Edifications diverses en bord de chaussées 

Nous allons évoquer ici les diverses constructions en bord de route qui ont fait l’objet d’une demande auprès de la mairie. Ces dossiers ont ensuite été transmis à la préfecture pour qu’elle statue.

Mais commençons par le seul arrêté que nous ayons trouvé concernant la circulation lors des Fêtes de la Saint Jean, et pourtant il a dû y en avoir chaque année….

 

Arrêté pour interruption de circulation

À l’embranchement avec le chemin d’intérêt commun n° 9, dit de Castelnau à Preignac, dans les traverses d’Eysines et de Lescombes, les 27 et 28 juin entre le point de croisement de ce chemin et des chemins vicinaux ordinaires n° du Bourg au Haillan, n° 17 de l’église et la place de la Croix de Lescombes, pendant la durée des Fêtes locales (Saint-Jean). 

Route-1926-planRoute-1927-arrete       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le plan et l'arrêté de 1927.

 

Edification de tente

Nous trouvons ensuite deux demandes de commerçants pour établir une tente devant leur boutique. Un si petit nombre nous a surpris. Nous en avons déduit que soit toutes les demandes n’ont pas été conservées, soit nos commerçants et artisans n’étaient pas tous en règle. Depuis, il y a prescription… Nous avons aussi regardé les anciennes cartes postales. De fait, peu de boutiques arborent ce que nous appelons aujourd’hui un store. Voici les deux seules demandes relevées :

Le 9 septembre 1899, M. Alfred Aillery, sellier-bourrelier, peut établir une tente à sa maison du Bourg, bordant le côté gauche du chemin de grande communication n° 114 de Bordeaux au Verdon. La saillie maximum de la tente sera de 2 m à partir du mur, aucune partie des supports de la tente ne sera fixée à moins de 2,30 m au-dessus du trottoir.

Le 17 août 1902, M. Doumeret, boucher au Vigean, peut établir une tente à sa maison, côté gauche du chemin de grande communication n° 114 de Bordeaux au Verdon. Il existe un trottoir de 4 m, la saillie maximum de la tente sera de 3,50 m à partir du mur, aucune partie des supports de la tente ne sera fixée plus bas que 2,30 m au-dessus du trottoir.

Route-mercerie

Le store au-dessus de la mercerie (Connaissance d’Eysines.)

 

 

Edification de trottoirs

Route-trottoir-rue-de-leglise

 

Un trottoir sur un côté de la rue de l’église, au Bourg (collection privée ville d’Eysines) 

 

Nous avons été très surprises de relever ce genre de demandes, car actuellement les trottoirs font partie de la voie publique. Ils sont donc construits et entretenus par les services de la municipalité ou ceux de l’Etat.

Nous trouvons quatre demandes de 1895 à 1913, puis dans les délibérations du conseil municipal des décisions d’aménagement de trottoirs à partir de 1950. (Est-ce donc seulement depuis l’après-guerre qu’ils font partie intégrante des chaussées ?) Enfin, les anciennes cartes postales nous prouvent l’existence des trottoirs.

En 1895, Mme veuve Dubernet au Bourg peut établir un trottoir devant sa maison le long du chemin vicinal n° 1 de la Forêt au Bourg. Le trottoir aura 1 m de largeur, établi parallèlement à la maison, les bordures seront en pierre de taille dure et très proprement taillées, sur tous les parements. Elles reposeront sur un massif en béton ou sable de 0,20 m d’épaisseur. Elles seront placées à 0,07 m en contre-haut. Un caniveau de 0,50 m de largeur sur 0,20 m d’épaisseur reposant sur une couche de 0,20 m de sable sera établi à 0,17 m en contre-bas de la bordure. La surface du trottoir formera une pente transversale de 0,04 m de gravier ou de ciment.

Le 5 mai 1895, M. Laloubeyre au Bourg peut établir un trottoir chemin vicinal n° 1 de la Forêt au Bourg.

Le 3 mai 1900, Mme veuve Cassy à Lescombes peut établir un trottoir en ciment devant sa maison côté droit du chemin vicinal n° 1 de la Forêt au Bourg.

Le 1er septembre 1913, M. Arnaud, entrepreneur, peut construire un trottoir devant la propriété de Mme veuve Bouey, côté gauche du chemin vicinal n° 2 dit du Bourg au Haillan.

