L’état civil au XVIIe siècle

 

Les registres paroissiaux

Jusque vers le milieu du XVIe siècle, l'état-civil des individus ne fut pas régulièrement constaté en France. C'est par ordonnance signée du roi François 1er, à Villers-Cotterêts, le 1er août 1535, que les curés reçoivent l'ordre, « sous peine de grosse amende, de tenir registres des baptêmes et des sépultures ». Un décret royal de Blois, en 1579, complète l'ordonnance de Villers-Cotterêts en prescrivant d'inscrire également les mariages sur les registres paroissiaux.

Au début, peu de desservants se conformèrent aux ordres du roi, et la plupart firent preuve, en cette occasion, d'une ignorance et d'une négligence regrettables. Il faut attendre jusqu'au règne de Louis XIII, et même quelquefois beaucoup plus tard, pour trouver, dans les paroisses, des registres à peu près complets.

Le contrôle de l'Etat ne devint officiel qu'en 1667. À partir de cette époque, les registres doivent être tenus en double, numérotés et paraphés ; un des deux exemplaires reste à la cure, l'autre doit être déposé au greffe à Bordeaux.

Mais nous possédons les premiers registres paroissiaux non officiels de la paroisse de Ludon depuis 1622. La lecture n'en est pas très facile, car la rédaction est confuse et l'écriture parfois impossible à déchiffrer ; quoi qu'il en soit, ces documents n'en restent pas moins infiniment précieux. Le curé de l'ancien régime donne, en effet, une certaine tournure familiale à l'acte de l'état civil qu'il établi ; il note si le défunt a pu se confesser et communier avant de mourir ; il s'excuse lorsque, n'ayant pas été prévenu à temps, il n'a pu lui administrer les derniers sacrements, et il indique le lieu exact de la sépulture. Enfin, il relate parfois les circonstances du décès : mort subite, trépas d'un mendiant ou d'un nomade dans une grange, chose qui arrivait assez souvent, mort violente ou accident. Certains curés rapportent même, en fin d'année, les menus événements de leur paroisse : visites de personnages importants, calamités agricoles, phénomènes météorologiques. Ils établissent des « catalogues de ceux qui ont fait la confession et la communion pascale ». Ils peuvent même rédiger les testaments en présence de témoins.

Mais, de toute façon, l'action bienfaisante des curés ne s'étendait qu'à leurs paroissiens. La grosse lacune, dans cette création de l'état civil à cette époque, est que les personnes auxquelles étaient refusée la sépulture ecclésiastique, les Huguenots et les Juifs, n'étaient inscrits nulle part.

Paul Duchesne, La chronique de Ludon en Médoc, Rousseau frères, Bordeaux, 1960, p.59.