Le village de Peybois

Durant des centaines d’années, la commune de Blanquefort a été caractérisée par un bâti très dispersé, constitué de petits villages autour d’un bourg central.

En 1734, un document du curé pour la visite pastorale de l’évêque signale : « Il y a 10 villages, 30 métairies ou maisons » (Archives départementales de la Gironde G 652).

En 1820, par exemple, certains villages sont répertoriés ainsi à l’occasion d’un recensement :        

- Andrian :             52 habitants et 12 maisons,
- Galochers (sic) :  43 habitants et16 maisons,
- Le Lout :             51 habitants et 15 maisons,
- Marpuch :             9 habitants et 3 maisons,
- Peybois :           91 habitants et 23 maisons,
- Solesse :           118 habitants et 26 maisons.

Le cadastre de 1806 représente le bâti du village de Peybois de la manière suivante :

Le village, situé au nord de Caychac, est assez groupé et isolé. Le terme Peybois vient du gascon « pey » et signifie une éminence boisée. On devine encore cette légère surélévation au carrefour rue de Peybois, rue Mermoz et rue Maryse Bastié. Plusieurs lieux-dits de Blanquefort sont construits avec la syllabe « pey » : Peyrestruc, Peyserin…

Peybois-cadastre-1806Le village est situé de part et d’autre de l’ancienne route du Médoc qui traversait le village de Cachac, puis celui de Peybois, en courbes vers la gauche. Le tracé actuel rectiligne correspond aux rectifications des voies au milieu du XIXe siècle qui favorisent les lignes droites et font perdre ce caractère sinué très ancien ; elles ont déplacé en conséquence les centres de ces anciens villages.

Aujourd’hui, l’urbanisation a investi l’ensemble des surfaces agricoles qui entouraient ces villages, qui étaient majoritairement constituées de grandes parcelles et de nombreuses lanières, conséquences des partages successifs. Il n’est pas toujours facile de retrouver la trame du bâti ancien. Nous avons cependant tenté de retrouver la trace de ces maisons qui figurent au cadastre de 1806 avec ou malgré les différentes modifications intervenues durant plus de deux cents ans : démolitions, rajouts, extensions…

Sous chaque photo figure l’adresse actuelle. La viographie a tenu compte heureusement du nom ancien de Peybois, mais les autres rues portent,depuis 1970 et 1974, des noms sans rapport malheureusement avec les terres qui occupaient la majorité de l’espace, en particulier sur le thème de l’aviation dans le secteur nord de la commune. Il s’est agi apparemment d’une proposition d’un conseiller municipal selon les idées de l’époque, quand il a fallu nommer les rues. Nous y avons perdu des toponymes savoureux, proches de la terre et des hommes qui y vivaient.

Nous découvrons le village en suivant la rue de Peybois du sud vers le nord, puis les rues transversales à droite et ensuite à gauche. Les constructions sont orientées selon l’axe sud-nord en enfilade.

Le carrefour (rue de Peybois, rue Mermoz et rue Maryse Bastié) à la croisée des anciens chemins du Taillan vers l’ermitage Lamouroux (où étaient soignés les lépreux), et de Blanquefort vers le Médoc en continuant par le Pian-Médoc, fut un lieu stratégique ; la route de Bordeaux passait en effet par Peybois. On trouvait une forge, un épicier, un four à pain… au centre du petit bourg avec sa vingtaine de maisons et sa petite centaine d’habitants.

Les photos des constructions des petites maisons conservées rue Maryse Bastié et de rue Mermoz témoignent de ce passé.

Côté droit, pas de trace de maisons anciennes conservées, elles ont été transformées ou détruites et reconstruites. Au carrefour, vers la droite, c’est la rue Mermoz ; au 27 de cette rue, côté nord, une vieille maison dont subsiste une façade ancienne en rez-de-chaussée, qui a été surélevée plus tard. Il reste un parement de pierres anciennes.

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Puis, sur le côté sud de la rue, s’ouvre en impasse une enfilade de petites maisons anciennes, qui figurent au cadastre de 1806, en parallèle avec la rue de Peybois et qui portent les numéros 26 à 34.

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Les numéros 36 et 36 bis désignent des constructions plus récentes.

Les autres maisons, du côté droit de la rue de Peybois après le carrefour, ont été détruites et remplacées par des constructions plus tardives.

