Les écoles à Eysines

 

Les écoles et leur construction

Pendant le Concordat, une correspondance du maire de Blanquefort répondant à une enquête nous apprend qu’il y a 4 écoles dans le canton mais pas à Eysines.

Avant 1830, la commune d’Eysines louait un local pour les maîtres au bourg d’Eysines et du Haillan. Celui-ci était rémunéré par les familles, et contrôlé par le Conseil Municipal et le curé.

Délibération du Conseil Municipal du 18 septembre 1838 : « …accepte la demande de secours de l’instituteur en vue de ses premières dépenses… »

Délibération du Conseil Municipal du 6 janvier 1839 : M. Bideau, instituteur, demande 25 F à la commune pour le loyer du local « destiné à l’institution primaire ». La somme de 150 F allouée par la commune est suffisante.
Le conseil a voté le maintien de l’instituteur « dont le zèle est toujours plus méritoire ». Il prévoit la construction d’une école et la vente de terrains communaux et l’augmentation de la contribution foncière pour financer la construction de la future école-mairie, imposée par la loi du 28 juin 1833 !
Une somme de 4 000 F est prévue, et l’emplacement : sur la place communale dite de la Croix du Sable, le long de la rue principale et à mi-chemin entre Lescombes et Le Bourg.

13 juin 1841 : l’école est payante : 2 F/mois pour apprendre à lire ; 2,5 F/mois pour apprendre à lire, à écrire et à calculer ; 3 F/mois pour apprendre l’orthographe, la grammaire, le système métrique et la géographie.

Délibération du Conseil Municipal du 27 février 1842 : vote pour un impôt supplémentaire de 10 centimes par franc, pour la construction de l’école-mairie. À ce financement s’ajoute la vente de chemins vicinaux (2 500 F) et de communaux.

1842 : construction du bâtiment école-mairie : l’architecte est M. Pascal, et le constructeur, l’entreprise Sabourin. Il a coûté 6 000 F avec un supplément pour les 2 chambres de l’instituteur.
L’enseignement n’est pas gratuit : 1.5 F pour les moins de 7 ans, 2.5 F pour les 7 à 9 ans et 3 F pour les plus grands.

4 novembre 1842 : le maire Jeantet ainé écrit au préfet : « la construction du bâtiment regroupant la mairie, l’école et le logement de l’instituteur est achevé ».
Mais seuls les garçons fréquenteront cette école ; ce n’est que vers 1850 que l’école de filles sera créée et Mlle Lafont Fanny, institutrice privée, deviendra fonctionnaire de la commune.
Chaque année, le conseil vote un budget pour financer la scolarisation des enfants indigents, car pour eux l’enseignement est gratuit (ils sont 32 en 1842).

En 1870, on trouve une école publique des filles, dans une maison louée à M. Argillos ; cette année-là, 21 filles sont admises à l’instruction gratuite. L’institutrice reçoit de la commune une allocation, de 300 francs par an. Le local de M. Argillos s’avère trop exigu ; 70 filles s’entassent dans une pièce de 43 m² et 86 petits dans une pièce de 48 m².

En 1870, on trouve à Eysines une école publique pour garçons, logée à la mairie dont 21 garçons sont admis à l’instruction gratuite. L’instituteur reçoit de la commune une allocation de 400 francs par an. La cohabitation de l’école des garçons et de la mairie explique le fait que l’instituteur faisait fonction de secrétaire de mairie.

À l’époque, l’école est surchargée, il y a 80 enfants par classe. Cette école devient salle de réunions et

l’instituteur laisse son logement au garde champêtre.

Délibération du Conseil Municipal du 15 février 1874 : « …Quelques habitants demandent que l’école libre de garçons dirigée par le frère Barbut reçoive une part des centimes affectés pour l’instruction gratuite… » et une lettre de Mme Bach, directrice de l’école libre de filles au Vigean, demande la même chose.

En 1874, l’inspecteur des écoles demande d’agrandir l’école des filles d’Eysines. La scolarisation progresse.
Le propriétaire, M. Argillos, veut bien agrandir l’école moyennant 120 francs par an d’augmentation du loyer payé par la commune. Refus du conseil municipal.

