L’église             

La première église connue sur Parempuyre est construite à la Renaissance. Située au Vieux Logis, attenante au bâtiment, dans sa partie Nord-Ouest, elle est qualifiée en 1767, de « fort petite » par l'abbé Baurein, lequel précise en outre que « faute d'entretien, elle est interdite au culte, c'est-à-dire que l'on n'y célèbre plus la messe ». Anciennement appelée chapelle de Caupène, on peut supposer qu'elle était, à l'origine, la chapelle du château du même nom. Dans les années 1860, le délabrement de l'édifice amène le cardinal archevêque à interdire, de nouveau, l'exercice du culte dans cette église.

Le 16 août 1863, le Conseil municipal, dans sa délibération et ce malgré les avis contraires, opte pour la construction d'une nouvelle église avec son clocher. Certains élus, dont M. de Pichon, auraient préféré restaurer la chapelle existante ; l'évêché donne un avis défavorable à cette dernière proposition et la construction est évaluée à 60 000 F. Un problème se pose pour le financement des travaux : va-t-on attendre la vente de terrains communaux dans les marais pour la somme de 40 000 F ou s'engager immédiatement ? La réponse se fait attendre jusqu'au 26 mai 1865. Le Conseil municipal se prononce pour l'aliénation de biens communaux et l'emprunt à la caisse des Dépôts de 40 000 F à rembourser sur vingt ans.

Un an plus tard, M. Hostein, architecte, soumet au conseil les plans, devis et cahier des charges pour la construction d'une église neuve. Le conseil adopte plans et devis et « ose bien compter confiant dans l'empressement de M. le préfet à vouloir intéresser à notre cause son Excellence le Ministre des cultes à obtenir en notre faveur de la générosité si bien connue de sa Majesté l'Empereur un secours en rapport avec le grand sacrifice que s'impose notre pauvre commune ». Une autre divergence de vue oppose les membres du Conseil : sur quel emplacement cette construction va-t-elle être érigée ? Certains souhaitent conserver le lieu (Vieux Logis), d'autres proposent « La Lande ». En février 1868, La Lande l'emporte par huit voix sur neuf, avec les arguments suivants : « vu l'exiguïté de l'ancienne église, la nécessité d'une reconstruction et l'inconvenance de la réédification d'un monument digne de sa destination au même endroit, trop peu spacieux, trop isolé des habitations, considérant que la plus grande partie de la population se trouve près du dit emplacement, adopte le plan proposé, soit la construction de la nouvelle église sur « La Lande ». L'avis contraire vient toujours de M. de Pichon. Le Conseil précise en outre à l'appui de son choix, que « La Lande est un point plus central, plus aéré, plus sain, plus vivant puisque c'est là que se trouvent les commerçants (boucher, charcutier, boulanger, forgeron, charron). De plus, les voies de communication (chemin d'intérêt commun de Bordeaux à Labarde), le chemin de fer, les nouvelles constructions en un mot tout l'avenir de la commune se trouve à cet endroit ». Une réclamation de cette décision sera tentée par la famille de Pichon, sans succès. Il reste à définir le sort de la vieille église. Le maire invite le Conseil à se prononcer : doit-on démolir l'ancienne église, utiliser les matériaux à la construction de la nouvelle ou la conserver pour en disposer à son gré. À l'unanimité, le conseil décide que la commune restera en possession de la vieille église. Des fondations spéciales, en raison du sol, sont indispensables à la nouvelle construction, augmentant les frais à envisager de 6 375,58 F. Ce devissupplémentaire contraint les élus à revenir sur la délibération prédente : ce vieil édifice entre donc dans la construction projetée. Hélas pour la postérité qui se prive ainsi d'un monument du XVIIe siècle.

