Inventaire du moulin du Poulet le 11 novembre 1650

 

Cet inventaire a été vraisemblablement rédigé quelque temps après le testament du laboureur Pierre Duboscq qui mentionne la date suivante : « Fait et passé au village de Vizandung, paroisse de Ludon dans la maison et domicile du testateur, environ le soleil couché, le onzième jour du mois de novembre mil six cent cinquante. »

A ce sujet, voir Duchesne extrait paroisse de Ludon au XVIIe siècle à la date de 1650, en particulier cet extrait : Le duc d'Épernon, en représailles, parcourut le Médoc, ravagea Ludon, Macau, Labarde, Cantenac, Margaux, Arsac et se présenta devant Castelnau qui fit sa soumission dès la première sommation.

« Je me suis transporté à ladite maison où il demeurait et à sa demande a été procédé à la réalisation de l’inventaire comme il s’ensuit.
Premièrement dans la chambre où le défunt faisait sa demeure ordinaire et dans laquelle il est décédé, nous avons trouvé ce qu’il y a à présent dans sa maison et que les gens de guerre lui ont laissé, et pour cela il m’a prié et demandé à moi notaire que je veuille bien me transporter jusqu’à sa maison pour faire l’inventaire, ce que je lui ai accordé. Un châlit de bois de chêne et un autre bois fort vieux et usé foncé de tables au dessous sans rien à l’entour de ce lit, et il y a dans celui-ci une méchante couette apetassée avec de la plume dedans avec son coussin de même, sa veuve ayant déclaré que les gens de guerre du roi ont emporté la garniture de ce lit avec d’autres meubles et ne lui ont presque rien laissé comme elle dit aussi qu’on lui a emporté la couverture de laine blanche presque neuve, plus un grand coffre au pied du lit fermant à clef dans lequel elle n’a trouvé que trois linceuls de bourre et brin demi-neuf avec quelques petits méchants linges, plus un autre petit coffre de bois de frêne et autre bois fermant à clef dans lequel s’y est trouvé trois linceuls et autres petits méchants oreillers de la veuve, et son petit coffre fort usé, plus un autre petit coffre de bois d’ormeau et autre bois fermant à clef dans lequel s’y est trouvé quatre serviettes telles quelles et une nappe de brin de la longueur de trois aulnes ou environ fort usée.
C’est tout ce qui s’est trouvé dans ce coffre plus une mezt sine ? pétrin telle quelle montée sur deux doubles roues de pierre, plus un méchant dressoir de tables rapportées n’ayant qu’une tirette de bout de chêne et autre bois, plus un petit chenet appelé caminau au fournil de cette chambre, plus une chaudière de cuivre rouge avec son anse ou burlière qui contient environ sept ou huit brocs d’eau, plus une méchante table avec ses pieds fait en contoir [comptoir ?] de bois de chêne, plus un demi pot d’étain de la petite mesure tel quel, plus six plats d’étain les uns moyens et les autres tels quels plus trois ? à ?, plus quatre assiettes aussi d’étain telles quelles, plus un grand poêlon avec sa queue demi-usé, plus un méchant poêlon rompu sans queue, plus une méchante hache autrement destrau avec son manche, plus un trépied de fer autrement appelé landes fort usé, plus une poêle à frire demi neuve, plus un pot de ? fer moyen, garni de sa cuillère et couverture.
C’est tout ce qui s’est trouvé dans cette chambre, et de cette chambre sommes entrés dans l’apens de la maison vers le nord dans laquelle avons trouvé ce qui suit : premièrement un méchant bois de couchette, plus un charnier sans rien dedans, plus un biguos servant à fouir les vignes, plus une barrique et deux tiers servant à tenir le blé, plus un douil de barrique tels quels, plus un vaisseau de fer, plus cinq ruches neuves servant aux mouches à miel [abeilles], plus un autre méchant vaisseau de fer, plus un sarcle de grabue, plus une méchante serpe, plus un panier dans lequel il y a de la ferraille servant aux araires et au labourage et autres choses.
C’est tout ce qui s’est trouvé dans l’appens, la veuve ayant déclaré que les gens de guerre du roi ne leur ont laissé que ce qui se trouve à présent dans leur maison, les ayant ruinés et emporté tout le meilleur et le bon qu’ils avaient dans leur maison et leur avoir pris les bœufs et la charrette avec lesquels son défunt mari faisait leur labourage et gagnait sa vie et de la maison ; la veuve m’a prié et requis à moi, notaire, de vouloir aller dans la grange du feu [défunt] pour y mettre ce qui se trouvera lui appartenir, ce que, notaire, je lui avais accordé faire et défaire et d’y aller, et dans laquelle s’y est trouvé ce qui s’ensuit : premièrement une pipe de vin de grave logé en barriques d’un vin qui a été recueilli la présente année dans les vignes de la dite Duboscq, veuve, proches de sa maison et au devant de celle-ci au midi, plus une cuve telle quelle écoulant environ une pipe, plus un douil de charge quanelle, plus deux cartaules servant aux charrettes, plus trois tables de chêne servant à faire des fonds de douil, plus une bauge de bois de chêne telle quelle, plus douze douelles de douil toutes neuves, plus quatre courbes sans être garnies servant au labourage, plus un fonds de douil tout neuf, plus quatre chevrons ayant environ quatre pieds de long, plus environ douze douzaines de gerbes, plus une méchante barrique, plus une roue de charrette et une échelle, le tout tels quels :
c’est tout ce qui s’est trouvé dans la dite grange et la dite veuve a déclaré, sur le serment qu’elle a fait à Dieu, de n’avoir rien caché ni latitté et que les gens de guerre les avaient ruinés, et au sujet des habits du défunt, la dite veuve a dit que les gens de guerre les avaient pris et avaient dépouillé le dit feu Dupuy, son défunt mari, comme aussi nous avons demandé à la dite veuve où sont les papiers et titres du dit défunt, et s’il en avait dans sa maison, laquelle a fait le serment que son défunt mari les avait cachés en quelque lieu qu’elle ne connait pas pour le présent, mais que si elle les (trouve) elle fera à l’inventaire tous lesquels meuries et spécifiés, et le tout est dans la maison et grange de la dite veuve et en son pouvoir et puissance l’avons chargée et à avons… » [fin en mauvais état, difficile à comprendre : il s’agit des témoins et de la signature de l’acte…]

Lexique :

Caminau : chenet
Destrau : hache, cognée [hache à talon, en occitan]
Bigos : sorte de pioche à deux fourches, utilisée pour biner la vigne
Courbe : charrue traditionnelle qu’on utilisait pour chausser la vigne sans abîmer les ceps.
Latitter : essayer de cacher

Nos remerciements pour la transcription de Mme Bareyt.