Bois Gramont

Les recherches de notre association complétant celles de Michel Baron durent depuis des années ; notre documentation est importante ; nous allons donc vous raconter l’histoire de ce domaine en deux épisodes. La première partie présente l’évolution du domaine au cours des siècles. La seconde partie est consacrée aux familles Lemotheux et Fabre de Rieunègre, propriétaires de 1836 à 1909.

Gramond est actuellement le nom d’un parc urbain, Bois Gramond est celui d’une rue et d’une allée, enfin Gramond et Bois Gramond sont employés l’un et l’autre pour désigner le nouveau cimetière. Ainsi, lorsque vous parcourez un de ces lieux vous n’imaginez pas que vous foulez le sol de l’ancienne maison noble de Bois Gramont qui après la Révolution devint le domaine viticole de château Bois Gramont et dont il ne reste malheureusement pratiquement plus de trace aujourd’hui.

Deux publications évoquent cette maison noble. Le livre le plus ancien est celui de l’abbé Baurein à la fin du XVIIIe siècle. Un siècle plus tard, en 1876, Edouard Guillon reprend en partie les textes de l’abbé Baurein et les complète.

Notes :

1/ Au fil du temps nous trouvons de multiples orthographes de Bois Gramont qui se décline en un mot ou deux, avec trait d’union ou sans mais aussi avec 1 M ou 2 et enfin avec un D ou un T à la fin ! Dans les textes anciens rapportés, nous gardons l’orthographe utilisée alors mais, dans notre récit, nous optons pour l’écriture la plus employée dans toutes nos nombreuses recherches : Bois Gramont.

2/Les textes issus de tous les documents rapportés ici sont laissés avec l’orthographe usuelle de chaque époque.

Deux publications 

varietes-bordelaises

 

 Les « Variétés bordelaises » de l’abbé Baurein sont publiées entre 1784 et 1786. Dans le chapitre intitulé « Saint Martin d’Eysines* », nous découvrons ceci  : « Suivant un acte de partage , en date du 5 Août 1393 , des biens appartenans à la succession de feu Pierre Lambert, Chevalier, Citoyen de Bordeaux, la maison noble, ou mote de Bosc-Garmont, située dans la Paroisse d’Eysines , suivant ce même titre , échut en partage à Guillaume Ays de Fronsac ,Damoiseau , avec tous les domaines , rentes, agrières et droits seigneuriaux , ainsi que les serfs questaux qui en dépendoient dans ce temps-là …Il paroît par un titre du 14 Novembre 1529, que Pierre de Ligaray, Ecuyer, étoit Seigneur, à cette époque, de la maison noble de Bosc-Gramont (anciennement Bosc-Garmont) placée, suivant ce même titre, dans la paroisse d’Eysines. »

*Nota : nous sommes sous l’Ancien Régime, les communes n’existent pas encore et la paroisse Saint Martin rassemble tous les villages : le Bourg, Lescombes, Le Vigean, La Forêt et Le Haillan.

                            

 

 

 

Chateaux-de-la-Gironde« Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde », d’Edouard Guillon sont publiés en 1876. Au paragraphe « Eysines », nous trouvons la description de notre village. Edouard Guillon s’intéresse à la vigne et aux vins, voici le début de son texte et ce qu’il écrit sur Bois Gramont :

« Eysines est situé au sud du canton de Blanquefort, sur la rive droite de la Jalle où elle couvre une superficie rectangulaire d’environ 1 500 hectares, partie en plaine basse, partie sur quelques coteaux graveleux ; elle est arrosée par un faible ruisseau et traversée par la route de Bordeaux à Lesparre.
Le sol d’Eysines est très productif, bien cultivé et produit des blés, des céréales, des foins, des objets de jardinage dont il se fait un grand commerce, des oseraies, des bois taillis et environ 300 hectares de vignes rouges. Les vins d’Eysines ont de la couleur mais sont petits, communs et de courte durée ; le commerce les classe dans les petites graves, et Franck les assimile à ceux des communes de la banlieue de Bordeaux…
…Bois-Gramont a laissé plus de souvenirs que Lescale. Baurein, qui l’appelle La Motte de Grasmont cite de ses seigneurs dès le XIVe siècle ; au XVe siècle il était à Guillaume-Ays de Fronsac, avec ses droits, ses rentes et ses serfs questaux. Au XVIe siècle, Bois-Gramont passa par alliance à la famille de Pichard, et l’an 1659, le roi, voulant traiter favorablement le sieur Jean de Pichard, lui permit de faire apposer « ses armes, panonceaux et bastons royaux » aux lieux les plus apparents de ladite maison. Bois-Gramont, appelé aussi Bosc-Gramont, n’a pas laissé de souvenirs historiques ; Il était il y a quelques années à M. Lemotteux ; il est aujourd’hui à M. Fabre de Rieunègre, son gendre. »