Enfin, des délibérations du conseil municipal concernent l’aménagement de trottoirs : en 1950 pour Le Vigean, en 1953 et 1955 pour Lescombes.

 

Aqueducs, conduites d’eau, fossés

Ce qui est dénommé aqueduc dans ces documents est une canalisation d’écoulement d’eau de pluie, en général, et non une canalisation de grande capacité amenant l’eau courante d’une source ou d’une captation vers un réservoir comme nous l’employons actuellement.

Les premières autorisations que nous relevons au milieu du XIXe siècle sont rédigées ainsi :

Le 28 octobre 1846, extrait des registres des arrêtés du préfet : M. Lemotheux est autorisé à faire « placer une dalle sous le pont de Cantinolle, afin de conduire les eaux de sa fontaine d’un côté de sa propriété à l’autre à travers la route départementale 14 ».

Le 10 août 1850, construction d’un aqueduc : M. Soucadauch, au Vigean, a l’autorisation de construire un aqueduc sur le fossé droit de la route départementale n° 14.

En 1870, nous trouvons plusieurs autorisations donnant ces prescriptions : « l’aqueduc aura une largeur libre de 0,50 m et une hauteur de 0,40 m au-dessus du plafond du fossé. Le dessus de l’aqueduc ainsi que l’accotement au-devant seront empierrés sur une épaisseur de 0,10 m. »

Toujours en 1870, une demande particulière est rejetée : M. Lalande demande de construire un parapet sur un aqueduc situé sur le fossé gauche de la route devant le portail d’entrée de sa propriété ; demande rejetée car le portail est sur l’alignement et le parapet à construire se trouverait en saillie sur toute la largeur du fossé de la route.

En 1875, une autorisation de « pont volant » est donnée : M. Rumeau demande l’autorisation d’établir un pont volant sur le fossé gauche de la route près du km 8 et un plancher également volant sur le trottoir pour le passage de ses voitures. Les services de la préfecture autorisent en précisant : « Rien ne s’oppose à la demande, du moment que le sieur Rumeau s’engage à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter de dégrader la route et devra établir le pont et le passage dans le milieu de l’intervalle des 2 arbres de la route. »

En 1876, les autorisations ont des prescriptions un peu différentes :

M. Argillos peut établir sous le sol de la route départementale n° 14, 2 tuyaux ou aqueducs pour conduire les eaux de sa source et ses eaux pluviales, de sa terre d’un côté de la route à l’autre sur l’autre côté de la route. Les tuyaux auront un diamètre entre 0,25 m et 0,50 m établis à 0,60 m en contre-bas du sol de la route.

M. Cavignac à la Forêt, peut construire un petit aqueduc au-devant de sa propriété, route départementale n° 7. L’aqueduc sera placé au milieu de l’intervalle des 2 arbres de la route et pour écouler les eaux il est nécessaire que l’aqueduc présente un débouché de 0,50 m de largeur sur 0,40 m de hauteur. Le remblai qui le recouvrira raccordera avec l’accotement qui sera empierré sur toute la largeur de l’aqueduc

M. Lagorce peut établir un aqueduc, fossé gauche sur la route départementale n° 18 ; son débouché devra avoir 0,50 m de large et 0,60 m de hauteur. Les remblais qui le recouvriront se raccorderont sur l’arête de l’accotement de la route au moyen d’une rampe qui n’excédera pas 0,05 par mètre, accotement empierré au droit de l’aqueduc.

M. Dubaille peut établir un aqueduc sur le fossé gauche route départementale n° 14, au milieu de l’intervalle des 2 arbres de la route avec un débouché de 0,40 m de large et de 0,40 m de hauteur. Les remblais qui le recouvriront se raccorderont sur l’arête de l’accotement de la route au moyen d’une rampe qui n’excédera pas 0,05 par mètre, accotement empierré au droit de l’aqueduc.

