  200 F.
    Traitement fixe de l’instituteur…                  400 F.
    Entretien de l'horloge...                               72 F.
    Des « aqueducs », ponts, fontaines…            50 F.
    Salaire du garde champêtre...                    500 F.

La commune avait, en 1837, trois compagnies de la garde nationale formées par les hommes :
      1e de Grattecap à Vire-Cornard ;
      2e de la Landille, la Gravette, Galochet jusqu’au pont Bioussan ;
      3e de Bioussan à l'extrémité Nord.

La commune possédait, à ce moment-là, un notaire, un bureau d'enregistrement, un de perception des impôts de quatre communes et un juge de paix.

Les propriétaires les plus imposés à la contribution foncière étaient : MM. Dufour-Dubergier, 2 274 F, 75 ; Portal, 1 896 F, 06 ; Delisse, 1 715 F, 05 ; veuve de Vertamont, 848 F, 04 ; MM. Changeur, Grimail, de Bruyas, Vignes, de Matha, Seignouret, de Pichon, Roussel, Pelletraut, Larrieux, Grellure et Mme veuve Tastet.

Nous en arrivons à la IIe République 

À Blanquefort, les révolutions et les changements de régime se passèrent toujours dans le calme et trouvèrent les habitants toujours aussi enthousiastes.

Première mesure du nouveau Conseil : à la suite d'une pétition formulée par un certain nombre d'habitants au préfet au sujet des communaux de Blanquefort, le Conseil déclara « que les communaux étant une propriété locale, il importait trop aux intérêts des habitants que ces terrains soient cultivés par ceux de Blanquefort plutôt que de les livrer à des cultivateurs étrangers ». Le partage de ces biens fut donc décidé le 28 octobre 1848. Mais il ne sera effectué que le 14 juin 1862 entre les familles suivantes : Sémédard, Lescos, Lalande, Dubédat, François, Caudéran, Aviragnet, Dubourdieu, Jacquet, Dupuy, Dumec, Camus, Beylac, Danet, Maurey, Maubourguet, Denigès, Desanges, Racoulés, Peleu, Favereau, Riquet.

M. Delisse démissionna de la mairie en 1849 et fut remplacé par M. Bosmorin.

Voici le Second Empire 

Toujours prompts aux serments, les conseillers blanquefortais en prêtèrent un autre à Napoléon III le 27 février 1853. Et le Conseil demeure le même que celui qui a été élu l'année précédente et qui possède à sa tête M. Courrégeoles fils.

À ce moment, les plus fort imposés sont : MM. A. Tastet, Larrieu, Badin, Closmann, Durand, Vignes, Aquart, Dourcy, Denigès, Sibassié, Belon, Dabadie, Baziadolly.

Mais, s'il y a des riches, il y a aussi des pauvres, car 69 indigents reçoivent en secours 4 kilos de pain par mois.

En 1855, M. Delisse fut nommé maire. C'est lui qui adressa à l'Empereur cette lettre au nom du Conseil, l'année suivante : « Sire, le Conseil municipal de la commune de Blanquefort, heureux de votre bonheur et plein d'allégresse pour la naissance du prince, sauvegarde de notre avenir, vient vous offrir du meilleur cœur, sa part de félicitations et protester de son dévouement au trône impérial. Recevez, Sire, l'assurance du plus profond respect et de l'entière obéissance de vos fidèles sujets. »

L'Empereur était très estimé à Blanquefort et un solide clan de bonapartistes devait subsister longtemps après 1871. Tous les ans, pour la Fête Nationale du 15 août, avait lieu un Te Deum et le nom de Napoléon III était particulièrement honoré.

Exemple de quelques faits divers de la vie de la commune au XIXe siècle :« Dans les petits faits divers de cette époque, susceptibles d'intéresser, citons :

  1. La fête solennelle de la Société d'Agriculture de la Gironde au château Duras le 13 juillet 1862 ;
  2. L'achat de deux pompes à incendie en novembre 1862 ;
  3. De nouveaux habitants admis au partage des landes communales le 10 avril 1864 : Caze, Muguet, Piet, Bobineau, Larèlle, Durgeon, Carrérot, Maugey, Pineau, Musset, Mourrier, Nonier, Garnung, Millerin ;
  4. Un violent litige avec la commune du Taillan au sujet de la ligne de séparation entre elle et Blanquefort ;
  5. La création d'une succursale de la Caisse d'Epargne en mai 1865 ;
  6. L'arrêté accordant gratuitement l'extraction de la grave à Birganiot et à la Landille ; tandis qu'à la Gravette, il fallait payer 50 centimes le mètre cube pour les habitants de la commune, 80 centimes pour les étrangers (1866) ;
  7. Le vote de l'instruction gratuite dans les écoles communales primaires par le Conseil (21 juin 1867) ;
  8. L'augmentation du nombre des conseillers municipaux (21) par suite de l'augmentation du nombre des habitants (plus de 2 500 en novembre 1867) ;
  9. L'enlèvement des ordures tous les samedis (1868) ;
  10. Le refus par le Conseil de l'enseignement de la gymnastique dans les écoles (1869) ;
  11. L'établissement du télégraphe à Blanquefort (1871).

Et tant d'autres petits faits qui nécessiteraient de nombreuses pages ».

Voici également l'état de la production des vignes dans la commune en 1866 ;

Dulamon               150 à 160 tonneaux
Dillon                    130 à 150     "
Déez                       60 à  70      "
Saint-Ahon              40 à  50      "
Belair                      35 à  40      "
Montgiraud              30 à  40      "
Clapeau                   50 à  60      "
Olivier                     30 à  40      "
FIeurennes              80 à 100      "
Breillan                    30 à  35      "
Curgan                    40 à  45      "
Linas                       30 à  40      "
Cholet                     30 à  80      "
Maurian                   20 à  25      "
Baubens                  20 à  25      "

On arriva ainsi dans une prospérité suffisante à la guerre de 1870. Les Blanquefortais firent leur devoir, soit aux armées, soit dans la garde nationale. Financièrement, ils accomplirent tout ce qui était en leur pouvoir : 4 000 francs consacrés à un achat d'armes, 6 000 francs donnés au Comité de la Défense Nationale, un emprunt de 32 400 francs comme part afférente à cette défense.

Guy Dabadie, Blanquefort et sa région à travers les siècles, Imprimerie Samie, Bordeaux, 1952, p. 123-140.