Le récit du montage de la croix au clocher, le 11 mars 1895

Un nouveau prêtre, l'abbé Saladin, souhaita voir le magnifique clocher surmonté d'une croix, et M. Gouny fils, forgeron serrurier, accéda à cette demande. Il offrit gracieusement cette croix, rehaussée d'un magnifique coq, à la naissance de son fils Albert. Cette croix en fer forgé de 3,30 mètres de hauteur fut hissée le 11 mars 1895, quelques mois après la naissance de son fils Albert. Cette opération a été réalisée par cinq charpentiers de Macau, dont les noms sont gravés dans la charpente : Rolland Saturnin (père) âgé de 51 ans, Rolland Jean Gabriel (fils) âgé de 22 ans, Rolland Pierre Joseph (fils) âgé de 21 ans, Ney Camille, Blanc Ismaël.

La préparation de l'opération a commencé par la construction en haut du clocher d'un platelage à l'extérieur pour pouvoir travailler. Pour cela, des madriers ont été passés par les petites fenêtres et arrimés à la charpente. Une plateforme a été établie dessus, puis au bout, un cabestan a été monté (tour d'une chèvre de charpentier) manœuvré à bras par des leviers avec un gros cordage pour suspendre la croix. Auparavant, une mortaise a été faite dans le poinçon de la charpente pour pouvoir y emboiter la croix, celle-ci devant pouvoir résister au vent, elle est encastrée de 1 mètre.

L'opération de montage et de mise en place se fit le 11 mars 1895. La population était rassemblée et le curé Saladin bénit la croix et dit : « qu'elle monte ». L'opération débuta, mais lorsque la population vit ces hommes audacieux à cette hauteur sans aucune protection elle prit peur et se retira, il ne resta que le prêtre pour attendre que tout soit fini. L'opération avait été bien préparée et se déroula sans incident ni blessé. Le prêtre, à leur descente, leur demanda : « alors ça s'est bien passé ? - Très bien, M. le curé, mais là-haut il fait un vent salé ! - Je parie que vous avez soif, répondit le curé, allez chez Mme Dechamps, buvez et mangez, je paierai l'addition ». Les charpentiers allèrent chez le boulanger achetèrent un gros pain, firent une bonne frottée à l'ail et l'arrosèrent copieusement en faisant la fête l'après-midi et une partie de la nuit et finirent passablement fatigués.

Nos ancêtres grands travailleurs avaient des goûts simples et en ce temps-là la fraternité existait ». Cette page est de M. Roger Dulas, d’après le récit de son grand-père, Pierre Joseph Rolland, dans les années 1950.

 

En 1790, à l'heure où tous les beffrois étaient dépouillés de leurs instruments, le clocher de Sainte-Marie de Macau, peut-être touché par une grâce, fut enrichi d'une superbe cloche de bronze d'un diamètre de 1,07 mètre. Cette dernière fut baptisée le vendredi 26 mars 1790, elle pèse 1 420 kg. Cette cloche avait été placée là, car elle devait aussi sonner « la retraite ». Cette retraite avait un rôle de police : tous les soirs, cet appel devait signifier aux cabaretiers de fermer leur commerce. Ces derniers n'avaient plus l'excuse de ne pas savoir l'heure ! Depuis le 1er octobre jusqu'au 1er mai, elle devait sonner à neuf heures du soir et du 1er mai au 1er octobre à dix heures du soir, et ce pendant un quart d'heure au moins. Le sieur Pierre Bordier, tailleur d'habits, se proposa pour sonner « la retraite », dans la mesure où il était chargé de faire sonner les cloches une fois par mois, pour convoquer l'assemblée de la municipalité. Pour ces tâches il percevait 24 livres par an.

À ce sujet, il y a une petite histoire qui se raconte sur des cabaretiers et surtout sur le sieur Baudet. Cette personne voulant se moquer des soldats composant la Garde Nationale avait appelé ses chiens « porte-drapeau » et « aide-major », un de ses chats « colonel » et l'autre « major ». Tous ceux qui venaient chez ce cabaretier ne connaissaient les animaux que sous ce nom-là. Ces qualificatifs ne firent rien de bon pour les animaux du sieur Baudet. En effet, le conseil municipal obligea le cabaretier à tuer ses animaux, ce qu'il fit d'ailleurs, car l'humour n'avait pas sa place à la Révolution !

Le beffroi qui supporte la cloche de bronze, d'une structure remarquable, pourrait aisément accueillir deux compagnes. Notre cloche fut réalisée chez M. Bernard Maneq, élu municipal de Macau, par un fondeur lorrain. Artisan ambulant, Jean-Baptiste Goussel (1765-1851), issu d'une grande famille de fondeurs et était établi à Blévaincourt (Vosges), coula de nombreuses cloches à travers la France. Sur le « cerveau» (partie haute de la cloche, juste en-dessous des anses) de notre cloche, on peut découvrir les inscriptions suivantes :

« Mr ROBERT CUV (curé) de Macau - PARAIN JEAN CAVALIE CITOYEN

DE BORDEAUX MARENNE JEANNE COT DE FAUCHE. FAITE CHES MR

BERNARD MANEQ ELEU MUNICIPAL ARNAULT FONTENAU CITOYEN

MB : COT ELEU DU CONSEIL GENERAL ETIENNE D V CR VAY ET PIERRE

LACAZ CINDIC FABRICIEN 1790 » JBGOUSSELM

(le texte écrit ci-dessus est tel que l'ont peut le lire sur la cloche).

« Fauché Jean était notaire royal et maire de Macau. MB : Cot était premier officier municipal et greffier. Maneq Bernard était deuxième officier municipal. Lacaze Pierre était notable de la paroisse et de la communauté de Macau ainsi que Cavalié Jean et Fontenau Arnault ».

En 1906, le conseil municipal décida de remplacer les deux cadrans de l'horloge communale. C'est M. Bonnat, horloger du village, qui fit cette installation pour la somme totale de 260 francs.

 

Extrait du livre : Une pensée de Macau, Marie-Christine Corbineau, Les Enrasigaïres, 2012, p.60.61.