C'est donc en 1869 que l'Abbé Dulac, vicaire général, pose la première pierre. Les péripéties se poursuivent avec le litige opposant la commune et l'entreprise adjudicataire Prévôt, en raison de la lenteur des travaux ; toutes les démarches effectuées en vue de faire activer échouent. Nous sommes milieu 1871. Sommation est faite par le maire à l'entrepreneur pour reprise des travaux sous huitaine, sans interruption jusqucomplet achèvement. Si cet engagement n'est pas respecté, les travaux devront être termis par voie de régie. Un arrêté pris le 24 juin 1871 par le maire est approule même jour par le préfet. Un entrepreneur de Bordeaux, M. Périllon, est nommé gisseur. La fin de l'année 1871 voit l'achèvement de ldifice. L'abbé Broussard, curé de Parempuyre, est enfin mis en possession de son église. La consécration, par le cardinal archevêque de Bordeaux, a lieu le 7 décembre 1871, en présence de toute la population. Dans la chronique diocésaine du 16 décembre 1871, on peut lire sous la plume de l'Abbé Espant, curé de Ludon : « Cette église de style romano-byzantin le plus pur et le plus élégant, est l'œuvre de M. Hostein et rappelle à merveille son XIIe siècle. Que le temps vienne noircir les pierres et on la prendrait facilement pour une église bâtie à cette époque même, si sa belle tour romane n'était passurmontée d'une élégante flèche pyramidale octogone, comme en ont vu les XIII et XIVe siècles, comme nous en voyons tant nous même dans tout le diocèse... Que le mobilier qui doit l'orner soit en rapport avec le bâtiment et les habitants de Parempuyre auront une des plus belles et des plus correctes églises, je ne dis pas du Médoc, mais du diocèse ».

Deux remarquables tableaux classés enrichissaient l'ensemble :

- la Vierge à l'Enfant (17e),
- Saint-Pierre (18e).

Mais hélas, l'humidité intérieure ne leur convenant pas, le directeur de l'Architecture, propose, en juin 1970, de les transférer au Musée municipal de Bordeaux sans nuire au droit de propriété de la commune. En échange, un tableau du 19e, moins fragile est apporté. Il sera par la suite tenté, mais bien en vain, de les faire revenir dans l'église.

En mars 1872, un nouveau crédit de 6 000 F est voté afin de parachever les finitions : croix du clocher, paratonnerre, beffroi, travaux de sculpture, grille de la tribune et fonts baptismaux. En mai, un emprunt supplémentaire de 20 000 F est contracté.Il reste cependant à doter le clocher de ses cloches, c'est chose faite en février 1874, pour un coût de 3 000 F. L'horloge, posée en même temps, coûte 1 400 F. Ces frais nécessiteront une imposition extraordinaire de 7 centimes pendant deux ans sur les quatre contributions.

Le 8 septembre 1874, le cardinal Donnet vient bénir les cloches, ce qui donne lieu à une grande fête dans la commune. Fanfare et décorations sur l'avenue menant à l'église préparent à la cérémonie. Les deux cloches, sorties des ateliers de MM. Deyres Frères, de Bordeaux, ont une particularité : elles contiennent en refonte la cloche de la vieille église qui, dit-on, aurait salué la venue à Parempuyre de Louis XIV. Un baptême se fait avec parrain et marraine. Le Baron Hyppolite de Pichonet, la Comtesse Trigant de Beaumont, épouse du Maire, parrainent la plus imposante, nommée Cécile-Marie, qui pèse 1 091 kg et donne parfaitement le mi. La petite, d'un poids de 306 kg, a pour nom Hélène-Dominique et donne le si naturel. Son parrain est M. Lataste très connu pour sa générosité. Mlle Hélène Heyrim, petite fille d'un des grands propriétaires(Château Ségur) de lpoque, en est la marraine. Il faut préciser que le cardinal vint à plusieurs reprises à Parempuyre au cours de ces quelques années : consacrer l'église (1871), bénir le presbytère et le nouveau cimetière (1873) et enfin, la chaire, le 30 at 1880. En présence du maire, du Conseil municipal, du Conseil de Fabrique et de la population, ce véritable chef-dœuvre vaut à la maison Sacreste de Clermont les licitations du Cardinal Donnet. Le chemin de croix, remis en état en 1890 par des artistes et artisans de Parempuyre, a été inauguré le 21 septembre 1890. Les vitraux du chœur retracent des épisodes de la vie de Saint-Pierre, patron de la paroisse, avec un élément qui évoque le Concile de Vatican l (1869-1870).

