Les années 1953-1977 

Durant ces vingt-quatre années, le même maire va diriger quatre municipalités. Les 26 avril et 3 mai 1953, ont lieu les nouvelles élections municipales. Les électeurs saint-médardais sont invités à choisir leurs vingt-trois conseillers d'après la liste d'Union républicaine pour la défense des intérêts communaux avec Pierre Ramond, la liste d'Union ouvrière et paysanne avec Léon Delord et la liste d'Entente républicaine et socialiste amenée par Albert Menaut. Dès le premier tour, quatre conseillers sont élus : Ramond, Montignac, Chazeau et Dussédat. Pour le second, chaque liste qui doit comprendre dix-neuf candidats est remaniée. Au soir du 3 mai, vingt-deux conseillers sont élus sur la première liste et un seul sur la deuxième, René Lestage.
Le 10 mai 1953, Christian Dussédat est élu maire par dix-sept voix sur vingt-deux, avec pour premier adjoint Pierre Ramond (qui ne souhaitait pas renouveler son mandat de maire), pour second adjoint René Puyo et pour adjoints supplémentaires André Montignac et Aurel Chazeau.

Aux élections des 8 et 15 mars 1959, deux listes sont en présence ; la Liste d'action sociale et d'administration municipale avec Christian Dussédat et la Liste de large union des gauches avec Jean Campo. La première liste complète est élue au premier tour. Le 15 mars 1959, Christian Dussédat est réélu maire avec les adjoints Pierre Ramond et René Puyo et deux adjoints supplémentaires André Montignac et Roger Laloubeyre.
Nous sommes au cœur de la guerre d'Algérie, deux jeunes appelés y laissent leur vie à vingt ans : Serge Noailles en 1958 en Kabylie et Philippe François en 1962 à Bab-el-Oued.

Aux nouvelles élections des 14 et 21 mars 1965, Dussédat et ses colistiers sont tous élus au premier tour. Les électeurs avaient le choix entre trois listes ; la Liste d'action, sociale et d'administration municipale, liste sortante avec cinq nouveaux ; la Liste d'union républicaine et laïque soutenue par le parti communiste français avec Joseph Peuc'h et la Liste de défense des intérêts communaux et d'action sociale avec René Puyo.

Le 21 mars 1965, Christian Dussédat est réélu maire avec deux adjoints, Pierre Ramond et André Montignac, et deux adjoints supplémentaires, Paul Berniard et Roger Laloubeyre.

Enfin, les élections des 14 et 21 mars 1971 offrent deux listes aux suffrages des électeurs ; la liste de la municipalité sortante avec même appellation, dix anciens et dix-sept nouveaux et la Liste d'union pour une gestion municipale démocratique et sociale avec Kléber Ferron. La première entière est élue au premier tour et Christian Dussédat réélu maire avec trois adjoints : Paul Berniard, Michel Gadret, Jacques Sarrazin et trois supplémentaires, Francis Nougueyrède, Jean Bruneteau et Charles Viala.

Les réalisations de ces quatre municipalités furent nombreuses.

La gare routière est construite sur le terrain de l'ancienne scierie Ariès. Sa mise en service en 1957 évite le stationnement des autobus très nombreux sur la route de Lacanau. Le stade municipal était prévu sur la propriété Dethomas, mais le 14 août 1954, M. Boutet est disposé à vendre le château Montplaisir à Gajac. Le conseil municipal demande son acquisition et souhaite que celle-ci soit déclarée d'utilité publique, car elle conviendrait parfaitement pour l'aménagement du parc des sports municipal. Les architectes se mettent au travail et un avant-projet est prêt le 31 mars 1956. Des achats de terrains, avoisinant Montplaisir, vont suivre afin de compléter l'espace nécessaire pour le stade : un grand terrain d'honneur, rugby et football, avec tribune couverte de 800 places, vestiaires, douches, infirmerie, locaux de rangement, salle de sport à l'arrière, puis un grand terrain d'entraînement, quatre courts de tennis et un terrain de basket, à la place du court de tennis actuel n° 6. Les travaux commencent en décembre 1957.

