La Seigneurie du Thil 

Sous l’ancien régime règne le principe : « nulle terre sans seigneur laïque ou religieux ». Par exemple, la paroisse d’Eysines dépend du chapitre de Saint-Seurin de Bordeaux. Le chapitre est propriétaire des « eysines », des communaux sur lesquels les eysinais ont un droit d’usage.

En 1295, la Philippine, édit royal, a libéré la paroisse de la tutelle du chapitre, du moins la plus grande partie. Le village du Haillan reste dépendant de la seigneurie du Thil ainsi que La Forêt.

Cette seigneurie comprenait des fiefs dispersés dans les paroisses de Saint-Médard, Moulis, Saint Laurent, Cussac et Lacanau.

La Maison Noble se trouvait au Pugeau de la Capelle. L’ancienne forteresse en bois avait été abandonnée à la fin du 14e siècle et remplacée par un grand donjon carré, le château du Thil près de moulin du même nom.

Quelques bornes de juridiction délimitaient la seigneurie ; parmi elles, celle qui se trouvait jadis à La Forêt et qui se dresse aujourd’hui devant le château de Lescombes à Eysines.

Sur une face est gravé l’inscription THIL et sur l’autre les 3 croissants emblèmes de la ville de Bordeaux.

borne

Les noms de quelques seigneurs du Thil sont connus. En 1284, suite à des méfaits commis à Blanquefort par Gombaud de Tiran, seigneur du Thil, le sénéchal de Guyenne lui confisque ses biens jusqu’en 1291.

À partir de 1306, la famille des Cailhau qui a fourni plusieurs maires à Bordeaux aux 13 et 14èmes siècles succéda à la seigneurie du Thil.

De la fin du 15e au 18e siècle ce fut le tour de la famille d’Estignol et après elle la famille de Chassaing qui est restée propriétaire jusqu’en 1835.

En 1779 ou 1786, monsieur de Chassaing, seigneur du Thil, a fait don de la lande communale du Haillan aux habitants de ce village. Après 1789, la commune d’Eysines a voulu la mettre en vente mais les Haillannais se sont opposés. C’est une des raisons de la demande de scission du Haillan. En 1849, le préfet l’a refusé mais en 1867 malgré l’opposition de Louis Petit, maire d’Eysines, et grâce à l’appui du cardinal Donnet, le Haillan, par décret impérial, a été séparé d’Eysines.

Borne-juridiction-Laforet

 

 

 

 

 

 

Borne de juridiction de « Laforêt ».

Borne-juridiction-Lescombes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Borne de juridiction installée devant le château Lescombes. 

Extrait du blog de l’association Connaissance d’Eysines, 10 août 2015.

Le bornage 

C’est depuis la place Gambetta à Bordeaux que se calcule le kilométrage concernant la ville. L’origine du bornage se confond avec celui de la propriété : les mégalithes, à commencer par le menhir, étaient, depuis environ 6 000 ans, des repères visuels dressés à la vue de tous pour marquer les territoires. Ainsi a-t-on pu inventorier près d’une trentaine de « pierres de manse » à Eysines, délimitant l’ancienne seigneurie du Thil. À la suite des Romains qui, les premiers, levèrent des bornes militaires sur les routes destinées à mesurer chaque mille, l’Ancien Régime identifia les lieues (1 000 toises), avant que l’on ne calcule les kilomètres (1 000 m). Le centre de Bordeaux était ainsi signalé par cette borne, sur laquelle se lit encore « origine du bornage » gravé dans la pierre, ainsi qu’une flèche. L’objet minéral, d’un mètre de hauteur environ depuis le sol et dont le sommet se pare de rouge est inscrit aux Monuments historiques.

Texte extrait du journal Sud-ouest du 3 janvier 2016, Xavier Rosan.