Frontière linguistique 

Notre commune a connu une longue histoire et son territoire est le témoin d’une lente transformation due aux hommes qui y ont vécu.
Les toponymes, noms des lieux, sont les traces laissées par nos ancêtres ; ils ont un sens, donnent des indications, sont le résultat de longues observations liées à la nature et à la vie quotidienne. Ils méritent d’être conservés et respectés, en particulier leur écriture et leur prononciation.
Or, aujourd’hui à Blanquefort, existe une véritable frontière dans la prononciation de certains noms : par exemple, lors des repérages de futures pistes cyclables et au sujet des lieux-dits, on entend aussi bien :
- La Renney (son « eil ») ou la Renney (son « é »)
- Canteret (son « et ») ou (é)
- Peybois (peil) ou (pé)
- Galochet (et) ou (é)
Rappelons que les Parisiens disent « Blaie » et non pas « Blaye ».

À Blanquefort, il me semble que nous devrions respecter la prononciation gasconne des noms de la terre et donc celle des 80 lieux-dits qui figurent sur le plan actuel de la ville.
Dans les cas suivants, le « ey » doit se prononcer « eil » :
Bigney – Gabarreyre – Peyrestruc – Peyseurin – Queyrac – Queyron – Soutey –
Taste-Claouey – Trembley - Vivey
Ainsi que le « et » qui doit se prononcer  « ét » (on entend le t), et non « é » :
Carpinet  - Trabuchet

Un cas mérite une attention particulière :
- Caychac (Cachac) ou (Caichac) : d’après Olivier Sirgue, spécialiste de l’occitan bordelais, nous serions sur le secteur intermédiaire entre le Médoc où le i ne se prononce pas (Cachac) et le Bordelais où il se prononce (« Queillchac »). Notons cependant que les Anciens blanquefortais prononcent toujours Cachac, tel qu’il est écrit sur de nombreuses cartes.

Rappelons les variations au cours de l’histoire : à partir du latin (domaine de) « Cassius », Cayssac en 1367, Quissac en 1524, Queyschac en 1548, Queyssac en 1696, puis Cachac de 1843 à 1958, date du passage à Caychac (apparemment à l’initiative d’une association qui voulait que Cachac devienne une commune indépendante).
Apparemment, nul ne sait exactement ce qui s’est passé. La question est ouverte…

Des exceptions pourtant : on dit communément Fongravey (son é) (Est-ce que c’est parce que Fongravey est écrit Fongravet sur la carte de 1950 ? erreur de transcription probable)
ou Cournalet (son é), mais dans ces deux cas aussi, le gascon devrait favoriser le « ét » (on entend le t).
Cholet (é) est un nom de personne.

Texte en gascon 

En vélo à l’école.
Mimi, Marineta, Suseta, Ugueta, Silveta e las autas... Los desplaçaments deu temps de las meas purmèras annadas d'escòla se hasèvan en bicicleta dab un grop de sheis a ueit gojatas. Demorant a cinc o sheis quilomètres de l'escòla deu borg de Blancahòrt, me'n anavi de casa dab tot aqueste grop compausat de gojatas de sheis a quatorze ans. Las mei atjadas demoravan cap a ueit quilomètres dens las paludas en bordèra de Garona o au vilatge de Florimond. Que s'encargavan d'acampar, suu lor passatge, las mei petitas, atjadas de sheis a sèt ans. Tot aqueste gaujos monde anava a l'escòla per tots los temps. Per las mei granas, èra ua passejada de santat, emprenta d'escambis, de batalèras e d'arriders. Per las mei petitas, ua corsa contra au mendre temps, qu'avèvan deu mau a seguir dab los lors petits velos qui n'avèvan pas de desralhader ni de pedalèr a mantuas velocitats. Qu'èi un soviéner de hòrt de plors e de lagremas tot au long de la rota quan ne podèvam pas seguir pr'amor las nostas cadenas de velos sautavan o que sovent, pendent l'ivèrn, avèvam a passar longas aigaladas, qui recobrivan la rota en rason de las inondacions provocadas peu desbèrdament deus varats e l'immersion deus prats saturats d'aiga. Lo ser, retorn a casa dens las medishas estrànsias. Aqueste soviéner d'escòla m'a marcat. Que ploravi hèra en rason de la cadena deu mon velo qui sautava shens cès e sustot qu'avèvi ua sacrada cranhença (temor) de la passada de l'aiga. Que cau saber qu'irremediablament, arribant au mei de l'aiga, pausavi los pès a tèrra e devèvi persequir lo mon periple a pè en amiant lo velo a la man dinc a la sortida de l'aigalada provocada per l'inondacion. Açè, tant a l'anar corn au tornar. Arribavi doncas a l'escòla los pès trempats e las cauçaduras pleas d'aiga. Que tornavi a casa los pès tosternps molhats e la cauçaduras pleas d'aiga. Ianica.

En français

Mimi, Marinette, Suzette, Huguette, Sylvette et les autres… Les déplacements lors de mes premières années d'école se firent à bicyclette avec un groupe de 6 à 8 filles. Habitant à 5 ou 6 kms de l'école du bourg de Blanquefort, nous partions tout ce groupe composé de filles de 6 à 14 ans. Les plus âgées habitaient à environ 8 kms dans les marais en bordure de Garonne ou au village de Florimond. Elles se chargeaient de recueillir sur leur passage les plus petites âgées de 6 à 7 ans. Tout ce joyeux monde se rendait à l'école par tous les temps. Pour les plus grandes, c'était une promenade de santé empreinte d'échanges, de bavardages et de rires. Pour les plus petites, une course contre la montre, car elles avaient du mal à suivre avec leurs petits vélos qui ne possédaient pas hélas de dérailleur ni de pédalier à plusieurs vitesses. J'ai un souvenir de beaucoup de pleurs et de larmes tout au long de la route quand nous ne pouvions pas suivre parce que nos chaines de vélos sautaient ou que souvent, pendant l'hiver, nous avions à traverser de longues nappes d'eau qui recouvraient la route en raison des inondations provoquées par le débordement des fossés, et l'immersion des près saturés d'eau. Le soir, retour au bercail dans les mêmes transes. Ce souvenir d'école m'a marqué car je pleurais beaucoup en raison de la chaine de mon vélo qui sautait sans cesse et surtout parce que j'avais une sacré frousse de la traversée de-ces nappes d'eau. Il faut savoir qu'irrémédiablement arrivant au milieu, je posais les pieds par terre et je devais poursuivre mon périple à pied en menant mon vélo à la main jusqu'à la sortie de la nappe provoquée par l'inondation, ceci tant à l'aller qu'au retour. J'arrivais donc à l'école les pieds mouillés et les chaussures pleines d'eau. Je revenais donc à la maison, les pieds toujours mouillés et les chaussures pleines d'eau.

Texte de Yannick Barreau.