y-a-t-il eu un atelier de lavage des laines et des peaux de mouton?

Le 3 juin 1876, une autorisation préfectorale est donnée à M. Jabonneau pour la création d’un atelier de lavage de laines et peaux de moutons au moulin de Landemoulin et sur les terrains dépendants rive droite de la Jalle.

 I/ Autorisation préfectorale

le 3 juin 1876, pour 10 ans d’un atelier de lavage de laines et peaux de moutons par M. Jabonneau au moulin de Landemoulin et sur les terrains dépendants rive droite de la Jalle ; se conformer à :

 

1/ les cuves à macération sur le terrain en amont à 30 m du chemin et 15 m de la Jalle ;

2/ les eaux provenant de la macération seront recueillies dans une citerne parfaitement étanche et fermée hermétiquement, établie en amont des cuves, à 10 m de la Jalle ;

3/ le liquide devra être à 50 cm en dessous du bord supérieur de la citerne ;

4/ les eaux seront conduites à la citerne par une rigole en maçonnerie étanche et couverte ; les eaux pouvant être utilisées, mélangées à la tourbe pour faire un engrais solide ;

5/ cet engrais séché et conservé dans un local couvert, à la partie la plus reculée de la propriété en amont du moulin ;

6/ les eaux de lavage et de rinçage ne seront rendues à la Jalle qu’après avoir traversé une grille à peigne fin et avoir séjourné au bassin d’épuration, d’où elles ne sortiront qu’en traversant des matières filtrantes pour les dépouiller de toutes substances solides ;

7/ tous les débris seront remis dans la citerne des eaux de macération pour fabrication d’engrais solide ;

8/ interdiction de lavage des peaux et laines directement dans la Jalle ;

9/ le sol des ateliers sera revêtu de dalles étanches, en pente, conduisant à la rigole et au bassin d’épuration ;

10/ la charpente de l’atelier où se fera le dépeçage sera à 6 m du sol et pourvue de vasistas.

Plan-landemoulin

 

Plan des constructions et modifications des bâtiments de Landemoulin, joint au dossier de M. Jabonneau.

 

II/ Les bâtiments de Landemoulin, ou Moulin Blanc

 

La construction du moulin, au-dessus de l’eau de la Jalle, est très ancienne ; elle existe déjà sur le 1er cadastre napoléonien de 1808.

 

1808-landemoulin

Landemoulin en 1808 : le bâtiment du moulin est le n°1089, le terrain au sud de la Jalle est le n° 1088.

 

En 1848, les bâtiments en bord de Jalle existent ; ils sont donc construits entre 1811 et 1848. Ils appartiennent au château du Taillan, c’est-à-dire à la famille Lavie puis à leur gendre le marquis de Bryas et restent dans cette famille jusqu’à la vente de toute la propriété du château.

1848-Landemoulin

 

Landemoulin en 1848 : le moulin sur la Jalle n° 473, les bâtiments en bord de Jalle n°476, le terrain en amont n° 477, celui en aval n°475, la Jalle n° 472 et 474.

 

III/ La réglementation du 19ème siècle.

 

Dès la Révolution, on réfléchit à la réglementation des ateliers et manufactures qui pourraient compromettre la santé.

Le décret impérial du 15 octobre 1810 « …contre les manufactures et ateliers dont l’exploitation donne lieu à des exhalaisons insalubres ou incommodes » est suivi d’une ordonnance du 14 janvier 1815. Toute ouverture de ce genre d’établissement sera soumise à une demande d’autorisation délivrée par la préfecture.

D’innombrables ordonnances royales suivront en 1818, 1823, 1824, 1825 etc. jusqu’en 1837.

L’ordonnance du 30 novembre 1837 pour les « établissements dangereux, insalubres ou incommodes », rétablit dans son 1er article le décret du 15 octobre 1810 et de son ordonnance du 14 janvier 1815.

Un arrêté gouvernemental du 18 décembre 1848 oblige l’organisation des Conseils d’hygiène publique et de salubrité.

Puis suivront de nombreux décrets pour réglementer toutes les « nouveautés » industrielles, chimiques etc… et leur transport (sur le transport : loi du 19 mars 1874).

Conclusion : Nous avons recherché si l’autorisation préfectorale du 3 juin 1876 pour M. Jabonneau, avait permis la construction des ateliers décrits. Mais aucune mention de travaux dans les matrices cadastrales !

Donc, tant que nous ne trouvons ni construction nouvelle ni transformation dans ces matrices, nous restons en droit de penser que ceci ne s’est jamais fait ! D’autant plus que nous n’avons trouvé aucune autre mention de M. Jabonneau dans les documents municipaux de l’époque.

Alors cette demande n’a sans doute abouti à aucune réalisation…

Texte extrait du blog de l’association Connaissance d’Eysines,Elisabeth Roux et Marie Hélène Guillemet, 7 août 2017.