L’arrivée du tramway

 

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Dès octobre 1830, existaient les premières liaisons régulières par voitures hippomobiles entre Bordeaux et Saint-Médard-en-Jalles. Le terminus semblait se situer face à l'église chez un nommé « Cadiche ».

Trente ans plus tard, les voitures publiques assurent le transport des voyageurs entre Bordeaux et Saint-Médard dans les deux sens.

En été, elles partent aux mêmes heures de ces deux agglomérations, au rythme de trois départs le matin (7 h, 9 h, 11 h) et trois l'après-midi (13 h, 15 h, 18 h). Elles passent par Caudéran, Mérignac, Eysines et Le Taillan, « desservant ainsi plusieurs villages populeux ».

En 1890, les moyens de communication entre Saint-Médard et Bordeaux sont toujours insuffisants, vu l'accroissement constant de la population de notre commune depuis une trentaine d'années (environ un millier d'habitants en plus). Certains de nos concitoyens se groupent en syndicat, afin de faire avancer la création d'une nouvelle liaison avec le chef-lieu du département. En 1895, le projet d'une ligne de tramway est établi. En août, le maire en soumet les grandes orientations au conseil municipal : respect des arbres de l'avenue de Gajac au bourg, arrêt de la voie et garage terminus au champ de foire sur un terrain appartenant à la famille Meyniac.

Le conseil émet le vœu de voir la ligne pénétrer dans le bourg jusqu'au niveau du carrefour de la Vierge, modifiant ainsi l'emplacement du terminus. Il demande aux autorités d'en hâter la réalisation.

En mars 1896, une pétition des habitants du bourg fait modifier le tracé dans la grand-rue. Il sera central et non sur un côté comme initialement prévu.

En janvier 1898, le décret d'utilité publique sorti, le cautionnement versé, rien n'autorise à douter de la réalisation dans le délai prévu de deux ans.

En avril 1899, le conseil appelle l'attention des Ponts et Chaussées sur le parapet métallique établi par la compagnie des tramways sur le pont de Gajac. Celui-ci ne lui paraît pas prévenir tout danger.

Enfin le 26 avril 1900, sous la présidence de M. Decrais, député de la Gironde et ministre des Colonies, est inaugurée la ligne des tramways électriques de Bordeaux à Caudéran, Mérignac, Le Haillan et Saint-Médard-en-Jalles. C'est aux accents de la Marseillaise, exécutée par la fanfare de Mérignac, que le cortège officiel formé d'une dizaine de voitures s'élance. Après les réceptions à Caudéran et au Haillan, « les vivats des habitants massés à l'entrée des hameaux » et au moment où les premières maisons de Saint-Médard apparaissent, les tramways s'arrêtent... faute de courant. Un incident vient de survenir à l'usine du Grand-Louis où est produite l'énergie électrique nécessaire. Le cortège se trouve près du bourg ; les personnalités se dirigent à pied vers la mairie où Frédéric Delmestre, le maire, ses adjoints Jeanty Dugay et Pierre Subervie et les membres du conseil municipal les attendent pour un vin d'honneur. Malgré de nouveaux incidents électromécaniques, le cortège sur le retour traverse Gajac, où la foule est toujours aussi nombreuse, avant d'atteindre Le Grand-Louis et la bifurcation vers Mérignac. Sur la place de l'église, un banquet de quatre cents couverts est servi, arrosé de pauillac 1893, brane-cantenac 1889 et sauternes 1887.

De nombreuses modifications vont être apportées au cours des années d'exploitation : la flexibilité des horaires, la mise en place des tarifs ouvriers et scolaires et l'implantation des arrêts fixés encore à la demande durant la guerre 1914-1918.

Lors des deux conflits mondiaux, un embranchement partant du moulin de Gajac permet d'amener, par l'actuelle rue du Docteur-Alcide-Castaing, le personnel de la poudrerie jusqu'à l'entrée dite du Pont-Rouge sur la route de Corbiac.

La Compagnie française des tramways électriques et omnibus de Bordeaux (T.E.O.B.) met en place, en juin 1949, à titre expérimental, un service d'autobus afin de remplacer les tramways. Malgré de vives protestations de la part des usagers, neuf ans avant la capitale girondine, la ligne Bordeaux-Saint-Médard-en-Jalles vient de voir circuler son dernier tram.

 

 

Texte extrait de : Saint-Médard-en-Jalles au fil du temps. Ville de Saint-Médard-en-Jalles, 1999, 180 pages. Repères historiques par René Daix et Lucien Vergez, p. 43-44.