Château Breillan

Deux textes vont se succèder pour décrire ce château, de ses origines à nos jours : de Bertrand Charneau et Guy Dabadie.

 

Historique et description du château Breillan

A- Édifices antérieurs

Le château. « Ce château ne remonte pas plus haut que la fin du XVe siècle, il offre des caractères de cette époque ». Du XVe siècle dont parle E. Guillon, le château ne garde pas de traces. Le document le plus ancien que nous possédions, représentant le château, est un dessin de Vergez paru dans les « Statistiques générales » ; le baron Portal en est alors propriétaire. Le dessin présente la face nord du château. La tour sud, alors plus basse, n'apparaît pas. Le château se composait de corps de bâtiments de formes différentes dont une petite tour carrée dans œuvre et une tour ronde percée sur deux niveaux par des croisées à meneaux, couronnée par un faux mâchicoulis et couverte d'un toit conique qui reçoit une lucarne. Ce que l’on voit des autres corps de bâtiments montre une élévation sur trois niveaux dont l'étage de comble. Un autre dessin plus tardif figure l'ensemble du château vu du sud-est. M. Anatole Matéo Petit est le nouveau propriétaire. Cet ensemble présente une certaine harmonie et plus de régularité que la façade nord. Une tour demi-hors-œuvre, couverte d'un toit conique et percée de petites baies carrées, flanque la façade sud. Dans un même angle de prise de vue, la carte postale du début du siècle révèle plus précisément l'organisation des corps de bâtiments, la répartition et la forme des baies sur les façades. Pour la façade est, deux corps de bâtiments semblables enserrent un corps plus étroit. Le corps central comprend trois niveaux d'élévation ; la porte d'entrée au premier niveau, une croisée avec traverses etmeneaux, surmontée d'une accolade au deuxième niveau et, percée dans le mur pignon au troisième niveau, une baie étroite, elle aussi surmontéed'une accolade.

Les corps latéraux présentent une seule travée de baies sur trois niveaux : fenêtres rectangulaires ornées d'un bossage et surmontées d'un élément de corniche au premier niveau ; une croisée dans un chambranle au deuxième niveau, et au troisième niveau : une lucarne passante interrompant la génoise qui borde le toit, formée d'une croisée couronnée par un fronton pignon sculpté. La façade sud, peu visible sur ce document, comporte l'entrée principale du château. L'élévation extérieure de cette façade sud comprend trois travées ; sur la travée centrale au premier niveau, la porte d'entrée est inscrite dans un arc en plein cintre, de chaque côté de cette ouverture une colonne cannelée, adossée, repose sur un socle et, par l'intermédiaire d'un chapiteau d'inspiration corinthienne, soutient un balcon.

De part et d'autre de l'entrée, une baie étroite, rectangulaire, possède un garde-corps à balustres. Cette disposition se retrouve au deuxième niveau où le balcon avec balustres, règne devant une baie percée dans un arc en plein cintre qui est flanquée de part et d'autre d'une baie en plein cintre avec garde-corps à balustres. La baie centrale est couronnée par un fronton brisé. Les premier et deuxième niveaux de cette travée rappellent le schéma de la travée rythmique. Les travées latérales de cette façade sud sont formées au premier niveau d'une large porte rectangulaire, avec de chaque côté un pilastre soutenant un élément de corniche sur lequel viennent s'appuyer au deuxième niveau, deux pilastres plus étroits qui bordent une fenêtre.Un élément d'entablement surmonté d'un petit fronton, assure l’amortissement de la travée. Sur la tour sud, au-dessus de la porte inscrite dans un arc cintré, en relief surle mur, se trouvent plaquées les armes de la famille Portal.

Ces armes ont été reproduites au même endroit sur la construction nouvelle. « D'argent au lion de sable, au chef d'azur chargé de six étoiles d'or, trois et trois ». La devise de la famille Portal est : « Annet nos ultia regnum ». (P. Meller, Armorial du Bordelais).