Ainsi de suite, car les demandes sont nombreuses presque une vingtaine entre 1846 et 1922. Les autorisations comportent toujours les précisions sur la grosseur des tuyaux à utiliser et leur enfouissement. Nous en rapportons cinq un peu particulières :

En 1889, M. de Georges, propriétaire d’Eysinoff, demande l’autorisation de placer un aqueduc en tuyau de ciment sous l’accotement du chemin de grande communication n° 114 à l’entrée du chemin de l’hippodrome, pour déverser les eaux de la route dans le fossé longeant ledit chemin de l’hippodrome du côté opposé à sa propriété : l’aqueduc sera placé sous l’accotement du chemin de manière à ce que le dessus des tuyaux soit situé à 30 cm au minimum en contre-bas. Une bouche d’égout en béton de ciment avec plaque de fonte sera placée sur le trottoir du chemin en amont de l’aqueduc pour recevoir les eaux et les conduire dans cet ouvrage.

Route-Eysinoff

Photo récente d’Eysinoff 

En 1901, M. Cathala, propriétaire de Vigean-Ségur, peut établir un passage côté droit, le long du chemin de grande communication n° 114 de Bordeaux au Verdon, en substituant un terre-plein au caniveau existant, lequel rend l’entrée de son allée difficile et dangereuse, et détourner les eaux du caniveau dans sa propriété au moyen de tuyaux en fonte de diamètre de 0,12m.

En 1914, M. Sibassié, entrepreneur, peut poser des tuyaux en travers du trottoir chemin vicinal n°5 dit de l’Hippodrome, pour conduire les eaux des dalles de la maison du couvent du Bon Pasteur dans le caniveau. Les tuyaux auront un diamètre de 0,10 m.

En 1917, M. Chaigneau, responsable de l’équarrissage du Bretey, peut poser des tuyaux en béton de diamètre de 0,25 m en travers du chemin vicinal n°4 dit du Bretey, pour évacuer les eaux de son usine. La largeur du chemin est à cet endroit de 7,70 m (chaussée de 3 m + accotements de 4,70 m).

En 1922, M. Paul Dubergé, habitant au Bourg, écrit au maire : « Par suite d’un jugement rendu par le tribunal de 1ère instance de Bordeaux, je suis dans l’obligation de conduire jusqu’au chemin vicinal n° 6, les eaux pluviales tombant sur ma propriété située au Bourg. A cet effet, je viens vous demander de vouloir bien m’autoriser à conduire ces dites eaux au moyen d’un tuyautage dans l’aqueduc souterrain traversant le chemin vicinal n° 6. »

En ce qui concerne les caniveaux, nous relevons plusieurs mentions dans les délibérations du conseil municipal. En novembre 1867, une plainte des habitants de Lescombes qui veulent des caniveaux est rapportée. En février 1909, il est procédé à la réfection des caniveaux du Bourg et en février 1949, à l’aménagement du caniveau à la Croix de Lescombes.

 

Travaux le long des voies

Les dépôts de matériaux sur la chaussée semblent autant réglementés que maintenant. Deux demandes d’entrepreneurs qui effectuent des travaux chez des particuliers reçoivent une autorisation :

Le 17 juin 1876, M. Delor, entrepreneur, peut déposer des matériaux devant la propriété du sieur Rousset route départementale n° 14, sur une largeur de 2 m et pendant 2 mois.

Le 2 janvier 1920, M. Sibassié, entrepreneur, fait une demande pour déposer des matériaux sur l’accotement droit du chemin vicinal n° 13 dit du Moulin à Vent ; la saillie sur la voie sera de 1,50 m, éclairée la nuit durant 1 mois.

 

Plantations de vignes

Lorsque les vignes sont plantées en limite de chaussée une demande est nécessaire. Nous en avons trouvé trois :

Le 26 novembre 1897, M. Epiphane Laborde peut planter une vigne le long du chemin d’intérêt commun n° 72 de Bordeaux au Taillan, la clôture sera à 4 m de l’axe de la chaussée sur une ligne parallèle et la vigne sera plantée à 0,50 m en arrière de la clôture.

Le 29 janvier 1903, M. Mondon peut planter une vigne en limite du chemin d’intérêt commun n°72 de Bordeaux au Taillan, le chemin a une largeur de 8 m à cet endroit.

Le 12 février 1914, M. Aumailley, au Montalieu, demande l’alignement sur le côté gauche du chemin vicinal n°14 dit de Lescombes au Haillan, pour une plantation de vigne.

Source : archives municipales : dossiers n° 101 de 1835 à 1889 et n° 102 de 1876 à 1959 et délibérations du Conseil municipal.

 

Texte extrait du blog de l’association Connaissance d’Eysines, 3 août 2020, Marie-Hélène Guillemet et Elisabeth Roux.