 

Nos recherches 

Elles ont commencé aux archives départementales avec Michel Baron, se sont poursuivies avec notre équipe actuelle aux archives municipales et départementales mais aussi avec Gilbert Siffre qui a démêlé la généalogie de la famille Fabre de Rieunègre.

Que chacun soit remercié pour le travail souvent long et quelque fois semé d’embûches qui nous permet de faire aujourd’hui ce récit.

La maison noble de Bois Gramont du XVIe au XIXe siècle 

Michel Baron a relevé aux archives départementales différents dossiers depuis 1537 et voici ce qu’il nous en livre.

Le 28 juin 1537, Pierre de Digaray (ou Ligaray) est seigneur de la maison noble de Bois Gramont, (c’est sans doute celui dont parle l’abbé Baurein).

Le 10 septembre 1537, noble Pierre de Digaray signe une reconnaissance envers Saint Seurin pour la maison noble de Bois Gramont de 46 journaux à bœufs, 15 journaux de garenne et bois en un seul tenant. Il est stipulé dans cet acte que les confronts (= limites de propriétés) sont les mêmes depuis le 3 mars 1531. On apprend aussi qu’il a un fils prénommé François.

La famille de Pichard (ou Richard).

Le 1er mai 1609, André de Pichard est seigneur ; entre 1645 et 1676, Bonnaventure de Galateau, veuve de Jean de Pichard, prend la suite ; en 1686, Jean de Pichard, fils de Jean de Pichard et Bonnaventure de Galateau, est à son tour seigneur de la maison noble de Bois Gramont; de 1699 à 1717, nous trouvons Pierre de Pichard ; enfin jusqu’au 15 avril 1730, Marie de Pichard, fille de Pierre et épouse d’Antoine de Gascq, est la dernière de cette famille à Bois Gramont.

Nous connaissons aussi les noms de deux laboureurs eysinais qui sont métayers à Bois Gramont durant cette période : le 18 mai 1631, Jean de Pichard donne à Pierre de la Barinhe, laboureur à Eysines, la métairie à ½ fruits et en 1638 le sieur Labarrière laboureur dit quitter la métairie de Bois Gramont alors qu’il la tenait à ½ fruits depuis les vendanges de 1637.

A partir du 15 avril 1730 nous avons relevé les actes notariés aux archives départementales.

La famille Dumas.

Le 15 avril 1730, un acte de vente passé chez maître Despiet à Bordeaux, décrit la propriété, ses limites et fait un inventaire détaillé des biens concernés : « Dame Marie de Richard épouse de messire Antoine de Gascq, conseiller du roi, demeurant paroisse St Siméon à Bordeaux fait vente à M et Mme Martial Dumas avocat en la cour demeurant paroisse St Michel à Bordeaux…

Toute icelle maison noble à ladite dame de Richard échue de la succession de feu messire Pierre de Richard, conseiller du Roy en la grande chambre du parlement de Guienne, son père, située dans la paroisse d’Eysines lieu appelé la maison noble de Beaugramond consistant en chambre basse, salle, petite chambre haute, logement des valets, écurie, chay, cuvier, grange, cour, puits, jardin, vignes à Larrayre, vignes ?, bois taillis, bois de pin, vimières, saugan ?, landes, vacant, pacages, rentes foncières directes quint et autres rentes de fiefs dépendant de ladite maison noble de Gramont.