Le Conseil Municipal adopte en 1875 le projet de construction d’une école de filles et maternelle.
Les plans sont dessinés par M. Hosteins, architecte et l’emplacement choisi de 1150 m² sera le terrain de M. Demars à Lescombes, le long de la rue du Bourg. Il coûte 2000 francs.
Cette école sera constituée de deux classes pouvant contenir 90 élèves chacune et deux logements pour les directrices.

Délibération du Conseil Municipal du 26 janvier 1876 : Coût de l’école des filles 28 325 F, 18 883 F pour la commune.

Délibération du Conseil Municipal du 25 mai 1876 : l’école des filles a plus de 80 élèves il faut donc créer un poste d’institutrice adjointe.

Délibération du Conseil Municipal du 11 novembre 1877, l’école des filles tenue par les sœurs du Bon Pasteur au Vigean est érigée en école communale avec leur accord.

Délibération du Conseil Municipal du 8 juin 1878 : il désapprouve la création d’une école mixte au Vigean « elle satisferait les intérêts du clergé et concurrencerait les écoles laïques de la commune ».

En 1881, construction de l’école des filles et de la maternelle : les dépenses sont supérieures au budget prévu (39 940 F) ; la commune demande et obtient une subvention de la préfecture.

Le 12 mars 1882, le préfet autorise l’utilisation des nouveaux locaux qui sont inaugurés par le maire Léon Raffi. La maternelle et l’école font le plein, si bien que la commune doit demander la nomination d’une sous-directrice.

Délibération du Conseil Municipal du 7 mai 1882 : le conseil municipal crée une commission chargée de l’assiduité des élèves à l’école.

Délibération du Conseil Municipal du 22 novembre 1885, sous la présidence de M. Léon Raffi, maire, M. Argillos, secrétaire de séance.

M. le Maire soumet au conseil le dossier relatif aux écoles de garçons projetées, étant composées de trois classes. Amortissement par semestre, de l’emprunt à contracté au Crédit Foncier pour la construction des écoles de garçons d’Eysines.
Du 1er janvier 1883 au 1er juillet 1925, une somme de 820,80 francs par semestre pendant 40 années.

En avril 1887, le conseil vote un emprunt pour l’école des garçons : 23 790 francs le terrain acheté fin 1887.

En 1889, l’école de garçons est transférée dans ses nouveaux locaux, place du Général de Gaule :

- 3 salles de classes sont réparties dans le bâtiment qui longe la rue de Picot ;

- au fond, le logement des maîtres sur 2 niveaux, indépendant des salles de classes ;

- devant, une cour qui vient jusque sur la place, et fermée par une grille sur un muret ;

    - à droite et dans l’angle, les toilettes en prolongement du muret, et derrière le préau donnant sur la cour et faisant face aux salles de classe,

Il n’y avait pas de cantine, les élèves amenaient leur repas. Une femme de service préparait quelques légumes.

L’école de garçons une fois transférée, la mairie peut être plus à l’aise : la salle de classe devient salle de réunion et le logement du maître devient celui du garde-champêtre.

Délibération du Conseil Municipal du 8 janvier 1922 : Mme Thenèze, directrice de l’école maternelle, est autorisée à installer dans son logement l’électricité. 

Adjudication du 1 novembre 1934, pour la construction d’une classe et d’un préau dans l’école des filles et d’un réfectoire dans l’école maternelle. 

1953 : construction de nouvelles écoles, maternelle et école de filles.

24 décembre 1954 : Inauguration du groupe scolaire Raoul Déjean et des logements de fonction  

Délibération du Conseil Municipal du 13 février 1955 : projet d’achat de la propriété Cathala au Vigean (Ch Ségur) pour création d’école (projet qui n’aboutira pas). 

3 Juillet 1956 : le maire a rencontré M. Labat pour lui acheter le terrain au nord de l’église pour édification du futur groupe scolaire de garçons.

30 août 1956 : il n’y a pas eu d’accord, le maire prévoit l’expropriation à 350 F/m².