Le châtelet d'entrée. Cette construction est le témoin le plus ancien du domaine de Breillan. Si l'arc brisé est construit en pierres de taille, les tours présentent un appareil irrégulier qui pourrait attester de l'ancienneté de la constructionUne des tours serait du XVIe siècle. (Dictionnaire des châteaux de France). Des restaurations visibles ont peut-être suivi celles du château ; à la partie supérieure d'une baie percée sur la grosse tour, dans le décor feuillagé, est gravée la date de 1845.

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B- L'édifice actuel

L'aspect neuf du château frappe tout d'abord à la vue de l'appareillage régulier, clair, aux joints intacts et surtout à la configuration mécanique de l'ensemble des moulures, consoles, appuis, chambranles. Le décor présente le même caractère mécanique, un peu sec, en léger relief, ne portant aucune trace d'usure, de réparation, ou même de restauration. La matrice cadastrale, commencée en 1910, fait état au numéro de la parcelle correspondant au château, d'une démolition en 1913 ; une autre case portant les dates de 1916-1921, mentionne une construction nouvelle à ce même emplacement. La matrice ne donne pas de précision sur ce qui a été démoli et reconstruit, mais l’homogénéité de la construction dans son ensemble, laisse penser à une reconstruction intégrale, sans qu'aucun document ne puisse venir étayer cette conclusion.

Dans les rinceaux de feuillages qui ornent la table décorant la partie supérieure de la fenêtre du deuxième étage de la travée centrale, façade sud, et au premier étage façade est, des initiales A.P sont entremêlées. Bien que les armes figurant sur l'écusson décrit plus haut soient le témoignage d'un propriétaire illustre dans le passé de ce château, ces initiales correspondent, elles, au nom du propriétaire qui aurait reconstruit l'édifice au début du siècle. Anatole Matéo Petit était, en effet, propriétaire depuis l'extrême fin du XIXe siècle, et sa famille a conservé Breillan jusqu'en 1919.

 

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C- Les origines du domaine

Le nom de Breillan est évoqué dans un acte daté du 5 février 1365, spécifiant les modalités d'un « accord entre le chapitre et les gens de Breillan, touchant certaines questalités et autres droits dont ils s'étaient prétendus exempts » (AD.33 G 524.)

En juillet 1477, le chapitre cède ses droits sur le « cornau deBreilhau » dans la paroisse de Blanquefort, en faveur de Martin Baquey. Peut-être est-ce de cette famille dont parle E. Guillon lorsqu'il signale que : « les plus anciens habitants de Breillan sont les Vaquey de Salleboeuf au XVe siècle. (AD.33 G 285).

Une famille illustre possède le domaine au XVIe siècle. Un acte du 11 janvier 1574, atteste du partage de la succession de Pierre Ayquem, entre Michel de Montaigne et ses cousins Geoffroy, conseiller au parlement, et Robert, frère de ce dernier, seigneur de « Breilhan ». (AC Actes de l'acad. de Bx. 1875 p.63). Passés dans la propriété de quelques riches familles par héritage ou achat, le domaine et le château sont acquis au début du XVIIIe siècle par les de Gaufreteau. À cette période, des familles irlandaises catholiques viennent se réfugier en Aquitaine ; c'est ainsi que Mathieu O' Connor achète le domaine de Breillan à Étienne de Gaufreteau en 1756. La maison noble est appelée alors « Salle de Breillant » et comprend : chapelle, cuisines, offices, boulangerie, maison pour les valets, orangerie, parterres, jardins, vergers... etc. avec de plus la métairie « aussi noble » appelée « de Massart » contigüe aux dépendances de la maison noble. (AD.33 3E 19300).

Mathieu O' Connor, agé de 72 ans, se marie en toute discrétion avec sa compagne au château en 1781 (voir annexe) mais dans son testament daté de 1774, il est mentionné que l'héritier du domaine est Édouard Fitzgérald, son petit-fils. (AC. Fonds Delpit 165. 32).

C'est encore à une famille d'origine irlandaise que le domaine est vendu en 1790. Édouard Fitzgérald le vend, en effet, à Valentin et Patrice French, et Antoine Lynch. Les parents d'Antoine Lynch sont des cousins germains du comte Jean-Baptiste Lynch, maire de Bordeaux en 1809. (AD.33 3E 15501).

