La construction de l'église et du presbytère 

Commencée vers le XIIe siècle, l'église a toujours fait l'objet de modifications, de rajouts et de travaux d'entretien. Depuis plus de huit cents ans, elle est un chantier permanent, mais la vieillesse se fait sentir. Il faut s'attaquer au gros-œuvre et le conseil de Fabrique, qui en est le gestionnaire est toujours très démuni et fait régulièrement appel à la municipalité.

Depuis la Révolution qui, peut-être, avait causé quelques dégâts, et jusqu'en 1829, personne, apparemment ne s'était préoccupé de son entretien. Cette année là, un violent ouragan cause, à la toiture, des dégradations qu'on répare comme on peut. Quelques années plus tard, on note que, pour financer les réparations, on a coupé un boqueteau de chênes de Segonnes.

En 1836 et 1847, on effectue quelques travaux de charpente à l'église et au presbytère. La commune possède heureusement de vastes domaines, car les réparations vont coûter très cher. À chacune de ses visites, le cardinal Donnet, grand constructeur d'églises, se plaint du délabrement des bâtiments et demande à M. le maire d'y remédier. Le maire ne peut refuser.

C'est au XIXe siècle, peut-être à l'occasion des travaux de 1847 ou de 1867, que l'ancien appentis qui abritait la porte latérale et les montoirs fut remplacé par le porche actuel avec ses trois arcades et ses chapiteaux de style néo-roman.

En 1860, on vend 25 hectares de landes mais ce n'est pas suffisant, il faut voter de nouveaux crédits. Cinq ans plus tard, nouvelle visite, nouvelle demande, nouvelles promesses. On vend une autre parcelle de landes et vingt hectares de semis de pins. L'année suivante, pour terminer les réparations et aménager le nouveau cimetière, on vend encore cent hectares de landes à Piquès à 60 F l’hectare. On en profite pour construire et aménager la sacristie.

En 1877, les voûtes donnent des signes d'inquiétude mais on n'y fait, semble-t-il, qu'un modeste rapiéçage. Et voilà qu'en 1889 « le beffroy du clocher menace ruine ». On vote sa reconstruction d'urgence. Mais, en 1894, le conseil de Fabrique mentionne « l'étonnement que cause aux étrangers la vue des lézardes de l'église près de l'entrée ». Un rapport complémentaire précise : « Près de la porte latérale, une grande lézarde allant du haut en bas de la muraille, visible en dehors et en dedans, une autre grande lézarde double visible en dedans. Le plafond du vestibule est tombé en cinq endroits. Près de la porte principale, sur la tribune, le plafond est tombé en plusieurs endroits, notamment au dessus de la rosace, lézardes moindres ça et là. En plusieurs places de l'église, le plafond a été abîmé et raviné par d'anciennes gouttières ».

On répare bien sûr, mais en 1898, les voûtes sont en mauvais état, des plaques de plâtre tombent sur la tribune. Le conseil accepte un devis de 300 F. Le curé réclame, en outre, le crépissage extérieur. C'est probablement à cette époque qu'on a abondamment badigeonné les murs et les piliers avec un produit qui blanchit si bien les habits de plusieurs générations de fidèles.

En 1910, on refait la toiture de l'église et du presbytère, mais il faudra recommencer soixante ans plus tard, puis enlever la mousse tuile par tuile en 1988. Cette même année, une restauration habile redonne à l'intérieur de l'église l'aspect qu'il dut avoir il y a quelques centaines d'années. Un nouvel éclairage souligne les beautés architecturales de la construction rajeunie. Le presbytère construit au début du XVIIIe siècle par le P. Lalanne, fut spolié à la Révolution et racheté par Victor Faure. Celui-ci, en 1828, consentit à l'échanger avec la commune contre treize hectares de bois, et le bâtiment reprit son affectation première jusqu'au départ du dernier curé résident. Il devint ensuite le logement du garde-champêtre.

Texte extrait : Chronique de Saint-Aubin-de-Médoc, René-Pierre Sierra, juin 1995, éditeur mairie de Saint-Aubin-de-Médoc, p162-164.

L’évolution de la construction des églises 

Toutes les églises du XIIe siècle ont subi des modifications telles qu’elles ne conservent qu’une partie relativement restreinte de leur construction primitive, comme Blanquefort, dont il ne reste qu’une absidiole du XIIème siècle, Saint-Médard-en-Jalles, et Saint-Aubin.

Guy Dabadie, Histoire du Médoc, Imprimerie Samie, Bordeaux, 1954, p. 127.

Patrimoine : Saint-Aubin du Médoc, au chevet de l'église 

Cinq ans de travaux pour redorer le blason d'un passionnant édifice du XIIe siècle

L'église de Saint-Aubin regorge de secrets et de mystères. Si elle compte parmi les édifices religieux les plus anciens de l'agglomération bordelaise, elle est aussi le plus discret, toutefois de moins en moins méconnu des touristes, comme on a pu le constater cet été.

Une injustice qui est en passe d'être réparée : l'aménagement de la place du bourg, sur laquelle ouvre le parvis, s'achève. L'église y trouve une tout autre perspective.

Dans la foulée, l'édifice dédié au saint évêque protecteur de la paroisse, Aubin, va bénéficier d'une restauration sur cinq années qui portera autant sur les sauvegardes extérieures qu'intérieures (voûte, retable, sols, vitraux, horloge, façades) que sur les aménagements de confort pour le public (chauffage, toilettes).