Le parc est inauguré le 26 juin 1960 par Jacques Chaban-Delmas. D'autres installations sportives vont suivre dans ce parc durant cette période. Deux courts de tennis couverts construits en 1967 et inaugurés sportivement par un double opposant Jacques Chaban-Delmas et Pierre Jauffret à Frémiot et Mendiharat. Vient ensuite la patinoire couverte, à côté des tennis. Projetée en juillet 1965, elle ouvrira en 1969 avec patinage et hockey sur glace ; durant l'été elle sera transformée en terrain de tennis mais pendant peu d'années. Un gymnase manque : le C.O.S.E.C. (complexe sportif évolutif couvert), inauguré en 1976 par le préfet d'Aquitaine Daniel Doustin, va permettre la pratique du basket, du volley, du hand, de la gymnastique sportive, de l'haltérophilie et du judo au sein de l'A.S.S.M. ; il ouvrira aussi ses locaux aux scolaires.

En 1975 ce parc des sports s'agrandit avec un troisième grand terrain multisports et le « nouveau stade » comprenant terrain pour rugby et football, piste de 400 m en tartan à huit couloirs, équipements d'athlétisme, tribune de 1400 places et gradins de 730 places, un terrain de hand et deux terrains de basket entre le C.O.S.E.C. et les tennis couverts.

La piscine municipale de Gajac est construite sur le terrain Asserquet après expropriation et acceptation de l'avant-projet par M. le ministre de l'Éducation nationale le 22 octobre 1956. Il sera nécessaire d'acheter d'autres terrains pour compléter sa réalisation. Elle est inaugurée le même jour que le premier stade et ouverte au public le 3 juillet 1960.

Six mois plus tard, le conseil municipal désire acheter le château Belfort pour y installer le Centre hippique girondin. Une offre d'acquisition à l'amiable est refusée. Une procédure d'expropriation pour cause d'utilité publique engagée le 13 mars 1961, est confirmée par un arrêté préfectoral le 30 septembre 1961. L’achat va suivre et les travaux commencent avec la construction des écuries en septembre 1962. Il faut acquérir des bois supplémentaires pour compléter cet espace inauguré en 1964.

Le « Casino », propriété des consorts Larroque, acquis par la commune le 8 février 1964, va permettre d'installer un centre de secours contre l'incendie avec caserne et logements des sapeurs-pompiers. Cependant, la salle de spectacles restera ouverte tant que le centre culturel ne sera pas construit. En juillet 1965, un corps de sapeurs-pompiers volontaires de vingt-trois éléments, commandé par un sous-lieutenant, est créé (Saint-Médard-en-Jalles est la plus étendue des 27 communes de la Communauté Urbaine de Bordeaux (C.U.B.), dont la mission est d’aménager, d’urbaniser, d’équiper et de gérer un territoire de 55 000 hectares). En 1971 le « Casino » est transféré à la C.U.B. (créée le 1er janvier 1968) en vue de l'aménagement du centre de secours contre l'incendie. Celui-ci sera inauguré le 25 janvier 1976 par Jacques Chaban-Delmas. L’effectif, à ce moment-là, se compose de trente pompiers professionnels commandés par un adjudant. Il dispose d'un parc automobile doté du matériel indispensable et intervient sur les communes de Saint-Médard-en-Jalles, Saint-Aubin-de-Médoc, Le Haillan, Le Taillan-Médoc, Blanquefort et Eysines.

Le projet de construction d'une salle des fêtes se confirme en juillet 1965 avec trois projets d'architectes et un souhait de mise en œuvre à la fin 1965. Deux options pour l'emplacement : la place de la République et le terrain de Gajac face à la piscine de l'autre côté de la Jalle. Le 21 juin 1968, c'est l'adjudication. Finalement, la construction se fait place de la République sur les plans de Jean-Jacques et Philippe Chaveron.

Le « Centre culturel et sportif » comprendra : « une salle de mille à mille deux cents places permettant des manifestations d'art dramatique, lyrique, symphonique et des projections cinématographiques ; une salle de mille places environ pour l'organisation de bals, banquets et éventuellement congrès ou sports de salle ; des installations scéniques et annexes, loges, foyer, bar, bibliothèque, discothèque, bureaux, vestiaires et hygiène ; une école de musique avec quatre salles, un auditorium de cent places avec orchestre ; un club de jeunes, avec salle de réunion, bar, bibliothèque, discothèque, des aménagements extérieurs avec parking de cinq cents à six cents places, jardins et entourages ».

