La Jalle navigable

Grâce aux travaux de remise en état des marais et de la Jalle en 1816, la Jalle va redevenir navigable depuis son embouchure à la Garonne jusqu’au port de Terralade, c’est-à-dire jusqu’à environ 4 kms à l’intérieur des terres. La destruction du moulin de Grangeot en 1776 avait permis une circulation fluviale normale. Les travaux terminés, la Jalle peut recevoir des gabarres de 15 à 20 tonneaux et retrouver les fonctions du siècle passé. Sur son cours, entre les berges bien nettes, navigueront les couralins, les filadières ou les gabarres.

Les gabarres de 30 tonneaux ne s’aventuraient que rarement mais les filadières portant de 15 à 20 tonneaux étaient les moyens de transport les plus utilisés pour aller de Blanquefort à Bordeaux. Les filadières sont de petites gabarres portant mâture, de huit à dix mètres de longueur et de trois mètres cinquante à cinq mètres de largeur. Il serait plus exact de dire que la gabarre est une grosse filadière dont elle est issue. La filadière est surtout utilisée comme bateau de pêche alors que la gabarre est un bateau de charge. Cependant, pour remonter dans la Jalle, on préfère les premières d'un tonnage moins élevé. Les marchandises apportées par charrette aux différents petits ports étaient chargées dans ces bateaux. Ces derniers profitaient du flux ou du reflux pour remonter ou redescendre la Jalle. Parfois, il était nécessaire de faire appel à des attelages de bœufs pour les haler.

Dans ces dernières années où le marais était inondé et la Jalle envasée, seuls les couralins naviguaient. Les couralins, sortes de barques à fond plat, ont une longueur de cinq mètres environ et une largeur de trois mètres. D'une capacité de six à huit tonneaux, ils sont très utiles dans les chenaux intérieurs et sur la Jalle mais ils s'aventurent rarement sur la Garonne.

Eléments extraits de l’étude d’André Guillocheau, Le Marais de Blanquefort et les terres environnantes, Publications du G.A.H.BLE, 1993, 128 p.