Gajac 

 

SITE-pgajac

 

C’est l'un des quartiers les plus vivants de Saint-Médard. En allant vers Le Haillan, un petit ruisseau passe sous la route et délimite les deux communes ; revenant vers Saint-Médard, à gauche, la zone d'activités avec les entrepôts Leclerc et diverses entreprises ; plus loin, la résidence Berlincan constituée de petites habitations jumelées bâties dans les années 1966-1970.
À l’ouest, s'étendaient des prairies, des bois, des champs. On y trouve aujourd'hui, à l'arrière de l'actuel centre commercial Leclerc, le lotissement de Villagexpo où une école maternelle fut ouverte dès la rentrée scolaire 1970 pour les nombreuses familles qui venaient de s'y installer. Puis, à la limite du Haillan, des lotissements s'élevèrent sur la plaine de Bos, à proximité du domaine des Augustins. Avant la Révolution, ces terres appartenaient au clergé. Le centre commercial Leclerc est récent ; il a ouvert en 1992. C'est un lieu chargé d'histoire ! L’ensemble dépendait du château de Gajac avec ses prairies où l'on élevait des vaches laitières. En 1936-1938, on y a construit des baraquements en bois pour héberger des réfugiés de la guerre d'Espagne. Un radar de l'armée de l'air se glissait dans le paysage depuis 1958-1959. Tout cela a disparu. La zone à droite de la route était en partie boisée. Au milieu d'une clairière, se trouve un bâtiment en très mauvais état, « la poudrière ». Il date de 1849. C'était un dépôt de poudre de chasse de la Régie. Il y avait « une grande cave, une petite et la maison du garde ». La poudrerie l'a utilisé pendant la guerre de 1914-1918 pour stocker de la poudre. Du centre de loisirs privé, des tennis, seuls ces derniers subsistent. La rénovation des H.L.M. de Berlincan, en 1998-1999, est un succès esthétique. De nombreuses petites maisons les entourent. Après le rond-point, commerces et entreprises ont poussé comme des champignons. Une maison particulière et une station-service furent démolies. Celle-ci était tenue par l'ancien champion cycliste Robert Desbats ; il a disputé cinq Tours de France, dont un dans l'équipe nationale avec Louison Bobet. La carrosserie et l'imprimerie installées en 1968 et 1973 sont toujours là. La petite rue à droite mène à l'école primaire de Gajac ; elle date de 1957. À droite, le lotissement des Pradères aboutit à la piste cyclable, celle-ci emprunte le tracé de la voie de chemin de fer Bordeaux-Lacanau construite en 1885. Le chemin du Thil longe une coquette résidence, Les Sources, habitée depuis 1971. Au Thil, que longe la Jalle, se tenait un restaurant très réputé. Au fond, derrière les arbres, sur la gauche, entre la Jalle et la piste, se trouvait la motte féodale du Pujeau de la Capelle. Des fouilles y ont été réalisées à la fin du siècle dernier. Elles mirent au jour des vestiges romains et des traces de civilisation médiévale. Au XIVème siècle, une haute tour en pierre a remplacé le château en bois qui aurait brûlé. Dans le magnifique parc, la maison - le manoir du Thil - a été construite sans doute au XVIIIe ou au début du XIXème siècle autour du rez-de-chaussée de la tour. De hautes clôtures empêchent d'accéder au moulin du Thil. En effet, entre 1922 et 1928, la ville de Bordeaux s'est approprié ces lieux pour y établir l'usine de Gamarde et capter des sources. On perdait un coin de rêve ; on gagnait l'eau au robinet. Au bout de la rue Vital-Lauba, une source canalisée s'écoule sur le côté. Elle alimentait jadis des cressonnières. Le Baladot, petit lotissement qui date de 1966, était une prairie en pente douce vers la Jalle. Un petit pont métallique permettait au bétail de passer d'une rive à l'autre. Des sources naturelles sourdaient çà et là. Vers le bas, on rencontrait Oristelle la « moutonnière » qui habitait une vieille masure. Les enfants aimaient bien se retrouver auprès d'elle et de ses bêtes. La première école de Gajac fut construite en haut du pré et ouverte en 1906. Il n'y avait qu'une seule classe réservée aux garçons et une garderie municipale pour les petits. Cette classe a survécu jusqu'en 1929. L’avenue Descartes mène à proximité du château de Gajac. Le grand parking devant Brico-Bâti-Jardi faisait partie de ses dépendances. L’ensemble date du XV ou XVIème siècle, et a appartenu à une branche de la famille de Michel de Montaigne. Le fossé qui l'entourait a été comblé et un pont en pierre bâti au début du XIXe siècle. Charles Chaumel, maire de Saint-Médard de 1878 à 1888, en fut copropriétaire. Au début du siècle, il appartenait à Jean Gustave Castaing, il est resté dans cette famille jusqu'en 1982. L’emplacement du B.B.J. n'était autre que le stade de Saint-Médard. On y jouait au football et au rugby. Il s'est appelé stade Fernand-Campo, du nom d'un jeune de Gajac décédé des suites de sa captivité. Le blockhaus qui jouxte le château date de 1943. Il faisait partie de la ligne défensive allemande. En 1970-1971, à l'emplacement du B.B.J., il y avait le supermarché Hyper-Cosmos devenu ensuite Centre Leclerc. Il sera transféré sur le site du radar, et entouré de nombreuses boutiques. L’ensemble deviendra le centre commercial de Bordeaux-Ouest.

