Des manoeuvres militaires 

Le propriétaire du château Belfort à Saint-Médard, Philippe-Paul de Ségur, ancien général des armées de Napoléon, futur académicien, entretenait de bonnes relations avec le roi Louis-Philippe. Ayant restauré son château, il voulut pendre la crémaillère avec une solennité digne de son rang. Il invite donc le fils du roi, le duc d'Aumale, tout auréolé de la prouesse de son armée d'Algérie, la capture de la smala d'Abd-el-Kader. D'Aumale vint avec plusieurs unités dont l'une donna son nom au camp des Lanciers à Saint-Médard. Un régiment de cavalerie fut cantonné à Saint-Aubin en août et septembre 1845, les troupes disséminées dans la campagne, et l'État-major dans les bâtiments du presbytère et maisons avoisinantes. Selon le curé de l'époque, il y en avait au moins deux cents.

Les manœuvres se terminèrent par un gigantesque défilé conduit par le second fils du roi, le duc de Nemours, sur la lande d'Hourton. Par la suite, plusieurs manœuvres et exercices de tir se déroulèrent sur le territoire de la commune ; les landes étaient vastes et l'armée payait les dégâts sans discuter. On ne manquait pas, en effet, de lui envoyer la facture. Les balles et les éclats d'obus abîmaient quelques arbres et chacun sait que la rencontre d'une dent de scie et d'un morceau de métal, cela fait des étincelles. En 1874, on crée une école à feu sévèrement réglementée pour le tir au canon à Hourton. Cinq ans plus tard, on tire le long du Courmateau, deux fois par semaine, en direction du pont de Chagneau où l'on a placé la cible. Mais, lorsqu'en 1883, l'armée désire établir dans le même secteur un champ de tir permanent, le conseil refuse. Par contre, deux ans plus tard, moyennant une rémunération intéressante pour la commune et pour les propriétaires, on accepte, pendant quarante cinq jours, deux champs de tir, l'un à Courmateau, et l'autre à Hourton.

Cette même année, aura lieu, toujours à Hourton, une grande manœuvre de cavalerie. On les imagine, ces fiers cavaliers moustachus : dragons, spahis, lanciers et cuirassiers dont certains sont peut-être des rescapés de Reichshoffen, galopant dans la lande, lance en avant ou, dressés sur leurs étriers, sabre au clair. Instants glorieux... qu'on facture à l'armée pour trois cent francs. C'est le montant des dégâts.

Texte extrait : Chronique de Saint-Aubin-de-Médoc, René-Pierre Sierra, juin 1995, éditeur mairie de Saint-Aubin-de-Médoc, p.185-187.