Les croix 

De nombreuses croix (du latin crux) évoquent la ferveur religieuse. En général de forme « latine » (branche inférieure beaucoup plus longue que les branches latérales et la branche supérieure), elles sont le symbole du christianisme en rappelant le supplice du Christ sur un gibet en forme de croix, formée d'un poteau et d'une traverse, sur lequel étaient cloués ou liés les condamnés à mort.

Certaines de ces croix ont été posées à l'occasion de « missions » organisées dans la paroisse ; remises au goût du jour sous la Restauration (1814-1830, sous Louis XVIII et Charles X), ces missions paroissiales étaient destinées à en encourager, ou réveiller, la ferveur religieuse, en ville comme à la campagne. Faites de prédications, de veillées, de processions et de prières collectives, elles étaient organisées par les diocèses et considérées comme des temps forts dans la vie d'un chrétien ; elles duraient en général d’un à six mois, animées par des prêtres extérieurs aux paroisses et ayant reçu une formation spécifique. Chaque communauté paroissiale vivait ces retraites spirituelles avec intensité ; elle tenait à en marquer le souvenir par une réalisation concrète destinée à édifier les générations à venir, souvent une croix placée à un carrefour qui devenait ensuite lieu de rassemblement à l'occasion des fêtes religieuses.

C'est vers 1950 que cessa l'organisation de missions en France.

Texte extrait de la vie religieuse à Blanquefort au 20ème siècle, Henri Bret, 2006, Gahble, p 57-62.

Les croix de chemins 

Ce sont des croix monumentales qui se sont développées depuis le Moyen Âge et sont destinées à christianiser un lieu. De formes, de tailles et de matières variées (bois, granite, aujourd'hui en fonte, fer forgé ou en ciment), elles agrémentent aussi bien les bourgs et les hameaux que les routes de campagne et symbolisent l’acte de foi de la communauté. Elles se multiplient à partir de 1095, date à laquelle le droit d’asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide et de protection.

La croix de chemins est un symbole religieux catholique très répandu du 16e siècle à nos jours. Elles sont dues à la volonté publique des communautés ou celle privée des familles.

Les premières agrémentent les bourgs et les hameaux et symbolisent l’acte de foi de la communauté. On les rencontre souvent aux carrefours, elles guident le voyageur et le protègent de l’inconnu et des mauvaises rencontres. Elles sont parfois un lieu de pèlerinage comme la croix des rameaux par exemple : chaque année avait lieu une procession très importante jusqu’à la croix où l’on bénissait le buis. Elles sont ornementées de quelques lignes de prières.

Toutes les croix ne sont pas dues à la volonté des communautés, nombreuses sont celles qui ont été érigées à la suite d’une initiative privée, souvent par une famille aisée qui voulait à la fois affirmer sa foi et protéger les siens. On peut distinguer ce type de croix des précédentes car on y gravait le nom de la famille commanditaire. Parfois, on y trouvait même un blason.

Aux croix en bois, qu’on remplaçait pieusement lorsqu’elles tombaient, tous les vingt ans environ, ont succédé des monuments de pierre, œuvres de tailleurs de pierre de la région. Ces artisans ont pu, grâce aux libéralités d’un propriétaire aisé, assurer une meilleure longévité à ces fragiles témoins de la piété des campagnes.

Lorsque la croix est érigée, elle est bénie, et fait généralement l’objet d’un culte : on y faisait le plus souvent des processions, mais pour les croix éloignées des bourgs ou dans des hameaux isolés, les manifestations étaient beaucoup plus humbles : les bergères allant aux champs accrochaient au fût de la croix un rameau de genêt, ou déposaient un bouquet de fleurs, à moins que ce ne soit l'œuvre d'un passant.

Les bergères ont disparu, mais certaines croix sont toujours fleuries et certains hameaux sont très attachés à leur croix et l’entretiennent encore.