A partir de 1957, il faut construire des écoles pour accueillir le nombre croissant des enfants du fait de la multiplicité des lotissements.
C’est un élément important du plan d’urbanisme de 1961 : prévoir des écoles à La forêt, Migron, le Grand louis et dans les anciens comme au Bourg ; en attendant on met des préfabriqués à Migron, au Grand Caillou.

1 er mars 1958 : le prix du terrain Labat est de 523 F/m², mais il peut faire appel.

26 juin 1958 : approbation du projet pour l’école de La Forêt, montant de 44 337 F financé par un emprunt.

13 décembre 1958 : projet du groupe scolaire de La Forêt 42 237 F avec une subvention de 34 528 F.

Délibération du Conseil Municipal du 15 juin 1963 : vote du principe de la construction de 4 classes préfabriquées à Migron, ainsi que préau et réfectoire.
Un terrain de 20 000 m2 appartenant aux époux Fraustey est retenu à 5 F/ le m2 soit 100 000 F. 

Délibération du Conseil Municipal du 30 novembre 1963 : le marché est passé pour l’achat de 4 classes préfabriquées.
Emprunt de 112 500 F pour financer le groupe scolaire de garçons du Bourg.
L’architecte Bauret Louis est chargé du projet de cette école ; devis évalué à 602 000 F dont 5 % pour l’architecte.

Délibération du Conseil Municipal du 25 mai 1965 : le groupe scolaire des filles sera dénommé « groupe Raoul Déjean ».
Approbation de la construction d’un groupe scolaire en dur dans le quartier de Migron, comprenant 6 classes de filles, 6 de garçons et 3 de maternelle.

Délibération du Conseil Municipal du 24 juillet 1965 : achat de 2 classes préfabriquées supplémentaires pour le groupe scolaire de Migron.

Conseil municipal du 5 février 1966 : projet de création d’un CES de 16 classes.

 

L’instruction dans les écoles

Dans chaque classe cohabitaient des niveaux différents, allant de 6 à 13 ans.
« A l’école on doit s’exprimer en français, alors qu’au village on parle le patois gascon. »

Dans les écoles des filles  

Extrait de La petite Gironde 31 décembre 1891 : « Mme Léa Aran, nommée directrice de l’école maternelle d’Eysines en remplacement Mme Bremichet. La nouvelle institutrice a su s’attirer toutes les sympathies et confiances des parents. En lui souhaitant un bon séjour, nous lui adressons à nouveau nos compliments de bienvenue ».
L’éducation des filles à l’école, elles portent des cols de dentelle, elles ne sont pas astreintes à l’uniforme tablier garçons.
On achète deux bustes afin que l’institutrice puisse donner des cours de coupe, de couture ; l’enseignement féminin de l’époque comprend une éducation ménagère, de puériculture. Elle gère à Eysines une société assez féministe où les femmes allaient vendre les légumes et tenaient les comptes.
À cette époque, les lois Jules Ferry suscitent de violentes critiques de ses adversaires, ils sont contre l’enseignement des filles.
Le journal « le gaulois » publiait déjà en 1880 : « On va supprimer la jeune fille ».
Cette école des filles a formé une nouvelle génération de femmes capables de tenir les comptes et de gérer les entreprises. Cela leur sera très utile pendant la guerre 1914-1918, avec le départ de leurs pères, maris, ou fils au front.                                                      

Dans les écoles des garçons  

L’école était aussi le lieu des jeux de la récréation, osselets, billes, toupies…
L’enseignement est différent à celui des filles : plus de gymnastique, du tir, rudiments d’histoire naturelle, la musique, des notions applicables d’agriculture. Ils participent à la vie agricole, la rentrée est repoussée après les vendanges, la sortie avancée pour la récolte des pommes de terre. On quittait les sabots pour entrer en classe. Ils portent la blouse grise (1910).
Dans les années 1930, il y a 30 élèves par classe chez M. Lacroix et M. Lacoste.
Tous les élèves présentés au certificat d’études sont reçus et le conseil municipal félicite les maîtres.

 

Michel Baron, Connaissance d’Eysines.