Gestion des eaux et ses conflits 1635-1639-1790

Durant de longues années, l’eau a été occasion de conflits entre les habitants et le seigneur des lieux. En témoigne ces extraits des tribunaux :

1635. Les manants et habitants de la paroisse de Ludon, juridiction d'Agassac, Ludon et Macau dehors, avaient droit de padouentage dans les raux de Ludon appartenant à Messire Joseph de Pomies, conseiller du roy en sa cour de Parlement de Bordeaux, seigneur et baron d'Agassac, des maisons nobles de Peyres, Lamothe et autres lieux. Or, les dits manants et habitants, voyant les raux qui leur étaient même inutiles et qu'ils ne pouvaient plus tirer de mathe ni paccager leur bétail comme ils avaient accoutumé, prièrent le dit seigneur d'agréer qu'on recherchât la cause de ce mal polir y pourvoir, à quoi le dit seigneur ayant consenti, les dits habitants firent venir sur les lieux M. Criston, conseiller du roy, élu en l'élection de Bordeaux, lequel, en vertu de la commission décernée sur la requête des dits habitants, dressa son procès-verbal de ce qui lui avait apparu que les eaux du moulin du Poulet n'avaient plus leur cours ordinaire par les raux pour se décharger dans la mer au lieu du Despartins, mais se jetaient toutes à la coste à l'endroit où la mathe se tire et propre pour le pacage et qu'il était nécessaire de faire un canal ou estey depuis le bois d'Agassac jusqu'au lieu du Despartins.

1639. À la suite de cette expertise, en l'année 1639, au mois d'août, le seigneur de Pomies, ensemble le seigneur d'Arès, coseigneur de Parempuyre, se rendirent derrière le dit bois pour désigner le lieu du dit canal par où les dites eaux devaient passer. Il en fut passé concordat entre les dits seigneurs et tout soudain les habitants de Ludon commencèrent à faire travailler à ouvrir le dit canal et estey devers le bois d'Agassac et empruntèrent, pour faire la dépense, la somme de cent cinquante livres qu'ils mirent ez mains d'Arnaud d'lnsertiague, procureur d'office d'Agassac. Comme aussi le seigneur d'Arès fit faire quelque travail du côté du Despartins, en exécution du dit concordat.

1790. Mme de Pomies assigne la Veuve Constantin qui n'a pas payé les dix-huit boisseaux de seigle pour la rente du moulin, sous prétexte que la jalle n'a pas été curée.

Paul Duchesne, La chronique de Ludon en Médoc, Rousseau frères, Bordeaux, 1960, p. 81 et 118.