L’école municipale de musique et de danse, de l’académique à l’éclectique

Alors que les travaux d'extension de l'école de musique et de danse commencent en septembre prochain, Équinoxes revient sur l'histoire de cette école avec Marie-Christine Barthaburu, directrice administrative et pédagogique, et Philippe Peres, coordinateur du Pôle musique et danse, présents depuis les débuts de cette aventure culturelle et populaire.

Prélude :

première structure culturelle impulsée par la Ville, l'école est née le 1er avril 1975. C'est Benoît Gaubert qui en prend la direction, avec 80 élèves et 8 professeurs. Très impliqués dans la création de l'école, lui et son épouse Monique la dirigeront successivement de 1975 à 1997. « Beaucoup se rappelleront qu'à l'époque les élèves dansaient dans l'ancienne salle des fêtes et jouaient de la musiqué dans les préfabriqués de l'ancien collège », se souvient Marie-Christine Barthaburu. Les activités proposées à Blanquefort dans les années 70 justifiaient aussi cette création : toutes les classes du primaire bénéficiaient d'un tel intervenant(e) en musique, Blanquefort s'étant montré même précurseur en la matière au niveau national.

1er mouvement : travaux, déménagements, agrandissements.

Au fil des années, l'effectif grandissant et les pratiques se diversifiant, la section « musique » part faire ses gammes dans les locaux actuels jouxtant l'école du Bourg (c'était l'ancienne école de filles du début du XXème siècle et son ancien logement de fonction). En 1989, également par défaut de place, la section « danse » s'installe dans une salle du centre culturel Les Colonnes. Suite aux travaux de l'école élémentaire du Bourg en 1995, des salles de classes ont été libérées puis affectées à l'école de musique. La Ville juge alors que l'espace ainsi dévolu n'est pas assez fonctionnel : en 1998, sont créées des pièces de cours collectifs et un espace d'attente. Parallèlement, un atelier de musiques actuelles se monte à l'ABC avec des cours de guitare, de batterie et guitare basse...

Qui est Henri Sauguet ?

Henri Sauguet, qui a donné son nom à l'école en avril l991, est un compositeur bordelais disparu en 1989. Ce musicien créateur de nombreuses pièces musicales dans des domaines variés a également travaillé pour le cinéma et la télévision : il a notamment composé des musiques pour les films « Premier de cordée » de Louis Daquin en 1943 et « Don Juan » de John Berry en 1955.

Interlude : le temps associatif

Le 26 mars 1997, le statut de l'école change. De structure municipale, l'école devient une association. L'AIEP, Association pour l'Initiation, l'Enseignement et la Promotion de la musique, la danse et les arts plastiques à Blanquefort : « L'idée était de rassembler toutes les pratiques artistiques recensées sur la Ville et de construire une maison des arts», raconte Philippe Peres. « Si l'école est devenue associative, c'est parce que de nombreux parents s'y impliquaient, jusqu'à organiser des stages d'été », poursuit-il.

Marie-Christine Barthaburu et Philippe Peres travaillent déjà sur l'ouverture des pratiques et des genres musicaux, non sans mal : « Le milieu de la musique est difficile et l'était encore plus à l'époque, explique Marie-Christine Barthaburu. Nous avions des difficultés à réunir le classique et le rock pour créer des programmations variées, les domaines musicaux étant incroyablement cloisonnés ».

2ème mouvement : quand l'académique devient éclectique.

« 2007 et l'élection de Vincent Feltesse ont été un tournant dans l'histoire de l'école : le nouveau directeur, Yves Raibaud, rapproche l'ABC et l'école, lance une dynamique de création d'événements et ouvre l'école aux pratiques amateurs, quelles qu'elles soient », raconte Marie-Christine Barthaburu. L'école redevient municipale. Dès 2002, la Ville met une salle à disposition pour les cours de musiques actuelles. Un prêt matériel mais surtout symbolique : ces registres entrent dans l'école et bouleversent sa programmation uniquement classique. « À partir de ce moment-là, explique Philippe Peres, nous avons travaillé à la création d'un pôle musique et danse, c'est-à-dire la prise en compte de la diversité des pratiques tant en musique qu'en danse ». Cette année-là, la fête de la musique prend de l'ampleur avec une programmation plus large : « Carpinet était noir de monde, c'était la première grande fête de la musique à Blanquefort », s'enthousiasme Philippe Peres. En septembre 2002 est créée la première Affiche musicale, une programmation unique de musique : là aussi, le symbole est grand. Et puis, un nouvel événement voit le jour, c'est la Fête de la lumière. Organisée conjointement par l'ABC et l'école, elle propose depuis 9 ans une entrée dans l'hiver en fanfare. Parallèlement, le pôle danse quitte les Colonnes et répète ses pas de deux au sein de l'école avec une ouverture de plus en plus significative vers le croisement des disciplines.

3ème mouvement : poursuivre l’élan.

Lorsque Yves Raibaud annonce son départ en 2006, Marie-Christine Barthaburu et Philippe Peres, forts de leur complémentarité, proposent une candidature commune pour diriger ce qu'ils appellent le « pôle musique et danse ». Philippe gèrera la coordination, le pôle musique et danse ainsi que les musiques actuelles. Marie-Christine assurera la direction administrative et financière. Mais pas question pour Philippe Peres de quitter l'ABC : « Pour moi, le fait de rester à l'ABC est étroitement lié avec l'activité musique. Elle est un outil au service de l'éducation populaire : elle me permet de travailler avec les jeunes, de monter des projets avec eux ». Leur prochain projet : l'extension de l'école, qui devrait voir le jour en septembre 2012. Ravis, ils tiennent à préciser que « l'extension est au-delà de la musique et de la danse : c'est avant tout le symbole de la mixité des publics, de la mixité sociale, intergénérationnelle et de genre, et du développement des pratiques artistiques amateurs ».

À l'école de la parité.

Lancée par Vincent Feltesse et relayée par les directeurs successifs, la politique paritaire fait partie intégrante de la gestion de l'école depuis 10 ans. Ainsi, la direction actuelle associe l'ancienne directrice adjointe de l'école de musique et de danse et l'animateur de l'ABC responsable des musiques amplifiées, faisant de ce duo le symbole de cet engagement. Pour qu'un garçon puisse faire de la danse classique, une fille de la batterie ou du rock, la Ville a intégré un réseau départemental qui réfléchit sur ces questions, Mixité-parité-genres. Coordonnée sur le terrain par Marie-Ange Lambert, élue à la parité, et Marie-Christine Barthaburu, la question paritaire est régulièrement posée dans la programmation culturelle de l'Affiche parité-culture (disponible dans tous les lieux publics).

Zoom sur la danse.

L'école de danse comprend 150 élèves et 2 enseignantes. Sur le devant de la scène à l'occasion de la 1ère édition de « Toute la ville » en 2003, cette année de manifestations sur l'expression corporelle a notamment permis de créer une section « danse contemporaine ». Lors de « Toute la ville danse », un stage est organisé avec la chorégraphe Josette Baïz. Suite au stage organisé par les Colonnes, l'école de musique et de danse et l'ABC, de jeunes danseuses ont pu présenter la 1ère partie du spectacle de Josette Baïz dans la grande salle des Colonnes. Pratiqués à partir de 5 ans, les cours sont ouverts aux garçons et aux filles désireux de connaître le bonheur du mouvement.

Équinoxes et Solstices, juin 2011, n° 44, p. 28-29. Le magazine de la ville de Blanquefort. Avec l’autorisation de la ville de Blanquefort.