Confrontant du midy de long en long au sieur Jude, à André Faure et au chemin qui conduit de Bordeaux à Saint Médard de Médoc – du nord à M. de Cazaux fossé mitoyen entre deux – du couchant à la demoiselle Courtade aussi fossé mitoyen entre deux – du levant au chemin royal qui conduit de Soulac à Bordeaux, encore à la lande Bos Couirets commune muret de pierres entre deux et aux possessions des sieurs Germain frères fossé aussi mitoyen entre deux…

Les vaisseaux vinaires qui sont dans la maison noble de Gramont qui consistent en 2 pressoirs, 1 met, 7 cuves dont il y a 2 qui écoulent 8 tonneaux ou environ et les 5 autres de 5 à 6 tonneaux, 18 grands douils, 4 comportes, 16 bastes, 2 entonnoirs, 4 échelles à main, 1 hampe, 1 canne ferrée, 1 entonnoir, toutes les barriques de vidange ou pour le vinage qui sont dans le cuvier , chay et dépendances de la maison avec 1 paire de bœufs, 2 charrettes ferrées avec leurs araires, 2 autres roues ferrées, 1 cheval avec son harnais, tout le foin qui est dans la grange, bois coupé dans les dépendances,

Ensemble tous les meubles meublants, ustensiles de cuisine et généralement tout ce qui est dans la maison de Beaugramont et dépendance dicelle sauf et excepté le vin de la récolte dernière qui est dans le chay et demeure réservé audit seigneur Degascq à l’exception de 4 tonneaux, 3 de rouge et 1 de blanc qui sont compris dans la présente vente et dont et du tout laditte dame de Richard pour ladite autorisation… »

Grâce à un « plan du bien noble de Beaugramon, situé sur la Paroisse d’Eysines, levé en été de l’année 1763 », trouvé aux archives départementales par Michel Baron, nous pouvons examiner le bâti : il est alors toujours le même que lors de l’achat en 1730 c’est-à-dire « chambre basse, salle, petite chambre haute (ces 3 pièces constituent la modeste habitation du seigneur lorsqu’il vient sur son bien), logement des valets, écurie, chay, cuvier, grange ». Les terres sont principalement des bois taillis. Les vignes sont groupées avec les jardins autour des bâtiments. Les parcelles de vignes portent de jolis noms : « le grand cru, petite pièce, le ratou, pièce du puid »…

Beaugramon-1

 Beaugramon-2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                 Le bien noble en été 1763 : le bâti entouré de jardins et au milieu des vignes

Au décès de M et Mme Dumas, leur fils Martial, époux de Françoise Dorthe, hérite. Ils n’ont pas d’enfant. Martial Dumas fait un testament le 13 juin 1798 (25 prairial an X) en faveur de son épouse. La révolution est passée, la maison noble perd son titre mais la propriété reste. Martial Dumas meurt le 6 brumaire An XIV de la République (1806) dans sa maison de Bois Gramont. Son épouse cède le domaine à son beau-frère Guillaume Dumas qui décède à son tour. Leurs héritiers vendent le domaine le 19 août 1807. Les limites sont alors décrites et elles sont les mêmes qu’en 1730 mais le bâti a changé, comme le prouve le cadastre de 1811.

Le 27 octobre 1806, Madame Jeanne Françoise Dorte veuve Dumas à Bois Grammont lègue la somme de 1 200 francs, à la Fabrique d’Eysines, suivant son testament en date du 2 mars 1806 chez Maître Dufaut à Bordeaux, à employer par la fabrique en acquisition de rente sur l’Etat.

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 Acte de décès de Martial Dumas à Bois Gramont le 6 brumaire an quatorze 

Bois Gramont aux XIXe et XXe siècles

Bois Gramont entre 1807 et 1835 :

M. Nicolas Antoine de Brezets, 1er président de la cour d’appel de Bordeaux, commandeur de la Légion d’honneur, marié en 1776 à dame Marie Dorothée Vernihes, acquiert le domaine qui cette fois comporte « une maison pour le logement du maître, bâtiment pour les cultivateurs et pour l’exploitation ». Nous en concluons que les bâtiments que nous voyons sur le cadastre de 1811 ont donc été construits entre 1763 et 1806. Entre 1810 et 1817, M de Brezets fait 8 achats de bois-taillis, vignes, pré et quelques petits bâtiments ruraux qui agrandissent le domaine et en particulier le 14 mai 1810 chez M° Bizat : « concession d’un morceau de terrain de la part de la commune d’Eysines dument autorisée à la charge de réparer et entretenir une partie du chemin » et comme c’est l’habitude de l’époque un « Extrait des minutes de la Secrétairerie d’Etat » émanant de « Napoléon, empereur des Français, Roi d’Italie et protecteur de la Confédération du Rhin… »autorise cet achat !