Un autre pair de France : le baron Portal, acquiert le château au début du XIXe siècle. Pierre Barthélémy Portal d'Albarédes, ministre d'État, fait ensuite du château et du domaine de Breillan, une donation en mariage pour son fils Pierre Paul Frédéric, en août 1836 (AD. Q Sn. 4 p.136). La famille Portal conserve la propriété jusqu'à la fin du siècle et la cède à une grande famille de négociants bordelais : les Petit. Le dernier propriétaire de ce nom est Léonard Anatole Petit, qui la possède jusqu'en 1919.

Un nouveau négociant, Daniel Dollfus, l'achète alors, mais les terres et vignes sont déjà morcelées et l'entretien trop lourd.

M. Cardineau, acquéreur, habite Breillan de 1939 à 1962, date à laquelle un comité d'action sociale accueille et installe des enfants qui peut-être apprennent ici, comme nous avons été amenés à l'apprendre, que : « fâcheuse suffisance qu'une suffisance pure livresque ». (Montaigne. Essais, livre premier).

Description 

Situation et composition : à l'ouest de la commune, sur une petite route qui mène au Taillan, en passant devant le domaine de Terrefort sur la droite, on peut apercevoir les tours du château de Breillan à quelques distances. L'entrée du-domaine vers l'ouest est gardée par un châtelet composé de deux tours reliées au-dessus de l'ouverture par un passage couvert.
Le château est entouré d'un parc planté de chênes.
Matériaux et leur mise en œuvre : les murs sont en pierres de taille, et les toitures en ardoises.

Le château 

A- Parti général : le château présente un plan rectangulaire flanqué de deux tours : une tour sur la face sud, et une sur la face nord.

B- Elévations extérieures :

Façade est : trois travées composent verticalement cette façade ; chacune présente cinq niveaux d'élévation. La travée centrale, étroite, comporte la porte d'entrée surmontée d'un gable en accolade formé par un arc déprimé terminé par des culots sculptés. Au deuxième niveau, le tympan, délimité par l'accolade, contient les initiales d'un propriétaire.
Le quatrième niveau est l'étage de comble couronné par un fronton pignon, dont le tympan renferme le décor d'un pied de vigne gardé par deux oiseaux de proie, têtes divergentes.
Les travées latérales sont plus larges, percées de fenêtres divisées par des traverses et des meneaux.

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Façade sud

Trois travées : la travée centrale comprend une porte, large, cintrée, surmontée par une accolade en anse de panier hérissée de crossettes et terminée par des culots en forme d'animaux. De même, les culots de la fenêtre du deuxième niveau sont des chiens recroquevillés. Au troisième niveau, les culots sont feuillagés, au centre de la table ornée de rinceaux de feuilles, sous l'accolade les initiales A.P. Les travées latérales comportent une croisée à deux meneaux au premier niveau.

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Façade ouest : à droite, une travée terminée par un mur pignon à crossettes. Sur la gauche, quatre travées de baies composent, sur trois niveaux, la face principale d'un corps en retour d'équerre. Le troisième niveau est très moderne.

Façade nord : une tour ronde hors-œuvre, couverte par un toit conique, est percée de baies sur quatre niveaux. À sa partie supérieure, un mâchicoulis est soutenu par des consoles moulurées très rapprochées. Le corps en retour d'équerre délimite un retrait dans le fond duquel s'élève une tour dans-œuvre couverte par un toit polygonal en ardoises, surmonté d'un lanternon.

Combles et couverture :  les toits à deux pans avec pignons ou croupes, abritent des combles largement éclairés par les lucarnes.

Le châtelet d'entrée

a- Composition : l'entrée se fait de l'ouest vers l'est par un passage en arc brisé surmonté d'une petite galerie de colombages et briques, cela entre deux tours : une grosse vers le nord et une plus mince vers le sud.

b- Matériaux : pierres de taille pour 1’arc brisé, moellons et jambes pour les tours. Les toits sont coniques, couverts d’ardoises(effondré tour nord).

c- Décor : un faux mâchicoulis décore la partie supérieure des tours avec le même motif trilobé que la tour nord du château. La tour nord est percée de baies oblondes, une à l'ouest, une à l’est, dont le haut s'inscrit dans un décor feuillagé. Sur la tour sud, face ouest, une série de meurtrières est surmontée d'arcs brisés reposant sur des culots en forme de têtes humaines fort expressives.

