Sur les bancs d’école de Caychac

Claudine, élève dans la classe de Gabrielle Vergier à l’école des filles de Caychac, dans les années 30…

« Te souviens-tu ma Mie, quand nous étions gamines à l’école de Cachac. La rentrée, c’était le 1er octobre, après les vendanges. Ce jour-là, tablier neuf, cahier et crayons neufs, livres neufs ou presque. Pas d’aide, il fallait les acheter. Nous allions faire et refaire connaissance avec notre maîtresse. Gabrielle Vergier, jeune dame, maman de deux fillettes de notre âge, Hélène et Simone. Accueillante et attentive mais quand Madame à la fin de la récréation tapait des mains « En rang et deux par deux », fallait pas lambiner…

Le carnet de notes, cela sera plutôt « Peut mieux faire », les punitions rares, chacun faisant de son mieux. Conjugaison d’un verbe à tous les temps et tous les modes. Ouf… Rien ne lui échappe à notre Maîtresse, ni la chorale, ni la gym, ni les leçons d’hygiène, ni les travaux manuels. Et même, quand, en 39, le maître d’à côté a été mobilisé, elle nous a présenté tous, garçons et filles au certificat d’études - en mixte du jamais vu. Nous sommes revenus diplôme en poche et petit drapeau tricolore claquant au vent « Avis à la Population ». Mais c’était aussi dans le respect des traditions. Par un p’tit matin ouaté de novembre, un cortège silencieux déposait au Monument aux Morts de la Grande Guerre les dernières fleurs du jardin. A Noël, le grand sapin décoré et fleuri par nos soins. Au printemps, un petit tour sur le sentier forestier entourant l’école à la découverte des bruits et des senteurs de la Nature. Bref, que l’on s’appelle Gisèle, Vicente ou Carmen, Gabrielle Vergier nous a donné à tous, sans distinction, une instruction solide et pratique qui nous a servi plus tard… ».

Les garçons d’un côté, les filles de l’autre. « À l’époque, il n’y avait pas d’école maternelle, la rue ne s’appelait pas La Rivière mais la route des marais. L’école était divisée en deux par un mur qui traversait la cour de récréation, se souvient Claudine. D’un côté, l’école des garçons avec Monsieur Morlaes ; de l’autre, les filles avec Madame Vergier. Il ne fallait pas trop s’approcher du mur, on ne rigolait pas avec ces choses-là…» Il faudra attendre les années 60 pour que la mixité se généralise dans les écoles et 1975 pour qu’elle soit obligatoire dans toutes les filières scolaires.

Le certificat d’études. L’instruction primaire devient obligatoire pour les enfants des deux sexes âgés de six ans à treize ans en 1882 (loi du 28 mars dite « loi Ferry »), avant d’être allongée à 14 ans en août 1936. Le certificat d’études primaires, appelé familièrement le « certif » venait sanctionner la fin de l’enseignement primaire élémentaire et attestait l’acquisition des connaissances de base. « C’était très important pour nous, témoigne Claudine. Après le certificat d’études, beaucoup ont poursuivi leurs études à l’école ménagère de Saint-Michel, tenue par les religieuses du Bon Pasteur ».

Histoire, géométrie, morale et hygiène. « Nous faisions de tout : du français, des sciences, des mathématiques (toujours avec des cas pratiques comme le calcul des écarts entre les piquets autour du jardin…), de la géographie, de l’éducation morale et de l’instruction civique. Il y avait également l’inspection d’hygiène : la maîtresse vérifiait que nous n’avions pas de poux, que nos mains étaient propres ».

Gabrielle Vergier. Elle fut enseignante puis directrice de l’école des filles de Caychac de 1930 à 1955. « Je crois qu’elle venait des Vosges, elle avait beaucoup souffert de la guerre de 14. »

Équinoxes et Solstices, septembre 2012, n° 50, p. 28. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.