Les droits honorifiques 

La société d'Ancien Régime est extrêmement sensible à la notion d'honneur. Le privilège conféré par la condition nobiliaire et le lien seigneurial n'est pas seulement d'ordre économique ; il est aussi la participation à une supériorité sociale exaltée par l'exercice des droits honorifiques attachés à la haute justice.

Leur possession aide le noble besogneux à supporter l'appauvrissement ; leur acquisition constitue pour le roturier anobli le signe tangible d'une réussite sociale souvent longtemps espérée.

Mais l'exercice des honneurs connaît de nombreux obstacles : ils sont mal supportés par  ceux qui doivent les rendre et le nouveau seigneur doit fréquemment faire face à l’hostilité plus ou moins déclarée de dépendants peu enclins à lui accorder la supériorité qu'ils reconnaissaient à leur ancien maître. Convoitise des uns, réticences des autres expliquent la multiplication des conflits portant sur des droits économiquement négligeables au 18e siècle.

Les honneurs étant liés à la terre, l'acquisition de seigneuries auprès du Domaine Royal ou de particuliers est le moyen habituel d'y accéder. L’héritage en est un autre.

Texte extrait du livre de Gérard Aubin, « la seigneurie en Bordelais d’après la pratique notariale (1715-1789) », Ed. Université de Rouen n° 149,  p 182-183.