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Note de synthèse

Mis au goût du jour, puis remis au goût du passé, le château de Breillan a été adapté à la mode architecturale du temps. Aucun document ne présente le château avant le XIXe siècle, il serait hasardeux de chercher, même sur la carte postale ancienne, des éléments antérieurs à cette époque, tant les restaurations semblent avoir été chaque fois des reconstructions ; même si les actes et la carte de Belleyme assurent de l'existence du château avec un parc au XVIIIe siècle. La date portée sur la baie d'une des tours du châtelet d'entrée indique plus, il semble, que l'âge de la pierre sur laquelle elle est gravée : 1845, est une date qui évoque pour la France la période du style troubadour, terme qui rappelle l'époque médiévale et particulièrement l'art gothique. Ici, les faux mâchicoulis, l'arc brisé, les colombages, sont un vocabulaire gothique. Hautecoeur affirme que les architectes parisiens construisent « troubadour » de 1820 à 1835, ajoutant que la province adopte le style vers 1850. La date gravée ici prouve que la campagne est à la mode architecturale sans retard excessif.

La demeure a été restaurée à une période qui pourrait être la même que les travaux effectués sur le châtelet. « Alors que l'imitation du gothique paraît triompher en 1835-1840, la mode Renaissance apparaît » explique Hautecoeur. La façade sud, peu visible sur le document, fait intervenir des éléments appartenant au style néo-Renaissance. Le fronton brisé au-dessus d'un ensemble de baies en plein cintre encadrées d'ordres, les fenêtres étroites en forme de niches, les éléments d'amortissement complexes, évoquent le renouveau du goût pour les formes de la Renaissance. Les accolades, certains frontons pignons, lesmâchicoulis, sont d'inspiration gothique. Le style est mixte« gothique-renaissance ». Le baron Pierre Portal cède le château à son fils Frédéric en 1836 ;il est vraisemblable que ce dernier est le restaurateur de Breillan. La construction actuelle fait appel à un style « gothique-renaissance nostalgique ». L'ensemble a conservé le plan de l'édifice antérieur. En élévation, un étage a été ajouté et les lignes plus nettes, les angles plus vifs propres aux constructions modernes, soulignent les modules assemblés que sont les différents corps de bâtiments dont un plan au sol soulignerait la géométrie.

Bertrand Charneau, Inventaire des châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maîtrise, Université de Bordeaux III (1984).

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Annexe

« Maison noble de Brillant en Blanquefort. Mathieu O' Connor agé de 72 ans, écuyer habitant de la paroisse de saint-Seurin, actuellement résidant dans ladite maison de Brillant détenu dans son lit malade, et demoiselle Hélaine Conel agée d'environ 45 ans, disant que habitons ensemble depuis plus de 20 ans, passant pour mariés dans l'opignon publique, demandons à ce que le mariage soit célébré dans la chapelle de la maison, sans publication des bancs » [orthographe respectée]. Autorisé le 9 octobre 1781. (AD.33 G 708).

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Le château Breillan

 

Ce château Breillan ou la Salle de Breillan se trouve à la limite des communes de Blanquefort et du Taillan. On ne connaît pas la date de sa première construction, mais tout laisse à penser qu'il s'agit de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe.

En effet, à cette époque-là, Breillan est signalé comme étant sous l'obédience du seigneur de Blanquefort et les deux tours encadrant la porte d'entrée du parc présentent les caractéristiques de cette époque. D'autre part, on découvrit, vers 1830, derrière l'ancienne chapelle, transformée depuis en salon, un fer de poignard, puis dans un champ potager, une pièce d'argent à l'effigie d’Edouard III d'Angleterre, ce roi qui vint se reposer à Blanquefort en 1287 et 1289. 

