Le Médoc intime d’un enfant du pays  

Christian Coulon présente son livre « Médoc, les valeurs du lieu et autres textes » dans une rencontre animée par Jean-Jacques Fénié, agrégé de géographie, jeudi soir à la médiathèque municipale. « Le Médoc est pour moi cet univers intérieur et intime d'où je pars pour aller ailleurs, et où je reviens enrichi par cet ailleurs ». Dans son dernier ouvrage, le Blanquefortais Christian Coulon, professeur émérite de sciences politiques, spécialiste de l'Islam en Afrique, évoque, sous forme de chroniques mêlant le présent et le passé, le pays qui l'a vu naître. L'auteur de « Médoc, les valeurs du lieu et autres textes », ne cache pas son « empathie » avec ce territoire qui lui est cher. Mais son expérience d'universitaire, parti dans sa jeunesse étudier aux États-Unis, l'incite à garder ses distances. « Tout au long de cet essai, je m'attache à repérer les sites, les personnages, les expériences, les écrits qui sont autant de témoignages de cette dynamique de notre culture locale » écrit en préambule Christian Coulon. Il tient, toutefois, à souligner qu'il ne fait pas du Médoc « un paradis ». Sans chauvinisme et loin des clichés, il est conscient qu'une forte identité locale peut aussi conduire à une forme d'enfermement. « Je sais bien, pour parler comme Claude Lévi-Strauss, que l'humanité ne cesse pas aux frontières de ma tribu et que la diversité est la plus grande richesse de notre planète » prévient-il.

Né à Lamarque, où il possède toujours une maison, Christian Coulon, 72 ans, est en effet intarissable lorsqu'il est question du Médoc. Il revient avec plaisir sur son enfance. Fils d'un couple de charcutiers, cet universitaire à la retraite, aime à évoquer ses grands-parents maternels, gemmeurs à Carcans. On comprend mieux alors son attachement à ce pays et aussi à la langue occitane qu'il parle depuis toujours. En fait, cette promenade littéraire en pays de Médoc est l'occasion d'une galerie de portraits, de Pey Berland à Stéphane Lull, entrepreneur de Gaillan, spécialisé dans les matériaux composites. Au fil des pages, on voyage entre le Médoc océanique et le Médoc des vins. Entre le sud, qui se développe le nord plus traditionnel, pays « solitaire et sauvage » pour reprendre, avec l'auteur, les mots de La Boétie.

Christian Coulon consacre un chapitre à Blanquefort, son positionnement charnière entre la Communauté urbaine et le reste de « l'enclave médocaine ». « Entre Ford et le vignoble, Blanquefort m'apparaît comme le lieu d'invention d'une nouvelle vision de la cité » écrit-il, tout en soulignant que cette ville est aussi « médoquine de par son appartenance au Haut-Médoc étant la première commune au sud de cette appellation ». « Je m'obstine à penser que le Médoc constitue un terrain d'observation particulièrement riche et pertinent pour comprendre cette France périphérique dont il est beaucoup question ces temps-ci ».

Article du journal Sud-ouest du 23 septembre 2014, Christine Morice.