La circulation à Eysines

Voici les textes de deux arrêtés municipaux, de 1851 et 1905, qui montrent que la circulation routière a posé des problèmes aux autorités bien avant le développement de l’automobile. La concurrence entre les utilisateurs des routes, qu’ils soient cochers ou charretiers était sévère ; bien avant l’instauration du code de la route, Jean Lalumière, notre maire, avait bien compris que seul le respect de règles de bonne conduite pouvait réduire les risques d’accidents. Lorsque les premières voitures automobiles sont arrivées, les limitations de vitesse qui leur ont été imposées semblent découler davantage de la crainte de la nouveauté que de la recherche de la sécurité.

 

Arrêté municipal du 22 mai 1851

Le maire de la commune d’Eysines,
- Vu les attributions sur la loi municipale du 18 juillet 1837, notamment les articles 9 et 11 de la dite loi,
- Vu les lois des 16, 24 août 1790 et des 19 et 22 juillet 1791,
- Considérant qu’il importe de prévenir les accidents qui pourraient compromettre la sûreté des voyageurs faisant le trajet de Bordeaux au Vigean et d’empêcher les collisions fâcheuses entre les divers employés de deux entreprises rivales,

- Arrête :

Article 1. L’ancienne entreprise de maître cocher aura pour point de station l’auberge de la Jardinière chez le sieur Meu au Vigean ; il lui est défendu d’aller stationner au poteau de Blanquefort.

Article 2. La nouvelle entreprise représentée par le sieur Maubourguet aura sa station à la bifurcation de la route de Blanquefort et de Lesparre chez le sieur Soucadoch, charron ; défense lui est faite d’aller stationner chez le sieur Meu.

Article 3. Il est expressément défendu aux conducteurs de chercher à se dépasser mutuellement, à moins qu’une des voitures vient à s’arrêter, alors seulement la seconde aurait le droit de prendre le devant et de le conserver (et vice-versa).

Article 4. Nos adjoints sont chargés de l’exécution du présent arrêté, lequel a été communiqué à Monsieur le Préfet de la Gironde.

Le maire Jean Lalumière.

 

Arrêté municipal du 20 septembre 1905

Le maire de la commune d’Eysines,
- Vu la loi du 5 avril 1894, article 94,
- Vu le décret du 10 mars 1899, article 14 réglementant la circulation des automobiles, article ainsi conçu : « Le conducteur de l’automobile devra rester constamment maître de sa vitesse.
Il ralentira ou même arrêtera le mouvement toutes les fois que le véhicule pourrait être une cause d’accident, de désordre ou de gêne pour la circulation. La vitesse devra être ramenée à celle d’un homme au pas dans les passages étroits ou encombrés. En aucun cas, la vitesse celle de 30 kilomètres à l’heure en rase campagne et de 20 kilomètres à l’heure dans les agglomérations (sauf l’exception prévue à l’art. 31)».

- Considérant que des accidents, autant fréquents que graves, sont occasionnés par les conducteurs de véhicules à moteur mécanique ou autre,
- Considérant que pour la sécurité publique il importe de tenir la main à ce que les instructions précitées soient rigoureusement observées,

Arrête :

Article 1er. La vitesse des véhicules à moteur mécanique ou autre, traversant la commune d’Eysines, devra être réduite à 12 kilomètres à l’heure dans le bourg (c’est à dire dans la partie comprise entre le Petit chemin d’Eysines et la route du Médoc), et à 20 kilomètres à l’heure dans les autres agglomérations.

Article 2. Les contraventions au présent arrêté seront constatées par le garde-champêtre, les gendarmes et les agents du service vicinal dûment assermentés, et les contrevenants seront poursuivis conformément aux lois.

Le maire A. Miqueau.

N.B : J’avais vu un arrêté municipal beaucoup plus récent qui instituait un sens giratoire autour de la croix de Lescombes !

 

Texte de Michel Baron.