Formation du sol

Dans la carte extraite du « Petit atlas géographique et historique de la région bordelaise de l’époque celtique à la fin du Moyen-âge » par M. Métraux, le marais de Bordeaux, Bruges, Blanquefort et Parempuyre forme une vaste cuvette, l'étang des jalles, avec une échancrure à l'estuaire de la jalle de Blanquefort.

La voie romaine menant de Bordeaux à la Pointe de Grave évite ce marais pour rejoindre Arsac puis Parempuyre mais il n'est pas défendu d'imaginer un passage à gué au bas de l'îlot où sera élevé le château. Si, comme le pense l'auteur de l'étude dont il est question, le niveau de l'eau était plus bas, l'accès à ce tertre était plus aisé ; c'est ce qui expliquerait que le site a été utilisé depuis fort longtemps.

Des tessons de céramique de l'âge du bronze moyen ont été mis au jour au cours des fouilles archéologiques effectuées dans le sous-sol de la forteresse. Des pièces de monnaie et des tuiles caractéristiques de l'époque romaine dégagées également au cours des fouilles témoignent d'une occupation à cette époque.

À la fin du XVIe siècle, avec son eau limpide sur un lit de sable et de gravier, la jalle traverse la lande pour atteindre le marais et se jeter dans la Garonne. Au lendemain des guerres civiles, Henri IV veut donner la prospérité au pays qu'il vient de pacifier. Commerce, industrie, agriculture et élevage vont reprendre leur essor. Dans ses conquêtes pour le pouvoir, il a parcouru des régions humides, hostiles, avec des voies de communications inexistantes ou impraticables et surtout, il s'est rendu compte de l'insuffisance de la production agricole.

Seigneurs qui veulent garder leurs forêts et leurs chasses, villageois qui tiennent à leurs biens communaux, citadins qui prélèvent les bois pour les charpentes, le chauffage ou comme combustibles pour les ateliers, tous désirent préserver ces espaces naturels. Le seigneur qui désire transformer des terres incultes en prairies ou terrains cultivables, se heurte aux communautés des paroisses.

Henri IV décide de mettre en valeur les marais dans un triple objectif : développer l'agriculture, assainir des zones insalubres et faciliter les communications.

Ne trouvant pas de Français assez compétents pour établir un plan sérieux de dessèchement, il fait appel à un Flamand, ingénieur brabançon, né à Berg op Zoom : Humphrey Bradley.

Le 8 avril 1599, il promulgue un Edit relatif aux dessèchements des marais.

Extraits de l’étude d’André Guillocheau, Le Marais de Blanquefort et les terres environnantes, Publications du G.A.H.BLE, 1993, 128 p.