L'affaire des pies de Saint-Aubin 

L’an mil huit cent quarante et un, le neuf mai, le conseil municipal de la commune de Saint-Aubin légalement assemblé en cession ordinaire et au lieu de ses séances, étaient présents M. Jacques Escarret, Jean Delaube, Pierre Meyre, Antoine Sémédard, Jean Baisse, Pierre Lalande, Jean Seguin, Jean Seguin et Pierre Eyquem maire.

Le maire ouvre la séance et invite le conseil à constituer le bureau et à la nomination de son secrétaire. M. Sémédard ayant été nommé secrétaire à l’unanimité prend place au bureau en cette qualité. Les membres du conseil ont oui le rapport de la généralité des habitants de la commune de Saint-Aubin concernant les dégâts faits aux récoltes des vignes et maïs causés par les pies qui y volent par troupeaux et mangent pour le moins la dixième partie des récoltes, surtout celle du maïs ; en plusieurs endroits, la cinquième partie est mangée par ces espèces d’oiseaux voraces.

Considérant qu’après avoir reconnu l’absolue nécessité de leur destruction, avons arrêté et délibéré qu’à l’unanimité des voix à compter de ce jour et pendant une année les pies seront tuées et repoussées avec armes à feu ou autres machines pour les détruire par les habitants partout où elles seront rencontrées et dans toute l’étendue de la commune.

Un encouragement de vingt-cinq centimes par tête en sus de douze gratuites par famille à quel nombre quelles puissent s’élever seront payées sur les dépenses imprévues votées au budget de 1842. Pareillement, les œufs ou petits des nids qui seront portés par les enfants ou autre personnes seront également payés en raison de cinq centimes chaque sur les mêmes dépenses et sans retenue.

Défense de tirer sur aucune espèce de gibier pendant leur production et la prohibition de la chasse sous peine d’y être poursuivis conformément à l’arrêté de M. le Préfet ni même après l’ouverture ceux qui ne seront pas munis d’un permis de chasse.

M. Sémédard, adjoint au maire, est chargé de tenir note et nous rendre compte vers la fin de l’année du résultat de cette destruction de la manière suivante : les grandes pies, mâles et femelles auront la griffe gauche coupée ; les jeunes trouvés dans les nids auront la droite coupée pour les distinguer ; les œufs seront également conservés, le tout sera mis séparément dans des tiroirs pour nous en justifier et en ordonner le paiement chacun en proportion de sa destruction.

Fait et délibéré à Saint-Aubin le jour mois et ci contre en la dite délibération et ont signé.

   Texte extrait du document transmis par Joël Héraud, janvier 2006.