L'école

Il y a quelques années de cela, les enfants étaient choisis pour pouvoir apprendre à lire ou à écrire. Je me souviens que mon père disait qu'aux alentours de 1851, les parents devaient donner 2 francs par mois pour apprendre à lire à leurs enfants et 3 francs pour à la fois apprendre à lire et à écrire. Il y avait aussi ceux qui ne payaient pas. Ils étaient choisis par M. le maire, le conseil municipal et M. le curé, dans les familles nécessiteuses de la commune, dans un nombre égal à ceux qui payaient.

Vers 1823, c'est la commune qui rémunérait l'instituteur que l'on appelait à l'époque le « desservant ». « Alors, disait un grand-père à son petit-fils en 1926, même si tu dois affronter le mauvais temps, faire cette longue route, deux fois par jour, porter d'un côté la besace avec tes quelques affaires d'écolier et de l'autre le panier pour ton repas du midi, sache qu'il est bien agréable pour nous, tes grands parents, de savoir qu'aujourd'hui tu peux aller à l'école et apprendre à lire et écrire plus facilement que nous ! »

La création d'une école à Macau remonte à 1833. Avant cela, on peut imaginer que l'instruction était donnée par un régent. En effet, avant la révolution, nous savons qu'en 1737 le régent de la commune de Macau enseignait la lecture aux macaudais. Le premier instituteur communal à Macau a été nommé le 20 mars 1834.

La mairie que l’on peut voir aujourd'hui, ainsi que les écoles, ont été reconstruites. Les bâtiments ont été achetés en 1841, pour la somme de 11 500 francs à M. Raynal Rouby, notaire à Macau. Ils devaient servir d'école pour les garçons, et pour les filles, de logement pour l'instituteur et sa famille, de mairie et de cabinet pour les archives. En raison de leur mauvais état, ces bâtiments ont été détruits en 1850 et ce n'est que dans les années 1852.1853 qu'ils furent reconstruits. À cette occasion, l'instituteur et tous ses élèves durent être temporairement installés dans les salles gracieusement prêtées par M. Dechans (ainé), président de la société de bienfaisance de Macau et M. Castagnet Clément, secrétaire de la société de Saint-Paul. M. Bouscarut, quant à lui, proposa sans contrepartie sa maison face à l'église afin d'y loger l'instituteur et sa famille et d'y faire deux salles d'école, jusqu'à ce que le logement de fonction soit reconstruit.

L'inauguration de la mairie et des écoles eut lieu le 27 novembre 1853, en présence de M. le maire A. Chadeuil, M. Ramade, vicaire, et de M. le curé Bailloud qui a béni les bâtiments.

En 1872, et depuis plusieurs années, il y a plus de cent élèves (garçons) à l'école publique de Macau. Dans ces conditions, un instituteur seul ne pouvant donner à l'enseignement tous les développements prévus par la loi, il était nécessaire de nommer un instituteur adjoint. Les bâtiments n'étant plus adaptés, le conseil municipal décida, le 3 juillet 1875, la réalisation de gros travaux. En effet, ces bâtiments avaient initialement été conçus pour recevoir environ une soixantaine d'élèves à l'école des filles et quatre vingt élèves à l'école des garçons.

En 1875, le nombre de filles avait atteint environ cent et celui des garçons cent vingt. Pour ces travaux, la commune dut s'endetter sur plusieurs années, et demanda même un secours à l'État au vu de sa situation financière. Le montant des travaux s'élevait à 33 000 francs. Le 5 août 1883, le conseil municipal vota la création d'une école enfantine conformément au décret de M. le ministre de l'Instruction Publique. Malgré sa bonne volonté, la municipalité ne pouvait pas construire cette école et encore moins subvenir aux émoluments des instituteurs.

Le 16 février 1873, le maire reçut une circulaire de M. le ministre de l'instruction publique, engageant les conseils municipaux à voter les fonds nécessaires pour la construction d'un gymnase dans les écoles. Plusieurs membres du conseil proposèrent de faire exécuter ces travaux à leur frais ; le conseil accepta avec gratitude.

En date du 27 juillet 1876, M. Tessandier fait voter un emprunt de 22 000 francs pour payer les travaux importants d'aménagements et d'amélioration des écoles et de la mairie. Il faut monter sept belles marches de pierres blanches pour entrer dans la mairie, tandis qu'au bas se trouvent à droite et à gauche les écoles des garçons et des filles.

En 1888, le conseil municipal décida d'acquérir de M. Frenaud un bâtiment qui jouxte la mairie, afin d'y installer la salle d'asile (institution d'accueil de la petite enfance, qui plus tard sera dénommée école maternelle), situé au lieu-dit « la Fontaine ».

En 1918, la municipalité prit la décision d'acheter à Mme Michot une parcelle de terre d'une contenance de 12 ares 25 centiares, au même lieu-dit, pour la somme de 3 600 francs. Une parcelle de terre fut également achetée à M. Reneteau, au même lieu, pour la somme de 1 500 francs, ladite parcelle comprenant une petite maison, d'une contenance de 8 ares 25 centiares. Ces acquisitions permirent à la commune d'agrandir l'école des filles, de créer un dégagement pour les cours de récréation (trop privées de grand air), et de permettre le déplacement des cabinets d'aisance des écoles et leur transfert à une certaine distance des préaux et des bâtiments scolaires. En 1865, le conseil avait décidé, pour la première fois, d'assurer l'ensemble des bâtiments communaux. En 1886, le gouvernement français avait voté une loi qui permettait aux communes d'octroyer, sur son budget, une somme permettant d'assurer des cours aux adultes de la commune. À Macau, en 1899, une classe pour adultes de plus de treize ans avait ainsi vu le jour. Elle était gratuite et c'était l'instituteur qui en assumait la charge, pendant au moins cinq mois de l'année.

En novembre 1904, le conseil municipal vota la somme de 5 francs par mois pour payer une personne qui ferait le ménage dans la classe enfantine. Le balayage des autres classes, tant de l'école des garçons que de l'école des filles continuerait comme par le passé à être fait par les élèves. Ce n'est qu'en 1908, au mois de mai, que le conseil municipal décida que dans un souci de santé des enfants, ces derniers ne feraient plus le balayage des locaux scolaires. Ce travail serait désormais assuré par des adultes.

Pour l'éducation des filles, c'est en 1911 qu'un cours de couture fut créé. Ce cours, rémunéré, fut confié à Mme veuve Marguerite Bousquet née Mondon, qui présentait toutes les aptitudes pour cet emploi.

Le certificat d'études en 1920.

En 1920, cinq élèves de l'école de Macau ont obtenu leur certificat d'études : René Senges, Pierre Ducassou, Jean Richard, Marcel Gaudry et Jean Desanges avaient aussi obtenu le fameux livret de la Caisse d'Epargne, en récompense de leur travail, sur lequel la commune verse 20 francs.

Une pensée de Macau, Marie-Christine Corbineau, Les Enrasigaïres, 2012, p.40.41.