Modes de garde des bébés

Du temps des nourrices, un des plus vieux métiers du monde ! De l'Antiquité au Moyen-âge, les nourrices allaitent les enfants des femmes de haut-rang. Puis, ce sont les femmes plus modestes qui louent leur service car l'allaitement est réputé faire vieillir prématurément : elles font alors appel aux femmes qui vivent de leur lait au forum lactarium (sorte de marché).

Plus tard, au XVIIe siècle, les philosophes appellent à l'allaitement maternel mais le corps médical s'y oppose en prétextant que le lait de la nourrice permet de corriger l'influence de la mère exercée sur son enfant durant la grossesse. Puis, les moralistes font la démonstration de l'attachement du nourrisson à sa nourrice, exacerbant ainsi la jalousie des mères, en conduisant certaines à adopter le lait artificiel.

Au XIXe siècle, le développement des villes et du travail féminin intensifie la mise en nourrice mais sous des formes plus variées : les familles très pauvres laissent leurs bébés à l'hospice des enfants trouvés qui les placent ensuite chez des nourrices de campagne dans des régions reculées... ils ne les revoient que tous les deux ou trois ans. Les nourrices sur lieu étaient quant à elles de jeunes mères qui venaient louer leurs services aux familles bourgeoises.

En 1874, face à la mortalité importante et constante des nourrissons, la loi Roussel impose la visite mensuelle d'un médecin aux nourrices dans le cadre d'une commission confiée aux préfets. Ainsi, l'autorité publique commence à exercer une surveillance attentive sur les enfants de moins de 2 ans placés. À cette période, des initiatives privées voient également le jour : consultation gratuite de nourrissons, distribution de lait stérilisé, conférences d'hygiène infantile. C'est l'avènement progressif de la puériculture.

Dans les mains des infirmières et berceuses : avec le triomphe des découvertes de Pasteur, les pouponnières éclosent : ces pensions emploient des infirmières en blouse blanche et équipées de masque de chirurgien. Les mères n'y sont autorisées qu'une fois par quinzaine et doivent également revêtir une blouse lors des visites. Plus tard, les centres d'élevage, moitié moins coûteux que les pouponnières, en reprennent les exigences de propreté : chapeautées par une infirmière qui leur enseigne leur métier (la première promotion de l'école centrale de puériculture ouvre en 1917-1918), les nourrices choisies et suivies par un médecin prodiguent les soins aux enfants. Ces garderies médicales sont toujours la norme après la Seconde Guerre mondiale : l'hygiène et la protection sanitaire sont les priorités prises en charge par les berceuses, des aides-soignantes sans diplôme. L'enfant y est déposé au guichet où lui sont retirés ses vêtements, il suit ensuite un programme unique : la cuillère à trois mois, au pot à huit (on l'y attache), repas et sommeil à heures fixes. Si le diplôme d'auxiliaire de puériculture est créé en 1947, la formation est hétéroclite et la fonction ne revêt pas encore de dimensions éducatives.

L’accueil des professionnelles de la puériculture : il faut attendre le début des années 70 avec la publication d'études médicales pour qu'entrent en jeu le développement affectif et intellectuel, la place des parents, les rythmes propres à chaque enfant. En 1971, la formation d'auxiliaire de puériculture est réformée et en 1973, le diplôme d'éducatrice de jeunes enfants est institué. Activités, jeux, bien-être... sont peu à peu introduits. En 1985, un vrai virage est amorcé avec un programme commun à toutes les écoles ouvrant aux divers métiers de la petite enfance : les crèches sont désormais considérées comme des lieux de vie ayant des fonctions éducatives tant au niveau pédagogique, diététique que médical. Une révolution pour les bouts de chou du XXe siècle !

Avis de naissance : la première crèche en France ? L’idée reviendrait au pasteur Merlin dans les Vosges, qui créa en 1770 un accueil à la journée pour sauver les enfants des bucherons… de la forêt !

À Blanquefort, le 14 juin 1908, le conseil municipal réitère sa demande pour la « création d’une garderie au hameau de Caychac. » Le 4 mai 1924, M. le maire donne lecture « d’une pétition d’un groupe de pères de familles de Caychac demandant le rétablissement de la garderie d’enfants de ce quartier supprimée il y a sept ans faute d’éléments… » Le 19 octobre 1946, le maire relate « la lettre adressée par M. le curé Poncabaré concernant une crèche qu’il ouvre pour les petits enfants de la paroisse dans le but uniquement social : permettre aux jeunes mamans de s’acquitter de leur devoir ménager et même à l’occasion des travaux agricoles en toute liberté et quiétude d’esprit… Y seront admis les enfants n’ayant pas atteint encore l’âge de fréquenter l’école. » En 1982, une halte-garderie municipale accueille quelques bébés quelques heures dans la semaine et deux crèches parentales ouvrent en 1988 et 1989 (Suce-pouces et les Poussins). En 1990, le service Petite Enfance est créé, puis la crèche familiale (1990) et la crèche collective (1993). D’après le registre des délibérations du conseil municipal. Archives municipales.

À l’occasion des 20 ans de la crèche collective le 28 septembre 2013…

Équinoxes et Solstices, septembre 2013, n° 55, p. 24-25. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.