Réglement de compte au lavoir en 1767 

Le 1er mai 1767, Catherine Gassies, pauvre veuve habitant la paroisse d’Eysines a été cruellement agressée par la femme de Jean Ridoy et ses 2 filles, à raison de quoi elle est bien malade ; jeudi 30 avril étant à savonner dans une fosse près de la tuilerie Durousseau, une fille prétendant que le banc utilisé par la plaignante lui appartenait voulut lui enlever. La plaignante dit qu’elle avait bientôt fini de savonner mais Anotte la traitant de voleuse lui dit qu’elle allait la faire noyer dans la fosse et sur le champ. Elle se saisit du battoir de la plaignante et lui en donne deux rudes coups sur la tête. Au lieu que la mère l’en empêche, elle vint avec son autre fille Michou se jeter sur elle et lui donne plusieurs soufflets. La mère et les 2 filles la prirent par les cheveux, la traînèrent, lui donnèrent plusieurs autres coups en raison desquels elle est bien mal.

De son côté Jean Ridoy, tuilier, tient à ferme une tuilerie à La Forêt de laquelle dépendent certains ruisseaux. Il a ordonné à ses filles et à sa femme de prendre garde que personne ne vint y laver du linge ou gâter l’eau qui lui est nécessaire pour son travail de tuilier. Cependant, jeudi dernier, la veuve Catherine Gassies qui tient cabaret à La Forêt, femme très méchante et dont les voisines redoutent la malice, étant venue pour laver du linge à ce ruisseau au moment où la fille Ridoy, Annotte y était, elle la pria poliment de ne pas le faire, mais elle répondit avec le ton le plus aigre qu’elle laverait et elle commença sur le champ traitant la fille Annotte de salope, de voleuse, lui reprochant de lui avoir volé un fromage le jour du Mardi Gras et comme Annotte voulut une seconde fois voler la corbeille où était le linge de la Gassies, celle-ci se leva et lui jeta son battoir à travers avec tant de rudesse que l’ayant atteinte à une cheville, elle ressent depuis une douleur très vive. La Gassies courut sur le champ ramasser son battoir puis courut après Annotte et l’ayant atteinte elle lui lança un coup de battoir sur la tête. La mère d’Annotte étant survenue, la Gassies tourna le feu de sa malice contre elle, cria qu’on lui donnât un couteau pour qu’elle l’éventrât.

En outre, il y a bien longtemps que la méchante Gassies a la malignité de chanter une chanson diffamante qu’elle a composée contre Annotte et qui porte plainte mortelle à son honneur ; elle a traité Annotte de voleuse.

M. Cognie. Archives Départementales. Texte issi du blog de l'association connaissance d'Eysines.