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                                                L’acte de 1810 

La propriété de M. de Brezets se compose alors d’environ soixante-dix parcelles, la plus petite, celle d’un bâtiment rural mesure 1 pied et 12 m et la plus grande en bois taillis est de 19 arpents 26 pieds et 94 m. Les neuf parcelles de vignes occupent une surface totale de 6 arpents 381 pieds 470 m. Les autres parcelles sont dénommées : bois taillis, terre, jardin, pré, landes, pelouse, pâture, peupliers, pins, châtaigniers, un jardin d’agrément, un vivier et cinq parcelles comportant du bâti.

M. de Brezets décède le 21 janvier 1823 et son épouse le 8 septembre 1833. Leur fille et héritière Marie-Anne Brezets est l’épouse de M. Pierre Caze ; ils demeurent 62 rue du Hâ à Bordeaux, lorsqu’en 1835 ils vendent Bois Gramont.

Sur le premier cadastre napoléonien de 1811, le domaine bâti de Bois Gramont se compose d’une allée (D 370), de 2 bâtiments dont le château et d’un terrain (D 466), d’un bâtiment avec terrain (D 464) et de deux bâtiments (D 463).

Les familles Lemotheux et Fabre de Rieunègre à Bois Gramont 

Le 20 juin 1835, Michel Lemotheux acquiert le domaine.

En 1856, lors du mariage de sa fille Laetitia avec Pierre Léon Fabre de Rieunègre, Bois Gramont est pour moitié dans la dot. La seconde moitié est acquise par son gendre en 1858 lors d’un échange de domaine.

Entre les cadastres de 1811 et 1844 les numéros des parcelles changent : ainsi, le château, D 464 devient D 433 // la grosse maison carrée de 5,70 ares 466 devient 436 // la maison longue à l’est D 466 devient D 433 // les 2 maisons proches D 463 deviennent 1 grande maison D 433 // l’allée D 370 devient D 457 et a une superficie de 48,55 ares.

La parcelle (D 433), où se trouvent le château et deux maisons est de 29,45 ares. Le château comporte une porte cochère et 14 ouvertures. En 1890, le château « isolé au couchant » subit des modifications ainsi que les bâtiments ouest et est de la cour mais aussi le bâtiment attenant à la buanderie. Cependant, rappelons que ce château a été construit entre 1763 et 1806, que c’est bel et bien une demeure de la fin du XVIIIe siècle !

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             Cadastre de 1811                                                                            Cadastre de 1844.

Le domaine de Bois Gramont, lors de l’achat en 1835, est strictement identique à celui décrit lorsqu’il appartient à M. de Brezets. Si le domaine reste le même, sur les deux cadastres, les parcelles changent totalement. En 1844, elles sont plus petites donc plus nombreuses et nous comptons alors environ 150 parcelles pour une surface totale de 120 ha ; le domaine se compose de : 5 joualles (il s’agit des vignes), 30 terres, 27 bois taillis et 2 de futaie, 1 garenne, 4 pins et 1 acacias, 23 prés, 14 pacages et 4 pâtures, 3 landes et 1 friche, 4 jardins, 2 viviers, une mare et un lavoir et tout le bâti avec ses diverses allées le reliant aux routes dénommées alors chemins. Lorsque le domaine passe à M. Lemotheux puis à M. Fabre de Rieunègre, les matrices cadastrales indiquent juste les dates mais les numéros et natures des parcelles sont identiques.

Nous avons examiné les catégories de taxation suivant la nature des parcelles, mais aucun type de parcelle ne se trouve toujours dans la même catégorie ! En 1844 et 1888, la plus forte taxation est de 0,3 franc à l’are et la plus faible de 0,14 franc à l’are. Aux archives municipales, les déclarations individuelles des vins ne sont référencées qu’à partir de 1893. M. Fabre de Rieunègre n’apparait qu’en 1898. Le vignoble est déclaré d’une surface de presque 30 ha. La production de barriques de 225 litres n’est qu’en vin rouge. En 1898 elle est de 30 barriques, en 1900 de 100, en 1901 de 70, en 1902 de 60, et en 1903 de 20 ; pour les années de 1904 à 1906 c’est sa veuve qui fait les déclarations ; elles sont respectivement de 20 puis 15 pour finir à 7,5 barriques. Le phylloxéra est là de 1900 à 1903, puis en 1905 et 1906 les vignes sont en mauvais état. Les indications fournies dans les diverses éditions de « Bordeaux et ses vins de Ch Cocks & Ed. Féret » ne font état des vins à Eysines qu’à partir de 1881, alors que la première édition date de 1850. En 1881 et 1886, Bois Gramont a une production de 100 tonneaux, en 1893 de 25, en 1898 de 40. Les auteurs ne décrivent pas le vignoble, ne donnent pas d’avis sur les vins alors que de jolies descriptions sont faites pour château Lescombes de M. Hyvert, Lamothe-Lescure de M. Montré et château Cantinolles de M. Girardeau !