D'autre part, une archive du 5 février 1315 nous parle d'un accord entre le chapelain de Blanquefort et les gens de Breillan touchant certaines questalités et autres droits dont ils s'étaient prétendus exempts. « Par sentence d'arbitre, ils sont condamnés et leur bon gré s'obligent à payer et rendre à perpétuité au doyen, cinq sous d'export et 33 livres bordelaises de cens annuel dont ils assignent la garantie sur leurs biens, maisons, terre et vigne. »

Le château fut rebâti en partie au XVIIe siècle. La façade Est en est la plus ancienne, avec son pignon XVIe. La façade Sud est plus moderne, d'imitation Renaissance. Dans la façade Nord, la tour fut réparée au XVIIe siècle avec une imitation de mâchicoulis.
Breillan fut ensuite réparé vers 1815 ; puis au début de notre siècle, il subit des modifications assez importantes.

Il appartint à plusieurs grandes familles du Bordelais. La première connue est celle de Vaquey de Sallebœuf (XVe siècle), puis celle de l'illustre Montaigne qui le posséda durant près de deux siècles.

Il passa ensuite entre les mains de M. de Gaufreteau, président du parlement de Guyennne.

Deux archives retrouvées nous signalent que, le 31 juillet 1477, le chapitre de Saint-André céda ses droits sur le cornau de Breillan [village de défrichement, jadis] en faveur de Martin Bacquey pour 25 livres de rente, et, en 1543 et 1582 deux procès au sujet du précédent accord. 

Plus tard, la famille O'Connor, ancienne maison d'Ecosse, qui suivit Jacques II en France, vint s'y établir.

Par succession, il revint à la famille Lynch. Mais la révolution survint dont il eut peu à souffrir d'ailleurs. 

Lorsque la famille Lynch mit son domaine en vente, M. de Portal, de Toulouse, un des descendants d'une des plus vieilles familles du Midi de la France, était en Angleterre où il avait des sommes considérables engagées dans une maison de commerce. Il écrivit au chef de cette maison pour acheter une propriété. Celle de Breillan fut acquise sous le nom de ces négociants.

Mais, à la suite de la loi sur les émigrés, M. de Portal, rentré en France, fut poursuivi et se cacha dans Paris.

Toutefois, Breillan ne fut pas confisqué. On se contenta d'enlever les girouettes du château et de gratter grossièrement les fleurs de lys semées sur champ d'azur qui ornaient les murs de la chapelle.

En 1814, Breillan, situé près du « Camp des Anglais » devint hôpital pour les troupes d'outre-Manche. 

Mais le domaine étant fort petit et le château quelque peu délabré, de Portal décida de l'agrandir et voulut acheter une des plus belles terres du Médoc. Il écrivit à l'ancien propriétaire, émigré, et lui demanda s'il voulait ratifier la vente.

« Dans ce cas, Monsieur, ajoutait-il, veuillez me fixer la somme dont je vous serai redevable.

- Monsieur, répondit le propriétaire, je préfère votre procédé à votre argent.

J'ai l'honneur d'être votre très obéissant et dévoué serviteur. »

Il acquit alors des métairies, des bois et des prairies, et s'y fixa définitivement.

Le baron de Portal, Pierre-Barthélémy d’Albarède, fut ministre sous Louis XVIII et Charles X et pair de France.

Breillan fut érigé en majorat-pairie alors qu'il appartenait au fils de M. de Portal, propriétaire depuis le 11 août 1836. 

Un Portal fut précepteur du Prince de Galles, futur George III. D'ailleurs, cette famille est aussi connue en Angleterre où une de ses branches est établie depuis 1683.

Le domaine s'agrandit, au siècle dernier, de terres provenant de Pey-Astruc, acquises par le cardinal-archevêque de Bordeaux.

Les vins de Breillan furent toujours appréciés. Au XVIe siècle, ils portaient l'appellation de « Clos de Montaigne » ; depuis la fin du XVIIIe siècle, celle de « Clos du Cardinal », en souvenir de leur possession par le chapitre de Saint André de Bordeaux au XIIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, ces vins étaient classés comme deuxième grand cru du Médoc.

 

Guy Dabadie, Blanquefort et sa région à travers les siècles, 1952. Pages 75-78.

 

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