La fête de la lumière

Chaque année, à la mi-décembre, les Blanquefortais sont invités à célébrer la lumière. Si ce moment festif est devenu une tradition dans la commune depuis sa création en 2002, l’histoire, elle, remonte à des temps bien plus anciens. Éclaircissement…

Connaissez-vous Lucie ? Lucie de Syracuse était issue d’une famille sicilienne très riche au IIIème siècle. La beauté de ses yeux séduisit un riche païen. Elle ne lui céda pas : il dénonça alors sa foi et elle fut martyrisée lors des persécutions de l’Empire Romain contre les chrétiens. L’histoire raconte qu’elle se serait arraché les yeux pour les donner à son soupirant afin qu’il se convertisse. Son nom ressurgit dans la littérature au XIIIème siècle avec le poète Dante, qui l’évoque dans sa Divine Comédie en lui donnant une place au paradis juste à côté de Saint-Jean.

Des cités illuminées. Lucie ou Luce vient du latin « lux, lucis », qui signifie lumière, d’où le lien entre la figure sacrée et la célébration de la lumière. La Sainte-Lucie marque, avec l’Avent, le début de la saison de Noël. Très répandue en Scandinavie, et particulièrement en Suède et au Danemark, où l’idée de lumière vainquant le noir est plus appropriée en cette période de l’année, elle l’est moins en France, à quelques exceptions près dont Blanquefort. La Corse et la ville de Montbéliard célèbrent aussi cette fête. On fête la lumière à Lyon mais celle-ci est dédiée à la Vierge Marie. En Alsace, la tradition de la Sainte-Luce a été détournée pour donner corps au Christkindel, personnage de femme vêtue de blanc et munie d’une chandelle, assise aux côtés du père Fouettard peu avant Noël pour décider de l’attribution des cadeaux…

Mise en lumière blanquefortaise. Née en 2002, cette fête réunit dans la rue un soir de décembre tous les Blanquefortais, petits ou grands. Une procession de lampions précède traditionnellement une soirée lumineuse, faite d’animations, de dégustations et de convivialité. « Constant que le printemps et l’été avaient leur fête, Yves Raibaud, le directeur de l’école de musique et de danse de l’époque, a proposé de créer un événement à l’entrée de l’hiver. L’ABC et l’école de musique ont donc mis en place la fête de la lumière dont la première édition a vu le jour le vendredi 13 décembre 2002 avec l’aide de l’association des artisans et des commerçants blanquefortais « Cœur de ville ». Le choix de mettre l’accent sur la lumière était « d’illuminer » une période de jours courts et froids. Depuis le début, nous avons également mis en place un concours de soupes sous la halle dans le cadre de « toute la ville cuisine » en 2005, l’arrivée d’un spectacle de contes gratuit au Mascaret en 2007, et reconduit chaque année, une animation lumineuse avec l’envoi de SMS, retranscrit sur les murs des résidences via un vidéoprojecteur… » Marie-Christine Barthaburu et Philippe Peres, coorganisateurs de la manifestation.

Grégoire versus Julien. La date de la Sainte-Luce est fixée au 23 décembre jusqu’en 1582, selon le calendrier de Julien. Elle se situe donc le jour du solstice d’hiver, et marque le retour progressif à des jours plus longs. À cette époque, Grégoire XIII réforme la notion de temps et instaure celui que nous utilisons toujours, le calendrier grégorien. Ce changement a pour but d’effacer 10 jours pour rattraper 16 siècles d’erreur entre les mouvements du soleil et les calculs humains. De ce fait, la fête de la Sainte-Luce passe du 23 au 13 décembre.

Équinoxes et Solstices, novembre 2013, n° 56, p. 21. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.