Les derniers propriétaires, les familles Durousseau.

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         Le cadastre des années 1960 

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Le château ressemblait peut-être à ce dessin : nous n’avons trouvé aucune photo !

Le domaine de Bois Gramont est vendu en grande partie en 1909 à Bernard Durousseau, gendre Brouard, qui vient habiter Bois Gramont. La production des vins continue avec M. Durousseau et on retrouve dans « Bordeaux et ses vins de Ch Cocks & Ed. Féret », château Bois Gramont à Bernard Durousseau avec des productions de 10 tonneaux pour les années 1908,1922 et 1929 (les 8e, 9e et 10e éditions). En 1926, treize parcelles sont vendues à Jean Maximilien Durousseau. Mais la majeure partie du domaine dont tout le bâti passe à Pierre Marcel Durousseau, le fils de Bernard et Marie Brouard. Il est marié depuis le 17 septembre 1921 à Anne-Marie Sibassié du Vigean, fille de Jean Alcide et Marguerite Vigouroux qui sont aussi les parents de Daniel Sibassié né en 1898, notre premier historien eysinais. Pierre Marcel décède à Bordeaux (à l’hôpital peut-être) le 21 décembre 1964 et Anne Marie Sibassié décède le 9 décembre 1977 à Lamarque en Médoc. Vit-elle alors chez ses enfants qui ont acquis en 1970 le château Larrieu-Terrefort ? Ce dernier est toujours dans cette même famille et produit des vins d’appellation Margaux et Haut-Médoc.

Tout cet ancien domaine, dont nous venons de vous raconter l’histoire est encore morcelé après le décès de Pierre Marcel Durousseau. Le château et ses dépendances, référencé parcelle 432, figurent encore sur le cadastre de 1963 ou 1967, mais une grande partie du domaine a été remplacée par des terrains pavillonnaires. Dans les années 1960, avant le décès de M. Durousseau, le domaine comportait encore 22 parcelles dont la 432 pour le bâti du château et des bâtiments agricoles de 65,95 ares. En 1971, Mme Durousseau vend 17 parcelles et les cinq dernières en 1972.

Sur le cadastre de 1975, le château et ses dépendances n’apparaissent plus ; les anciens n° de parcelles sont barrés dont celui du château (432) remplacé par le n° 2523 au-dessus duquel on lit : Bois Gramond, clos du Castelet. Par contre, la rue de la Renaissance, juste à côté du château d’eau de La Forêt au croisement avec l’avenue de Saint-Médard, suit le tracé de l’allée qui menait du chemin de Saint-Médard au château.

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                             Le cadastre de 1975 et les « ruines » dans le parc Gramond actuel.

Actuellement, dans le parc Gramond, il subsiste des pans de murs dénommés « ruines » qui témoignent sobrement de ces constructions entreprises à la fin du XVIIIe siècle... Pour minimiser cette « erreur de démolition », certains disent que ce n’était qu’une maison bourgeoise de la fin du XIXe. Mais, comme nous l’avons dit plus haut, la maison de maître est construite entre 1763 et 1806, c’était donc une construction de la fin du XVIIIe siècle, remodelée certainement au cours des décennies suivantes… mais une bâtisse de cette époque est rare à Eysines ! Les ventes des terrains ont amené de nouvelles constructions, l’édification de la rocade a fait le reste en anéantissant ce domaine de plus de 120 ha…

Encore un peu de patience et l’histoire des familles Lemotheux et Fabre de Rieunègre va se révéler à vous…

Texte extrait du blog de l’association Connaissance d’Eysines, 3 novembre 2020, Michel Baron, Marie-Hélène Guillemet, Gilbert Sifre, Elisabeth Roux.