Les différents types de croix ; on distingue notamment :

Les croix de carrefour, implantées à la croisée des chemins, guident le voyageur. Certaines servent de pauses pendant des processions ou des rogations où le curé en tête, muni en plus d'une croix processionnelle, s'arrête bénir les prés et les champs. Ainsi la croix des rameaux voyait chaque année une procession très importante jusqu’à elle où l’on bénissait le buis. Elles sont ornementées de quelques lignes de prières. Un certain nombre d'entre elles sont aussi des croix sur la voie des morts : de la maison du défunt à l'église, le convoi funéraire s'arrêtait à toutes les croix pour réciter quelques prières et permettait une pause aux porteurs de la bière. À partir du 18e siècle surtout, les Missions se multiplient dans les paroisses. Là encore on processionne largement puis, pour fêter dignement la clôture de la Mission, on érige une croix de mission dans un grand concours de foule.

Les « croix mémoriales » sont des témoins. C'est ainsi que le lieu d'une mort brutale, ou au contraire d'un coup de chance, fait l'objet d'une érection de croix.

Les « croix de peste » rappellent et conjurent une épidémie.

Les « croix de pèlerinage », qui le plus souvent ne marquent pas une étape sur un trajet, mais rappellent le pèlerinage du donateur.

Les « croix de limites » servent de borne. Entrée et sortie des villages sont normalement pourvues d'une croix, mais toutes les limites, religieuses (par exemple les sauvetés au Moyen-âge) ou profanes, pouvaient être ainsi matérialisées).

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/croix_de_chemins 

 

Les croix de carrefour 

Les croix de carrefour sont des croix de chemin implantées à la croisée des routes.

Symbolique du carrefour

Le carrefour est un lieu de rassemblement, et aussi un lieu de délimitation, à la campagne, de parcelles, de fiefs, de terrains communaux. Les carrefours portent souvent des noms par lesquels les habitants des alentours peuvent se repérer.

Le carrefour, dans de nombreuses symboliques, évoque un choix pour lequel il est facile de se tromper de direction, donc de tomber sous la domination des puissances maléfiques. Comme symbole de délimitation de propriétés, on lui associe naturellement un besoin de protection. C'est aux carrefours que l'on donne ainsi un sacrifice aux Dieux, souvent des offrandes d'aliments. C'est aux carrefours que les processions, dont le but est l'invocation de protection divines ou de saints, font naturellement des haltes.

On place aux carrefours des obélisques, des pierres, des  pyramides, des statues et, à l'époque contemporaine, des croix faisant office de protection des voyageurs de l’inconnu et des mauvaises rencontres, et des habitants contre les intempéries, les maladies, les étrangers.

Histoire des croix de carrefour

De nombreux mégalithes, employés comme repère de carrefour, ont été christianisés par l'adjonction d'une croix, ou simplement par l'incision d'un symbole chrétien. Plusieurs conciles ordonnent de détruire ces monuments païens, mais on choisit aussi de récupérer ces objets de culte et d'en changer la destination (phénomène de synctétisme religieux). Symbole catholique très répandu du XVIe siècle à nos jours, certaines sont donc d’origines très anciennes, et le monument actuel est proclamé trésor national ou monument historique.

Aux croix en bois, que l’on remplaçait pieusement et solennellement lorsqu’elles tombaient, ont succédé des croix monumentales en pierre, œuvres de tailleurs de pierre de la région. Ces artisans ont pu, grâce aux dons de paroissiens, assurer une meilleure longévité à ces témoins. Elles sont autant de traces d'un art populaire, dans les campagnes plus pauvres notamment, où il n'était pas possible de financer l'installation d'un monument transporté de loin.

Fonctions de ces croix 

Les croix de carrefour, comme les croix de chemins, se sont multipliées au XIXe siècle et étaient particulièrement destinées à marquer les limites d'une paroisse et de ses différents hameaux. Certaines servent de pauses pendant des processions ou des rogations où le curé en tête, muni en plus d'une croix processionnelle, s'arrête bénir les prés et les champs, appelant de bonnes récoltes.

En plus de leur usage religieux, ces croix ont un rôle de guide pour les voyageurs et d'indicateur pour les habitants : quand le croisement est sous la neige, la croix continue d'indiquer leur position. On en compte ainsi, au Québec, plus de 3 000. 

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/croix_de_carrefour