Les découvertes 

Sous ce simple mot se cachent les cinq cent mille années qui ont précédé notre ère... cinq mille siècles que les chercheurs ont découpés en tranches successives qui permettent de mettre en évidence les progrès constants accomplis par l'homme. Les témoignages de cette longue période sont assez rares dans le Bordelais. Toutefois des trouvailles intéressantes ont été effectuées à Eysines et analysées par les spécialistes du musée d'Aquitaine. Elles témoignent de l’ancienneté de la présence de l'homme.

1 - Biface et éclat en silex 

Découverts au Vigean par M. A. Magne, conservateur des collections de géologie à l’université Bordeaux I. Attribués à l’acheuléen (paléolithique inférieur), ils datent de 200 000 à 250 000 ans. « Dès 1939, A. Magne, poursuivant des recherches géologiques dans la région nord-ouest de Bordeaux, fut amené à étudier la terrasse située au Vigean, sur le côté gauche de la route menant au Taillan, non loin de la bifurcation pour Blanquefort, sensiblement à l'emplacement actuel du « Pavillon d'Aquitaine ». C'est la terrasse dite moyenne, ou terrasse de 40 mètres, composée ici d'assez gros galets quartzeux emballés dans un sédiment plus fin argilo-calcaire. La découverte d'un silex taillé incita A. Magne à poursuivre plusieurs années durant la prospection archéologique sur ce site, souvent en compagnie de son ami le docteur Bastin de Longueville. Une vingtaine de silex taillés et plusieurs ossements de mammifères récompensèrent leur patience, mais le matériel conservé par Bastin de Longueville disparut malheureusement à sa mort. Dans la collection Magne, outre plusieurs éclats de silex, pour la plupart tailles, un grand biface et un éclat bien retouché méritent une mention particulière. Le biface, sur éclat large et épais, n’est que partiellement retaillé sur ses deux faces ; sa forme est irrégulière et les arêtes sont sinueuses ; la pointe est peu dégagée. L'éclat présente une retouche sur deux bords. Toutes ces pièces ont une patine Jaune orange. »

Le-vigean-bifaceLe Vigean, près Bordeaux. Biface ou hachereau. Dessin de P. Laurent.

2 - Molaire d'Eléphas Antiquus (éléphant antique) 

Découverte au Vigean par M. A. Magne. Acheuléen. « Cet intéressant reste paléontologique a été recueilli en l970 par A. Magne, lors d'une nouvelle visite au site décrit ci-dessus. Il s'agit d'un fragment de molaire d’Elephas Antiquus. Une autre dent d'Eléphas, appartenant probablement au même genre, avait été mise à jour lors des premières prospections, mais elle a depuis lors été perdue avec la collection Bastin de Longueville. Ce nouveau document confirme l’ancienneté des silex trouvés dans le même contexte : rare dans nos régions, l`éléphant antique disparaît avant la glaciation de Würm, pour céder le pas à l'Eléphas primigenius ou Mammouth, sauf dans le sud-est de la France et l'ltalie, où l`Eléphas antiquus existe encore au Moustérien »

3 - Hallebarde en cuivre ou en bronze 

Découverte à Gleyse en 1877. Attribuée au bronze ancien (1500 à 1800 avant notre ère). « Cette magnifique hallebarde provient d'un tumulus détruit, lieu-dit Les Gleyses, à Eysines. On ignore malheureusement tout des conditions de sa découverte et des objets qui pouvaient l’accompagner. Longueur: 172 mm ; largeur maximum : 61mm ; épaisseur maximum : 7mm. La hallebarde d'Eysines possède encore ses trois rivets en place. On voit distinctement la trace du manche auquel elle était fixée. Cette trace est oblique par rapport à l'axe de la lame, caractère qui distingue les hallebardes des poignards. En effet, alors que les poignards ont un manche dans le prolongement de l'axe vertical de la lame, les hallebardes sont fixées transversalement sur un manche très long, suivant un axe non pas exactement perpendiculaire, mais légèrement oblique.

Halebarde

 

hallebarde-2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Relativement nombreuses dans les îles Britanniques, surtout en Irlande, ainsi qu'en Saxe et en Thuringe, les hallebardes sont très rares en France. Celle d'Eysines, qui vient seulement d’être identifiée, est la dix-septième hallebarde connue dans notre pays. Elle est la seule arme de ce type dans le sud-ouest, sa plus proche voisine étant la hallebarde de Geay, en Charente-Maritime. Les hallebardes appartiennent à une phase ancienne du Bronze ancien. Les armes du même type qui ont été analysées sont le plus souvent en cuivre arsénié et non en bronze, ce qui montre qu'à l'époque de leur fabrication, les techniques d'alliage n'en étaient qu'à leurs débuts. Il faut néanmoins admirer la perfection avec laquelle l'artisan a fabriqué cette magnifique arme, qui témoigne de relations culturelles à grandes distances et devait revêtir une valeur toute particulière aux yeux des hommes de l'âge du Bronze ancien. »

Ces textes sont tirés du catalogue de l'exposition « Bordeaux, 2000 ans d’histoire » du Musée d’Aquitaine.