L’église du Taillan
Au XVIe siècle, il existait encore trois monuments religieux au Taillan : une chapelle, un prieuré et l'église paroissiale.
Située à Lallemagne, à un quart de lieue du bourg, la chapelle dédiée à Saint-Marc est toujours très mal connue. La première mention remonte à des papiers terriers de 1515-1517. Il faut attendre 1691, et le compte rendu de la visite de l'archiprêtre dans la paroisse, le 17 septembre, pour avoir la seule description de ce bâtiment : c'est un petit édifice simple, avec une nef et un seul collatéral. Il n'y a ni chœur et ni transept. L'ensemble est charpenté. L'autel est le seul élément en bon état. En effet, les eaux de pluies tombent sur toute la chapelle et les poutres menacent ruine. La messe y est pourtant régulièrement célébrée. Au XVIIIe siècle, les comptes rendus mentionnent toujours la chapelle mais ne la décrivent plus. On sait juste qu'en 1703, elle fût fermée au public pour réparations. En 1734, elle ne figure plus dans les comptes rendus. De nombreuses questions demeurent : quel était le « seigneur bénéficiaire » de cet édifice ? Pourquoi, brutalement, la chapelle disparaît des procès-verbaux des visites de l'archiprêtré ? Que devient-elle après 1734 ?...
Il reste quelques vestiges de cet énigmatique édifice sur les terres du château de la Dame Blanche. Au lieu-dit La Vacherie, dans le parc du château, reste actuellement une sorte d'autel en pierre, sur lequel est gravé ce texte : « Ici s’élevait encore en 1786 les ruines de la chapelle Saint-Marc. L’an 1940, des fouilles (cote 0) mirent au jour un sarcophage médiéval profane mais contenant d’ossements RIP ».
Au XIIe siècle, l'abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, puissant seigneur du Taillan, installe un prieuré sur la paroisse, le plus ancien de l'abbaye avec celui de Soulac. Ce petit édifice monacal rassemblait une communauté de 5 à 6 moines. On ne sait rien, ni de son emplacement, ni de son architecture. Pourtant, il existe une hypothèse séduisante à son sujet : les guides des célèbres chais du XVIIe siècle du château de la Dame Blanche perpétuent une tradition orale selon laquelle ces chais seraient les vestiges d'un ancien monastère. Cette légende pourrait être bien fondée, et au lieu d'un monastère, il pourrait bien s'agir du prieuré. Si tout ceci n'est que spéculation, il existe, pourtant, certains éléments troublants : comme la présence de cette cheminée du XVIe siècle au milieu des chais ou de ces deux salles au sous-sol que personne ne sait réellement interpréter. De plus, si l'on se replace dans le contexte historique et économique, le Taillan est l'une des rares régions viticoles du Haut-Médoc et l'installation de ce prieuré coïncide avec la fabrication du vin de messe de l'abbaye. Au XVIIe siècle, le prieuré en « extrême ruine » est entièrement réaménagé. Dans les comptes-rendus, il prend, dès lors, le nom de « maison prieurale ».
L'église paroissiale, dédiée à Saint-Hilaire, est située au centre du village du bourg. C'est un vieil édifice roman, qui a subi de nombreuses transformations au cours des siècles. La première mention date du Xe siècle, quand Guillaume le Bon, duc d'Aquitaine, en fait don à l'abbaye Sainte-Croix de Bordeaux. L'ancien bâtiment roman a totalement disparu sous les restaurations du XIXe siècle. Du Moyen-âge, on conserve la tour-porche carrée du XVe siècle et un fragment de peinture murale, au rez-de-chaussée de celle-ci, représentant un lion. Pour se faire une idée de ce bâtiment disparu, il nous reste les documents d'archives : il existe 6 descriptions de ce vieil édifice entre 1691 et 1803.
À la fin du XVIIe siècle, l'église est un petit monument irrégulier de
En
Sous la révolution, l'édifice ne subit aucune transformation. Par contre, tout au long du XIXe siècle, se succèdent campagnes de restaurations et de reconstructions. Entre 1810 et 1814, le clocher qui menaçait ruine est réparé. En 1826, le marquis de Bryas, le maire et le curé passent contrat avec l'architecte Durand pour des travaux de maçonnerie, carrelage, charpente et couverture. Durand fait appel à Magenty pour effectuer les travaux de peinture dans le sanctuaire. Il réalise un Saint-Mathieu, un Saint-Marc, restaure le retable et répare 18 tableaux. En
Ce n'est qu'en 1852, que Périé commence les travaux de reconstruction qui se terminent le 3 juillet 1853. Le nouvel édifice fait
En septembre 1861, la commune décide de faire restaurer la façade de Périé alors en très mauvais état : « les ornementations appliquées sur les murs (pilastres, fronton...) sont à moitié détruites ». Les travaux sont confiés à l'architecte Léo Coureau qui démolit les pilastres et le fronton et comble les portails latéraux créant ainsi une façade écran. Coureau est aussi chargé de reconstruire en pierre, la flèche de bois, qu'il couvre de crochets, fleurons et petites rosaces. En 1862, les travaux sont presque achevés. Le conseil de fabrique achète la statue en pierre de Saint-Hilaire pour la somme de deux cents francs, ainsi qu'une statue de la Vierge Marie. Le presbytère actuel a été acheté le 23 octobre 1841 à Mlle Belloc, l'ancien ayant été vendu par la municipalité.
En 1863, les treize vitraux de l'église sont installés : deux d'entre eux sont offerts par Gustave Curé et un par la famille Lapène. Il y a trois vitraux dans le chœur, deux aux bras du transept et six dans la nef. En juillet 1948, le clocher est entièrement restauré. Dans les années 1950-1960, les sarcophages et sépultures encore présents dans l'église sont « jetés à la décharge ». La sépulture des Montaigne disparaît définitivement. Enfin, dans les années 1980, le père Poublan entreprend quelques restaurations telles que l'installation de portes en verre à l'entrée des nefs.
Laurence Chevallier, avec la participation de Nicole Tillet, concernant l'église Saint-Hilaire du XIXe siècle, Le Taillan-Médoc, hier, aujourd’hui, Point Info du Taillan, 2 000, p.115-127.