Le choix de construire la nouvelle église sur La Lande va déterminer le déplacement logique du presbytère, mais également celui de deux édifices publics primordiaux : la mairie et l'école.

Pour le presbytère et l'école, les constructions annoncées se feront parallèlement à celle de l'église. Le déplacement de la mairie, par contre, attendra un siècle, le projet étant souvent évoqué maistoujours ajourné jusqu'en 1969.

Texte extrait : Parempuyre, sa mémoire, ouvrage collectif édité par le Comité d’animation communale de Parempuyre, 1995, p.45-48.

Les tableaux de l’église 

La brochure « Parempuyre, sa Mémoire... », dans le chapitre consacré à l'église, fait état de deux remarquables tableaux classés, transférés en 1970 au musée municipal de Bordeaux. S'il y a bien eu deux œuvres d'art enlevées de l'église pour cause d'humidité, ceux cités : La Vierge à l'Enfant (toile, école de Vassari, XVIe siècle, classée le 5 novembre 1992) et Saint Pierre (toile d'après Trévisaire, XVIIIe siècle, classée le 5 novembre 1992) sont toujours en place et n'en n'ont jamais bougé.

Selon un article paru dans le journal Sud-ouest du 30 décembre 1995, sous la plume de M. Grand, les tableaux en cause ont pour nom :

- Tobie guérissant son père (Blanchard XIXe siècle)
- Les quatre évangélistes (école caravagiste XVIIe siècle)

D'après des témoins dignes de foi, ces tableaux restaurés en 1963 ont été vus en 1994 au musée des Beaux-arts à Bordeaux, avec la mention « propriété de la ville de Parempuyre ».

Ce sont donc bien deux tableaux remarquables, patrimoine de la commune, qui ont quitté notre église pour un musée bordelais. Pour ce qui nous concerne, les documents que nous avions consultés nous ont induits en erreur. Nous prions les lecteurs de la brochure de bien vouloir nous pardonner cette confusion involontaire.

Texte extrait : Les feuillets n°1 de la mémoire, ouvrage collectif édité par le Comité d’animation communale de Parempuyre, 1995, p.87.

Le Christ de Saint-Pierre restauré par une artiste 

À la demande de l'association Notre-Dame du Rosaire, qui œuvre pour la sauvegarde et les restaurations diverses dans l'église de Parempuyre, l'artiste peintre Anne d'Aressy a restauré, durant quinze jours, le grand Christ situé au-dessus de l'autel de Saint-Pierre.

Cette sculpture de plâtre de Paris date de la fin du XIXe siècle, c'est-à-dire depuis la création de l'église actuelle. De bonne qualité, le plâtre n'était pas cassé, seulement très sale, avec des peintures décolorées.

Après des recherches documentaires, Anne d'Aressy a entrepris un nettoyage minutieux et doux, avant d'attaquer la restauration proprement dite. « Il faut se mettre dans l'esprit de celui qui a peint l'œuvre à l'époque », explique l'artiste, expérimentée dans le domaine, pour avoir restauré de nombreux tableaux et exécuté diverses copies pour des musées.

Elle a donc repeint le manteau en vieux rouge et la robe en ocre jaune clair, lequel lui donne un aspect doré, l'or étant utilisé pour la ceinture et le liseré de la cape.

« La barbe de ce Christ, sans auteur connu, a la particularité rare de se présenter en deux rouleaux, comme chez les juifs. Afin de conserver sa douceur et son air accueillant, j'ai repeint les cheveux en châtain clair, les lèvres roses, les yeux bleus… Il a fallu au moins trois couches de peinture acrylique et deux couches de vernis mat et transparent », ajoute Anne d'Aressy.

Il a quelques années, une des deux chapelles a été restaurée. Il est désormais nécessaire de faire de même pour les statues de Marie et de Joseph, ainsi que pour les tableaux de l'église.

Article et photo du journal Sud-ouest du 13 septembre 2016, Marine Jay.