Les chemins d’Eysines

Le réseau actuel des voies d’Eysines n’a pas effacé les chemins antérieurs à la Révolution de 1789. Cet ancien réseau comprenait au début du XVIIIe siècle :

Une voie majeure : la Lébade ou « Grand chemin de Bordeaux à Soulac ». Son tracé, dans la traversée d’Eysines, correspond très exactement à l’Avenue du Taillan (ancien Petit chemin d’Eysines).

Une autre voie moins importante : le « grand chemin de Bordeaux à Saint-Médard et à Sainte-Hélène ». Son tracé correspondait à la rue Jude, il traversait ensuite Bois Gramont, longeait Laneblanque (Bel Air), passait à Sainte Christine et passait la Jalle au Thil.

Le chemin de Bordeaux à Blanquefort et à Pauillac qui passait la Jalle à Plassan et était régulièrement emporté par les inondations dans la traversée des marais. Deux chemins reliant Mérignac à Eysines. Les habitants de certains quartiers d’Eysines bénéficiant d’un droit d’usage des communs de Mérignac, ces chemins les reliaient aux padouens de la Jalle. C’est ainsi que l’avenue de l’Hippodrome était « lou camin de las vaques » et que l’itinéraire de la Forêt à Plassan était le chemin « Veyriney ».

Enfin, tout un ensemble de chemins desservant les moulins, les terres labourables, les vignes, les prés, etc., ou établissant des limites entre les propriétés, les régimes des droits fonciers ou dixmaires. Certains de ces chemins étaient « chemins de procession » car ils étaient suivis lors des processions annuelles de l’église d’Eysines à celle de Bruges ou à Sainte Christine par exemple. Ils étaient jalonnés de croix dont la plupart ont disparu.

Le trafic de marchandises se faisant, autant que possible, par voie d’eau, au départ des nombreux ports sur les esteys du Médoc, les grands chemins étaient mal entretenus et même impraticables, souvent les corvées prescrites n’étaient pas réalisées et lorsqu’elles l’étaient restaient inefficaces.

C’est pourquoi l’intendant Tourny décida de construire deux nouvelles routes : celle de Bordeaux à Pauillac et celle de Bordeaux à Castelnau. Au milieu du XVIIe siècle, ces voies ont profondément modifié notre territoire.

Après la Révolution, les municipalités sont créées et la gestion de la voirie leur incombe. Afin de dégager des ressources et de faire des économies, les chemins inutiles vont être aliénés et vendus.

C’est ainsi que le 28 février 1810 Napoléon 1er autorise le maire d’Eysines à concéder au sieur de Brezets, propriétaire de Bois-Gramond, le prolongement de la rue Jude.

Les modifications plus récentes sont liées à la création de la Rocade et de la VDNO et à l’urbanisation de notre ville avec l’ouverture de nouvelles voies.

Le chantier de la future V.D.N.O. (voie de dégagement nord-ouest) a permis la découverte d’un important site archéologique près de Bussac et de Jallepont. Ainsi, la création de la voie la plus moderne de notre commune nous a rappelé l’importance de la plus ancienne : le grand chemin de Bordeaux à Soulac ou camin bourdalès qui prend plus loin le nom de Lebade.

Si l’on met à part la rocade qui a coupé Eysines en deux et les rues desservant les nombreux lotissements, le tracé du réseau des voies est le même qu’en 1811 sur le premier plan cadastral. Encore faut-il savoir qu’à cette époque l’avenue du Médoc et la route de Pauillac étaient de construction récente !

Eysines était traversé par trois « grands chemins » :
Le grand chemin de Bordeaux à Soulac, voie vraisemblablement préromaine qui suivait le tracé de l’avenue du Taillan pour traverser la jalle à Jallepont.
Celui de Bordeaux à Blanquefort et à Pauillac qui franchissait la jalle au gué de Plassan et se perdait ensuite dans les marécages avant de retrouver la terre ferme.
Celui de Bordeaux à Saint-Médard et à Sainte-Hélène (de la Lande et de Lacanau). Son tracé correspondait à la rue Jude, il traversait ensuite Bois Gramont, longeait Laneblanque (Bel Air), passait à Sainte Christine et traversait la Jalle soit au Thil, soit près du pont actuel.

Des voies « transversales » reliaient les marais des bords de jalle aux communs de Mérignac sur lesquels certains Eysinais avaient des droits de pacage :
Le chemin des vaches ou « camin de las vaques » qui venait de Mérignac par Capeyron, le Grand Louis et suivait l’avenue de l’Hippodrome.
Le chemin Veyriney qui passait par la Forêt, la rue André Blanc, la rue de la Pompe au Bréteil et le moulin de Plassan.

Les autres chemins reliaient les villages, les moulins, les terres, les vignes… Même si leur importance était moindre, ils étaient essentiels à la vie quotidienne des Eysinais. Certains d’entre eux connaissaient une fois dans l’année leur jour de gloire ; c’était à l’occasion des processions de l’église d’Eysines à Bruges, à Sainte Christine et même à Saint-Jean d’Illac, on les appelait « chemins de procession ».

Ils étaient très mal entretenus, l’Intendant ne s’intéressait qu’aux « grands chemins » et seulement après de nombreuses réclamations ; l’état des autres dépendait de la bonne volonté des utilisateurs. Il faut aussi savoir que, chaque fois que c’était possible, le transport des marchandises se faisait par voie d’eau.

 

Texte de Michel Baron 10 décembre 2002.