Pleine de mystères :

Le premier des mystères tient à la construction. L'historiographie locale la situe avec un petit oratoire au XIIe siècle, excentré à l'extrémité sud-est de la paroisse. Pourquoi à cet endroit ? On ne sait. Le fait est que l'oratoire, construit du temps d'Aliénor d'Aquitaine, ne cessera d'être agrandi (jusqu'au XVIIe siècle) et concentrera autour de lui le bourg actuel.

La construction initiale subsiste, à gauche du chœur, décoré de peintures très anciennes représentant une scène de l'Annonciation.

Deuxième mystère : en 1970, lors des travaux de chauffage, les ouvriers mettent à jour une petite statue en pierre de la vierge qui présente le sein à l'enfant, lequel tient une colombe symbole du Saint-Esprit.

Cette statue a été décapitée - une tête en plâtre a été reconstituée - et utilisée en moellon pour combler un mur.

Les spécialistes ont daté la vierge et l'enfant du XVe siècle. Reste le mystère : qui l'a décapitée et murée ? Quand et pourquoi ? Les protestants ? Les révolutionnaires ? Il n'y a pas de réponse.

Les secrets percés : aujourd'hui, le chœur de l'église est coupé par un beau retable en bois ouvragé, datant du début XVIIIe. Si l'ensemble suscite beaucoup d'intérêt, il rompt l'harmonie du chœur roman et prive l'église d'une curiosité. Auparavant, un oculus (petite ouverture) au-dessus du porche concentrait les rayons du soleil sur la nef principale. Le phénomène était particulièrement visible, dit-on, le 1er mars, jour de la Saint-Aubin.

Au nombre des secrets percés et des mystères qui persistent, il y a l'identité des nombreux défunts enterrés sous le sol de l'église. On en connaît quelques-uns, notamment Lancelot de Ferron, seigneur du lieu et écuyer, décédé en 1583, ou encore une Marie Dugouyon, mère… du curé qui officiait en 1736. Un petit arrangement avec l'histoire que s'était offert l'officiant.

Article du journal Sud-ouest du 10 septembre 2012, p.11, Hervé Pons.

La croix.

Sur la route de Castelnau, le carrefour de la Vierge doit son nom à la petite statue, édifiée sur un socle de pierres et que des mains pieuses fleurissent en permanence. Elle fut, dit-on, placée là à la fin du 19ème siècle par Mme Langlois, épouse du propriétaire de Villepreux, sur un terrain lui appartenant, en remerciements d'un vœu que la Vierge aurait exaucé, mais nous n'avons trouvé aucun document à ce sujet.

La Croix, située à l'embranchement des routes de Castelnau et du Tronquet serait celle de l'ancien cimetière qui entourait l'église jusqu'en 1860. Au début du 20ème siècle, elle était implantée au centre du Bourg, près de l'épicerie Baquey, au départ de la route de Louens, mais avec la circulation automobile, elle devenait gênante. M. Langlois offrit alors quelques mètres de terrain en pointe de sa propriété, et on la transféra à son emplacement actuel en 1932.

Texte extrait : Chronique de Saint-Aubin-de-Médoc, René-Pierre Sierra, juin 1995, éditeur mairie de Saint-Aubin-de-Médoc, p173.

Le transfert du cimetière en 1861.

Depuis toujours, le cimetière entourait l'église. Il fut transféré en 1861, non pour des raisons d'hygiène, mais pour un problème de gros sous. Il était entouré d'un mur qui menaçait ruine. Lorsqu'on voulut le réparer, en 1858, le devis s'élevait à 1 747 F alors qu'un transfert était estimé à 2 500 F et qu’en outre, on pourrait récupérer les pierres pour améliorer les routes. On opta donc pour l'emplacement actuel, une pelouse communale à laquelle on accédait par une allée de peupliers, aujourd'hui remplacés par des platanes, qui était aussi l'allée du château Lassalle. L'entrée du cimetière était donc à l'opposé du portail actuel. Le coût des réalisations publiques est toujours, on le sait bien, largement supérieur au devis initial. Ce défaut existait déjà au 19ème siècle, puisqu'un nouveau devis en 1859 se montait déjà à 4 661 F... Nous ne connaissons pas le coût final mais il est possible qu'il ait été égal ou supérieur aux deux premiers devis réunis. Ce transfert dura plusieurs années. En 1861, le conseil fixe le prix des concessions que le préfet trouve trop bas et annule, car l'État omniprésent intervient dans les plus petites affaires communales. On augmente les tarifs et, donnant l'exemple, le maire Charles Langlois demande et s'accorde la première concession. Trente ans plus tard, le cimetière est devenu trop petit et la croix s'affaisse, minée par les excavations. On répare, on agrandit. Mandaté par le cardinal Lecot, l'abbé Caudéran bénit cet agrandissement (partie méridionale) en présence des autorités et de la population, puis on laisse dormir nos anciens jusqu'à la prochaine extension. Le portail actuel est percé en 1912. L'accès se fera désormais par la route du Tronquet, près de laquelle on creuse un puits (bouché récemment).

Texte extrait : Chronique de Saint-Aubin-de-Médoc, René-Pierre Sierra, juin 1995, éditeur mairie de Saint-Aubin-de-Médoc, p 164-165.