Prise de possession d’un bien 

Voici des actes, de trois notaires différents, donnant la description de la procédure de transmission de la propriété d’un bien. Les formulations sont proches et toutes imagées et concrètes à la fois :

Prise de possession maison et jardin

« Le 25 février1737, Pierre Cricq, laboureur, habitant du village de Paloumey, a acquis de Jean Renouille une petite maison et jardin situés dans le village de Feydieu et, pour en prendre possession réelle, actuelle et corporelle, il s'est rendu sur les lieux avec le notaire et les témoins. Il est entré dans la maison, a ouvert et fermé la porte d'icelle, allumé et éteint du feu, il s'est promené dans le dit jardin, pris et arraché des poignées de terre, icelle jetées en l'air, rompu des branches d'arbres, resté sur tous les dits lieux tout autant de temps qu'il lui a plu, au vu et au su de tous ceux qui l'ont voulu, le tout sans aucun trouble ni empêchement de personne quelconque et il a fait plusieurs autres actes possessoires dont il a requis acte du notaire (actes du notaire Peroa-Ludon).

Paul Duchesne, La chronique de Ludon en Médoc, Rousseau frères, Bordeaux, 1960.

 

Prise de possession maison de Cazalet

Le 16 février 1738, Messire Joseph de Bacalan, chevalier, acquiert de Sarrazin de Durfort, seigneur comte Boissière, maréchal de camp des armées du roy, la maison de Cazalet, située au bourg de Ludon, et la maison de Morange, en la Palu.

Voici en quels termes le notaire Bancherot, de Bordeaux, relate l'événement : « Requis de nous transporté dans la ditte paroisse de Ludon et dans les biens par lui acquis et dépendances d'y ceux et étant en premier lieu dans la ditte maison noble de Cazalet, avons mis et introduit dans icelle le dit sieur de Bacalan dans la possession réelle et personnelle d'ycelle et sommes entrés dans la dite maison, monté aux chambres hautes, descendu dans la salle basse, chai, cuvier, escurie de la ditte maison et despendances d'ycelle, ouvert et fermé les portes, après sommes allés au jardin où le sieur de Bacalan a pris des poignées de terre et jettées en l'air, du dit jardin, nous sommes transportés dans les pièces de vignes, terres labourables, prés, bois taillis où le dit sieur de Bacalan a coupé des ceps de vignes, rompu des branches, resté et séjourné dans toutes les dépendances autant de temps que bon lui a semblé, ce dont le dit sieur de Bacalan nous a requis de lui donner acte. »

Paul Duchesne, La chronique de Ludon en Médoc, Rousseau frères, Bordeaux, 1960, p. 102-103.

 

Prise de possession maison de Boutiron

Le 29 juin 1789, indiquée par écrit dans l’acte du notaire lors de la vente du bien de Boutiron à Blanquefort : M. Cholet à M. Aquart.

« Le meme jour 29 juin 1789, après midi, sur la réquisition de mon dit sieur Aquart, le Conseiller du roy à Bordeaux soussigné s’est transporté en sa compagnie et celle des témoins bas nommés dans la ditte maison de Boutiron et fonds en dépendans, le tout situé dans la ditte parroisse de Blanquefort, qu’il a acquis de mon dit sieur Cholet, par le contrat avant écrit, dans lequel le tout est désigné, limitté et confronté, et y étant parvenus avoir mis mon dit sieur Aquart en la possession réelle, actuelle et corporelle de la ditte maison bourdieu et fonds en dependants par l’entrée qu’il a faite dans la maison de maitre dans le chay, cuvier et autres batiments, desquels il a ouvert et fermé des portes et fenetres, y a allumé et éteint du feu, pour en suite etre allés dans l’enclos et sur les différentes pièces de vigne, terre labourable, preds et marais, ou il a pris des poignées de terre, rompu des pampres de vigne, des branches d’arbre, arraché de l’herbe, le tout jeté en l’air, et fait divers autres actes pocessoires requis et necessaires au vu et seu de tous ceux qui l’ont voulu voir et savoir sans aucune opposition, trouble ny empechement de personne, en signe de légitime pocession de la ditte maison bourdieu et fonds en dépendans ; delaquelle mon dit sieur Aquart nous a requis acte que luy avons octroyé.

Date. Fait et passé sur les dits lieux parroisse Saint-Martin de Blanquefort, le dit jour que dessus en presence de Jean Maugey et d’Arnaud Lebroux, vignerons habitants de la parroisse de Blanquefort, témoins à ce appellés et requis qui ont déclaré ne savoir signer de ce faire interpellés et a le dit sieur Aquart signé avec nous et le notaire soussigné ».

Signature : Dugarry.

Texte extrait de l’acte de vente Cholet-Aquart.