Le B.B.J, quant à lui, s'installe dans les anciens locaux rénovés. Il est inauguré en mai 1997. L’espace Jacques-Brel/Granges-de-Gajac, réalisé par la municipalité à partir des anciennes granges et inauguré le 19 décembre 1987, est le lieu de rencontre du Réveil Gajacais et des associations de Villagexpo. De nombreuses activités culturelles s'y déroulent. Le nom de « Réveil Cajacais » apparaît en 1921. C'est en 1926 que naissent, au mois de mai, les fêtes du quartier de Gajac et au mois de septembre celle de la Muse qui doit honorer les trois jeunes filles les plus méritantes pour leur sérieux et leur travail. Ces deux manifestations n'en font désormais plus qu'une et se déroulent début mai. Le Réveil Gajacais, fondé officiellement le 27 août 1935, a pour but d'organiser des fêtes, des réjouissances à caractère populaire et des cavalcades. Le carnaval, créé en 1926, a repris depuis quelques années avec les pionniers Marcel Garon et Charlot Luc. Les chars, depuis octobre 1996, sont confectionnés dans le nouveau local des Jalles, restauré par la municipalité ; ils brillent aux carnavals de Bordeaux, Libourne, Bègles, Saint-Médard. À proximité, la nouvelle gendarmerie mise en service en février 1992 et inaugurée en octobre. Au cœur du quartier se trouve la place de Gajac. La croix devant les boucheries a été bénie en 1851 et les prêtres successifs de Saint-Médard y ont conduit la procession des Rogations jusque vers 1950. Un parc à vaches et une volière étaient installés au centre de la place qui ne sera aménagée qu'en 1925-1926. Le tramway est resté en service jusqu'en 1949, avec croisement et arrêt devant l'actuelle boutique du photographe. Le restaurant « Les Charmilles », actuel bar-tabac de l'Élysée, constituait un autre pôle d'animation. Aujourd'hui, la place demeure un lieu de rencontre ; les diverses boutiques qui l'entourent lui donnent un côté animé et convivial. Cela fait à peine deux ans que les vaches de Robert ne la traversent plus matin et soir. On arrêtait la circulation ; les automobilistes ne bronchaient pas, attendant patiemment que ces « demoiselles » libèrent la route. Le rond-point de la fontaine lumineuse, près duquel donne l'entrée du stade, fut inauguré en janvier 1993. Inauguré le 26 juin 1960, le stade porte le nom de Robert-Monseau, président de l'A.S.S.M. de 1955 à 1983. Le château Monplaisir est devenu le clubhouse des associations sportives. Il a appartenu à William Chaumet, musicien et compositeur de talent, auteur de nombreuses compositions de concert et d'opéras-comiques. À l'arrière du château, quatre terrains permettent des rencontres de football ou de rugby. Le stade est inauguré le 20 mai 1978, avec de belles tribunes et de bonnes installations pour pratiquer l'athlétisme. C'est là que se déroule la fête des écoles. À droite du parc, les installations annexes du stade, ces bâtiments arrondis, abritent deux tennis couverts et l'ancienne patinoire transformée en terrain d'entraînement pour rollers et skateurs. Plus loin, dans les diverses salles du C.O.S.E.C., inauguré en 1976, se pratiquent les sports collectifs (basket, volley, hand), la gymnastique sportive, l'haltérophilie, le judo. Une salle réservée à l'haltérophilie et à la musculation a été inaugurée le 18 novembre 1982, libérant ainsi des locaux pour le judo ; elle fut agrandie et transformée en Centre départemental d'haltérophilie en 1997. Revenant vers la fontaine lumineuse, dissimulé sous le lierre se devine un deuxième blockhaus. À l'arrière, le moulin, ex-dépendance de la seigneurie de Gajac. Il est fait mention de sa présence en l'an 1289 mais il est probable qu'il existait auparavant. On y fait de la mouture jusqu'en 1945, il est transformé en fabrique de glace industrielle en 1946. Il goûte à présent une retraite méritée, bien qu'il soit toujours habité et en fonctionnement possible. Au-delà de l'avenue Montaigne, la piscine d'été, aux beaux jours est le lieu de détente et de rencontre de nombreux jeunes. Le petit pont de bois qui enjambe la Jalle est appelé le « pont de Baladot ». Il a été construit en 1989 à l'occasion du 200ème anniversaire de la Révolution ; la traversée de la Jalle fut la principale revendication des habitants de Saint-Médard sur les cahiers de doléances. Il fallut attendre 1850 pour voir se réaliser la construction du pont de Gajac. Au début du siècle, de part et d'autre de la Jalle, les blanchisseuses travaillaient, été comme hiver. Les mains gercées et douloureuses, les femmes frottaient le linge ramassé chaque lundi chez les Bordelais : commerçants ou bourgeois mais surtout hôtels, restaurants, cliniques ou hôpitaux... Les unes travaillaient en plein air, les autres bénéficiaient d'un abri relatif, un hangar constitué d'une armature de poutres de bois supportant un toit de tuiles. Entre les deux guerres, il y avait deux lavoirs privés sur la rive gauche et un très grand sur la rive droite. En 1936, un lavoir communal les remplace. Les étendoirs étaient situés souvent loin du lieu de lavage, ils étaient très recherchés et loués très cher, les plus éloignés se trouvaient à Gamarde. Le dernier a disparu en 1958, victime du modernisme.

 

Texte extrait de : Saint-Médard-en-Jalles au fil du temps. Ville de Saint-Médard-en-Jalles, 1999, 180 pages. Gajac, par Pierrette Vergez, p.99-109.