Domaine de la Dimière

Ce domaine est connu sous le nom de château de Brannens, ancien domaine de Réau, situé près du bourg. C’est une maison de type chartreuse surmontée d’un pavillon, dans une cour fermée et flanquée d’une jolie garenne. Le portail est du XVIIIe siècle. La Dimière a appartenu à Alexis Reaud négociant, puis à Brannens, et ensuite à la famille Montalier de Grissac. En 1898, elle appartient à M. Caboy, puis au docteur Castéra qui l’achète en 1924.

À l’est, mitoyen au domaine, un ensemble de maisons basses où était perçue la dîme, impôt de 1/10. Le nom de la dimière viendrait de là. Une école privée s’installera dans ces maisons que les Blanquefortais ont surnommée plus tard la « cour des miracles ». Le docteur Castera, (1883-1956), diplômé de la faculté de Bordeaux en 1907, consacra près de 50 ans de sa vie au service des habitants de Blanquefort et des communes voisines.

En 1924, ce médecin de famille avait établi son cabinet et son domicile à la Dimière. Pour les visites à domicile, les familles des malades inscrivaient leur nom sur des ardoises déposées chez les commerçants et le docteur en prenait connaissance au cours de sa tournée. Une anecdote : le docteur collectionnait les armes et possédait une série d’armes mexicaines qui venait de son grand-père. Tous ses clients voyaient ces armes qui étaient disséminées dans la maison et en particulier dans l’entrée. Un jour, la Gestapo est venue l’arrêter car il n’avait pas donné les armes qui étaient toutes réquisitionnées à cette époque. Le château fut fouillé, les armes qui étaient en exposition sur les murs enlevées ; au passage de l’argenterie et des bijoux furent dérobés. Le docteur a été embarqué au fort du Ha, a été menacé d’être fusillé et sa famille a dû verser une rançon pour qu’il soit libéré. Juste après la guerre, on pouvait voir Jacques Chaban-Delmas venir chez lui pour des réunions entre radicaux-socialistes.  

Guillon cite « Ribadieu qui signale le château de Brannens, qui parait être l’ancien domaine de Réau, situé près du bourg. C’est une ancienne maison dans une cour grillée sur montée d’un pavillon et flanquée d’une jolie garenne ». Type de chartreuse à laquelle on a rajouté un pavillon. Le portail est du XVIIIe siècle. La Dimière a appartenu à Alexis Reaud (négociant) puis à Brannens. En 1898, appartient à M. Caboy, puis à la famille Castéra qui l’achète en 1924. Le nom viendrait de la dîme, 1/10 d’un impôt, mais qui était perçu dans l’ensemble allongé de maisons basses situé à l’est de la propriété et qui fut aussi une école privée (que l’on a surnommé plus tard la « cour des miracles »).

Propriété du docteur Castéra depuis 1924, en 2020 la Dimière est toujours habitée par sa famille.

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LA-DIMIERE-1
1956-fevrier-La-dimiere
1945-La-Dimiere-sud
Dimiere-Nord-1945
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Dimiere-aujourdhui-1
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Description de la Dimière

Historique : ce domaine mentionné par Malvezin dans « Le Médoc et ses vins » en 1876, et par Cocks et Feret en 1898 dans « Bordeaux et ses vins », était la propriété d’un M. Caboy. Le balconnet de la façade antérieure porte les initiales A.L, tandis que sur la façade postérieure les initiales sont A.B. Cette propriété n’a pas laissé, à notre connaissance, plus de traces dans l'histoire de la commune.

Description : 

  • Situation et composition : enclose par un mur en moellons, la Dimière est tout près du centre de la commune. La demeure est un corps de bâtiment bas flanqué d'ajouts sur les petits côtés, et dominé par un pavillon central.
  • Matériaux et leur mise en œuvre : le pavillon est couvert d'ardoises, tandis que les autres toitures sont en tuiles. Les murs sont d'un appareil régulier en calcaire.

La demeure.

A- Parti général : bâtiment de plan rectangulaire orienté nord-sud.

B- Elévations extérieures.

  • Façade antérieure.

L'entrée principale se fait par une porte cintrée, percée au premier niveau du pavillon central. Cette porte est surmontée d'un balcon soutenu par deux consoles. Le garde-corps est en fer forgé. Au deuxième niveau, l'ouverture sur le balcon est une porte-fenêtre sans chambranle. De chaque côté du pavillon deux ailes basses, de trois travées de fenêtres.

  • Façade postérieure.

Cette façade, orientée vers le nord sur un parc, est semblable à la façade antérieure. Cependant, pour compenser une dénivellation, un petit escalier mène à une terrasse qui s'étend sur la longueur de la façade.

Comble et couverture: le comble, au dessus du pavillon central, est éclairé par quatre petites lucarnes, une sur chacun des pans du toit.

Distribution intérieure : au sous-sol, une cave, accessible de l'extérieur par dessous la terrasse, pouvait recevoir quelques barriques et de nombreuses bouteilles. Il y a une vaste pièce au rez-de-chaussée et à l'étage du pavillon.

Le portail : deux forts piliers carrés, ornés d'un pilastre à bossage terminé par un entablement, soutiennent la grille de fer forgé. Au dessus de la traverse, les volutes du couronnement de la grille mettent en valeur le médaillon central contenant des initiales. Des murets en arc de cercle et ondulés en leur partie supérieure, joignent les piliers au mur de clôture.

Note de synthèse 

Cette maison basse à l'origine est du type chartreuse qui a reçu ultérieurement l'ajout d'un pavillon. La ferronnerie du balcon présente un motif d'accolades affrontées et de pilastres aux formes géométriques suivant un modèle fréquent sur les immeubles bordelais du XIXe siècle. Les consoles ont l’aspect relativement neuf des ouvrages du siècle dernier. Sur la façade postérieure, une terrasse rachète la dénivellation et met en valeur la maison ; le garde-corps qui devait être composé de balustres, pourrait comme le logis, trouver ses origines au XVIIIe siècle. Le portail semble plus authentiquement un ouvrage du XVIIIe siècle.

Les piliers massifs ont une apparence un peu rustique que les pilastres atténuent, tandis que les murets ondulés donnent une certaine élégance à l'ensemble. La ferronnerie possède l'allure et la finesse des travaux du XVIIIe siècle.

Châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maitrise de Bertrand Charneau, Université de Bordeaux III, 1984.