Solesse autrefois

 

Je suis allé à la recherche du quartier de Solesse muni d’un feuillet cadastral datant du XIXe siècle et de la carte d’état-major de Napoléon.

La-landille-cadastre-Saulesse

Archives départementales de la Gironde, cadastre côte 3P 056/14 Section C feuille 4 La Landille 

 

Solesse-carte-IGN

Carte IGN 1958 

Le recensement de 1820 dénombre 118 habitants et 28 maisons. En 1911, il n’y avait guère plus d’habitants, 129, mais beaucoup plus de constructions, 38 pour 44 familles. Signe d’accroissement du nombre de familles et de baisse du nombre d’enfants ?

En me promenant virtuellement avec le portail « remonter dans le temps » dans le bourg de Solesse je découvre que certaines constructions subsistent, plus une au lieudit Camerouge.

Sur place, je suis bien accueilli par tous les habitants du quartier et je les remercie tous.

Le premier contact, au n° 6 de la rue Solesse, est avec une nouvelle habitante qui s’est intéressée à l’histoire de sa bâtisse et me confirme bien qu’elle date du tout début du XIXe siècle. Elle a été construite en plusieurs fois ; ce fut une ferme d’un seul tenant avec des vignes autour. La trace des rangs se voit nettement dans le jardin.

rue-de-Solesse-4

Juste à côté, au n° 4 de la rue de Solesse, une belle construction avec deux palmiers a aussi été achetée par de nouveaux propriétaires, M. et Mme Coudert. Eux aussi s’intéressent à l’origine de leur maison et ont engagé de beaux travaux de restauration. Ils m’indiquent que leur voisin est natif du village et connait l’histoire du coin.

rue-de-Solesse-6

Puis, à l’angle de la rue de la Jalle, M. et Mme de la Burgade me reçoivent. L’histoire de leur acquisition est particulière car ils souhaitaient bâtir dans le lotissement et par contact avec le promoteur ils ont découvert que la construction allait être « rasée » ! Coup de cœur, ils l’ont achetée et restaurée. À l’entrée de la propriété trône une ancienne borne. Selon leurs investigations, la route passait autrefois devant la façade de la construction avant d’être déviée vers la Jalle.

Solesse-angle-Borne

Solesse-angle-maison

Solesse-angle-porte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

À ce propos, la rue de la Jalle descend bien jusqu’en bas et autrefois un pont de bois enjambait cette jalle pour passer de l’autre côté. Ce pont serait « tombé » il y a une vingtaine d’années.

Ces personnes m’invitent à poursuivre mon chemin pour rencontrer une personne native de Solesse.

J’ai été reçu par Mme Lavergne, née en 1931 à Solesse. Avec elle, son fils ponctue l’entretien. Il est né là où je suis reçu. Elle se souvient bien des processions et du feu de la Saint-Jean. De même, régulièrement le quartier organisait des lotos, et l’argent collecté était réservé pour Noël. Autour de chez elle, il y avait les « Bertoli, Guyllemeau, Barrière, Payola ». Les chasseurs n’allaient pas loin, juste en face de leur maison, dans les vergers, où les faisans se posaient ! Dans les prés, en allant chez Ornon, il y avait les cailles. Plus bas, les bêtes du château Magnol venaient pacager et les grives attendaient les chasseurs. Les jeunes allaient à « la pique cerise » chez Dugrava, filaient se baigner en bas sur la belle plage de sable.

 

Une guinguette animait la Jalle et ce coin était réputé tant et si bien que M. Rouquet, jeune, venait en vélo depuis le Bouscat (bien avant d’acheter dans le quartier). C’était la plage des pauvres ! Lors de grandes inondations, l’eau montait et les anciens se sont demandé pourquoi le lotissement était autorisé en bas. L’on péchait aussi écrevisses et anguilles dans la Jalle.

Le coteau n’était que vignes et fruitiers, plus bas les jardins. Chaque propriétaire avait quelques rangs de vignes pour sa consommation personnelle et s’autosuffisait, la terre nourrissait la famille. Le lait était pris à la ferme Dupuy. Nous retrouvons la même vie que celle décrite dans le quartier de la Rivière et des marais. Pendant la guerre, la DCA allemande, avec un gros projecteur, était installée près de la ferme Ornon, ferme qu’ils occupaient. La ferme a été « rasée » il n’y a pas si longtemps.

En se promenant sur le site portedumedoc toujours à propos de Solesse , lisez les mémoires de Mme Demonti dans « Nos souvenirs du village » ; cet écrit est riche d’informations sur la vie du quartier.

M. Rouquet habite ce bourg depuis les sixties, il demeure dans la plus vieille maison du bourg et a vu les immeubles pousser devant chez lui et les lotissements fleurir autour de chez lui. Il a agrandi l’ancienne maison en respectant l’esprit architectural.

Solesse-plus-vieille-maison

En fait, le bourg et alentours ne sont plus reconnaissables car il n’y a plus de vignes, de fruitiers, de plage, de pont. Les immeubles puis les lotissements ont effacé cette histoire récente, ½ siècle tout juste. Toutefois reste bien présent un alignement de constructions du XIXe siècle rue de Solesse et un ancien bâtiment agricole bien reconnaissable.

Solesse-bourg

Toujours sur cette ancienne rue de Solesse, n° 17, un vieux mur de brique attire nos regards : on découvre derrière lui une ancienne ferme avec son puits.

Solesse-17-murs-briques

Solesse-17-murs-porte

Solesse-17-Puits

Solesse-17-maison

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les nouveaux propriétaires n’ont pas d’informations sur l’histoire de cette construction.

Depuis ce bourg jusqu’au hameau d’Andrian et de ce hameau au centre bourg, ce n’était que vignes et fruitiers, prairies et potagers et en bas du coteau la zone humide.

Au milieu de cette zone, on situe sur le plan de 1820 une ferme et ses dépendances : le domaine de Marpuch. Elles existent toujours. Yolande, que nous avions rencontrée aussi à propos de la zone des marais, a bien connu ce coin. Elle se souvient bien du cheval à côté de la source, juste derrière les dépendances.

Je remercie M. Renault qui m’a permis d’accéder au domaine et de faire quelques clichés ainsi que M. et Mme Margarita Guibert Roig qui m’ont autorisé à découvrir ce que sont devenues « les dépendances ».

Solesse-Marpuch-dependances-2Solesse-Marpuch-dependances-1Solesse-Marpuch-2Solesse-Marpuch-1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

La maison de maitre et l’accès aux « dépendances ».

 

Les « dépendances » ont été aménagées en plusieurs étapes à différentes époques, avec une surélévation au-dessus de la grange, et une salle à vivre avec cheminée. On retrouve bien les murs d’origine et toutes ces étapes de restauration.

N’oublions pas qu’avant l’assèchement des marais la zone humide s’étendait du village de la Rivière à celui de Solesse, le village d’Andrian situé sur le plateau « était hors d’eau » si l’on observe la carte d’état-major de Napoléon.

 

 

Reportage photos et propos recueillis en 2019 par Pierre-Alain Leouffre.