Un orage à Eysines… vers 1890 

...... Vous devez vous rappeler ce grand coup d'orage qui arriva l'an passé et fit tant de ravage : Eysines, Blanquefort, La Bache, Le Bouscat, Mérignac, Caudéran, tout cela fut criblé. Barthélémy s'engloutit dans un grand précipice ; Jean du Croc, ce jour-là, perdit sa barrière ;

Le vent déracina les pommiers de Trabuc qui demeurait autrefois, ruelle du Coussut ; le fils de Fanchon, perché sur ses échasses, en voulant se sauver, se pendit aux branches d'un chêne. Vous devez vous rappeler la pauvre Janounin, montée sur son âne, au milieu du chemin. Le vent se faufila par dessous sa jupe, ce qui fit que tout un chacun vit sa « bergamotte » ; son âne qui eut peur d'un trop grand éclair chavira Janounin, les quatre fers en l'air.

Le tonnerre tomba sur le pauvre Jantille qui courait au secours de cette pauvre fille. Antoine, Raymond et son cousin Bernard furent trouvés tous les trois noyés dans un fossé. La grêle brisa complètement le Jacoutin du forgeron qui était allé mener sa jeune vache au taureau. Vous devez vous souvenir du pauvre vieux Matthieu qui rencontra la mort au milieu d'un ruisseau : son chien, son pauvre chien, voyant son maître se noyer, plongea dans le ruisseau, l'attrapa par la veste ; mais, ma foi, le fardeau s'avéra trop pesant, le maître se noya de même que le chien. Jantot, dans un pré, monté sur sa charrette, chavira dans une ornière, versa sur la Janette.

Dans le même moment, le pauvre vieil Arnaud vit dans ce coup de temps s'écrouler sa maison : l'orage emporta tout, même jusqu'à une tuile qui tua son veau qui était sous un peuplier. Vous pouvez croire que chacun tremblait pour sa peau. Cependant, vers midi, le beau temps revint. Je me trouvais heureux dans tout ce déluge, de n'avoir pas senti une seule goutte de pluie. Tranquille comme un roi, assis au coin du feu, on m'avait fait entrer chez Monsieur Fontcotut...

Traduction du texte gascon de Mèste Verdié, Œuvres complètes, 1893, p.121-122.

Il est présenté dans le chapitre du canton des évènements climatiques qui concernent l’ensemble des communes.