Côté gauche, en venant du sud, au 68-70 de la rue de Peybois, apparait en premier une grande maison appartenant à M. Vergneaud. Des traces de peinture rappellent la dernière activité exercée, un bureau d’étude d’économiste de la construction tenu par MM. Vergneaud, et Pierre Béreau jusqu’en… Auparavant, cette bâtisse était un relais de voiture à cheval. Selon les actuels propriétaires, cette activité fut interrompue après la révolution française. Le marquage du relais des voitures à cheval reste encore apparent sur la façade de la maison.

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La ferme d’origine est antérieure à la révolution française et il en reste quelques traces dont voici les clichés. Cette ferme fut modifiée vers 1850. Le nouvel exploitant utilisa la structure porteuse existante pour élever le bâtiment.

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Le domaine semble pourtant ne pas avoir changé !
Le propriétaire de ce jour est né dans la propriété… Son épouse a connu le château Béchon au début de l’école d’agriculture, son grand-père, Laurent Grimal, a été le 1er directeur de l'école d'agriculture de 1923 à 1934.

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En continuant, une vieille maison à la façade très délabrée apparait. À sa suite, les maisons ont été transformées.

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À gauche du carrefour, s’ouvre la rue Maryse Bastié, avec une nouvelle impasse côté gauche dont les maisons sont là encore en enfilade. Un bâti en angle de rue a été détruit, il y a peu de temps.

Au numéro 6, une suite de maisons figurant au cadastre de 1806, marquée par un portail, un puits et une borne ronde qui délimitait autrefois la propriété appelée Viremidi ; cette borne a été légèrement déplacée… Au fond de cette enfilade se tenait un boulanger !

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Un vieux portail donne sur une place qui fut un lieu de rencontre et d’échange.

Assez éloignée sur cette rue, au n°50 , une maison ancienne isolée, appelée aujourd’hui la ferme sauvage, figure aussi sur le cadastre ; elle est située au lieu dit chez Duprat. Autrefois dépendance de château, le bâtiment a été transformé pour servir d’habitation mais l’ancienne charpente est toujours en place ainsi que l’ossature porteuse !

Cette construction a dans la maçonnerie un repère ancien des géomètres qui situe le niveau au-dessus de la mer (25 m).

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La charpente de la ferme sauvage.

Deux autres maisons dans ce secteur ont apparemment été détruites. De même, nous n’avons pas retrouvé un groupe de 5 ou 6 maisons qui sont représentées sur la carte de 1806 bien à droite de Peybois au lieu-dit appelé Baisemignone.

Par contre, le bâtiment d’exploitation agricole situé en bordure de la route du Médoc figure à l’inventaire du patrimoine et tout près se cache un lavoir abandonné envahi par les ronces. Ce fut un grand lieu de rencontre des habitants de Peybois (toute l’information y circulait) et la source qui l’alimentait est aujourd’hui captée par la Lyonnaise des eaux… À cette époque l’activité économique reposait sur l’agriculture.

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On observe donc une transformation radicale des maisons qui bordaient la rue de Peybois, laquelle était la grande voie vers le Médoc ; heureusement, ont été sauvegardées quelques maisons anciennes en parallèle avec cette rue, qui ont conservé cette structure classique de juxtaposition des maisons des anciens villages de Blanquefort que l’on retrouve à Linas, Andrian, Maurian… : des suites de maisons blotties les unes à côté des autres en enfilade. Cette situation peut s’expliquer dans le cas de maisons de personnels des châteaux viticoles, mais ici ce n’est pas le cas. C’est un linéaire plus ancien que l’on retrouve ailleurs dans le Médoc, à Lacanau ou Castelnau par exemple. Il serait intéressant d’étudier l’origine de cette structure de maisons groupées en enfilade. Est-ce lié à la parenté, proximité familiale ou à la protection contre le vent ou le danger venu d’ailleurs ?

Il est parfois bien difficile d’imaginer les différents aspects de ce village de Peybois au cours de son histoire, son ancienneté, son éloignement des plus gros centres de vie, le bourg de Blanquefort, le centre de Cachac..., un relais sur la longue traversée du Médoc avec ses nombreux lieux boisés, c’est « Peybois ».

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Peybois-2017-IGN-Géoportail.

Texte et photos de Pierre-Alain Leouffre et Henri Bret. CHB 2017.