Le Centre culturel est inauguré le 19 décembre 1970 par M. le Premier ministre J. Chaban-Delmas, accompagné de M. le ministre des Affaires culturelles. L’école municipale de musique, qui avait ouvert dans une salle de la mairie le 12 septembre 1959, prend possession de ses locaux ; y figurent aussi une école de danse classique, des clubs : photo, cinéma, échecs, bridge, philatélie ; des ateliers d'expression libre pour enfants ; des ateliers d'artisanat pour jeunes et adultes : émaux sur cuivre, sérigraphie, céramique, peinture sur tissus... Entre-temps, en 1956, des travaux d'extension aux bains-douches permettent de satisfaire une clientèle sans cesse en augmentation. Un centre médico-scolaire y est accolé, celui-ci fonctionnait dans une salle exiguë de la mairie peu adaptée aux visites médicales des nombreux scolaires. La mairie est aménagée en 1972 avec entre autres la création d'une nouvelle salle du conseil municipal, celui-ci ayant maintenant vingt-sept conseillers. La population augmente, les nouveaux arrivants s'installent dans différents quartiers, les enfants sont là : il faut des écoles. Or, en 1953, il n'y en a que trois : au bourg, à Cérillan et à Magudas. Plusieurs vont être créées, d'autres agrandies.

Le groupe scolaire du bourg dont l'avant-projet avait été approuvé par M. le ministre de l'Éducation nationale sous la municipalité de M. Ramond ouvre en octobre 1955, avec quatorze classes, sept pour les garçons et sept pour les filles. Cependant, ce groupe s'avère trop petit, neuf préfabriqués seront rajoutés de 1963 à 1977.

L'école primaire de Gajac projetée en 1955 ouvre ses portes le 4 novembre 1957 avec trois classes dont une classe enfantine, recevant les enfants à partir de quatre ans. Là aussi, il faudra adjoindre un préfabriqué de deux classes, de 1963 à 1966. Trois classes supplémentaires avec préau, w-c et un réfectoire sont prévus pour octobre 1964 mais l'ensemble ne sera prêt qu'à la rentrée 1966-1967. Trois autres classes suivront fin 1971.

À Cérillan, les quatre classes existantes sont aménagées dans les locaux vétustes ; en 1956, deux classes sont construites avec deux préaux et un réfectoire. Une autre vient en 1969, réservée à la classe enfantine. Un terrain est acheté pour les leçons d'éducation physique et éventuellement pour l'expansion, ce qui se produit en 1971 avec trois nouvelles classes.

À Magudas, en juin 1953, on pose l'éclairage dans les deux classes de la nouvelle école qui ouvre à la rentrée 1953-1954. Celle-ci est rapidement trop petite et il faut en 1959 une autre classe et un réfectoire, une quatrième sera construite en 1961. En 1967, la rentrée est pratiquement impossible, les six nouvelles classes prévues ne sont pas finies, trois vont fonctionner sous les tentes de l'armée et pour les trois autres le directeur de la poudrerie met des locaux à la disposition de la commune. La maison Baudrous, acquise en 1969, permet d'y rapatrier les trois classes voyageuses.

Cinq écoles maternelles vont voir le jour. La première est au bourg, fin 1963, avec cinq classes, une classe supplémentaire sera aménagée dans les locaux de l'ancienne école privée Sainte-Anne. Deux classes suivront en 1968. La deuxième se réalise à Magudas avec deux classes en 1970, puis trois autres à partir de 1971. La troisième à Villagexpo est due au lotissement du même nom qui a amené de nombreuses familles. La quatrième fonctionne à Hastignan Sans-souci en janvier 1975 avec quatre classes, une autre est mise en service en septembre. La cinquième s'installe à Corbiac avec quatre classes. Les premières classes de neige se font aux forges d'Abel de 1964 à 1966. Ce n'est qu'à partir de janvier 1967 qu'elles auront lieu au Plâ-d'Adet à Saint-Lary, au chalet le « Pourquoi-Pas », acheté ensuite par la commune en septembre 1967 avec jouissance à compter du 19 avril 1968. Il deviendra le « Perce-Neige 1 ».

Entre-temps en 1965, un terrain de deux mille six cents mètres carrés a été loué, à côté du « Pourquoi-Pas », location consentie par bail renouvelable tous les cinq ans pour la période restant à couvrir des quatre-vingt-dix-neuf ans prévus au bail passé entre les communes de Saint-Lary et de Cadeilhan-Trachère, soit jusqu'en 2052. Un projet de C.E.G. date du 24 octobre 1959, en remplacement du cours complémentaire. En 1962, un C.E.G. garçons et un C.E.G. filles fonctionneront dans les locaux des anciennes écoles primaires et du centre d'apprentissage où une section sténodactylo sera créée après celles de couture et de mécanique générale. Cette dernière fonctionne dans les ateliers de la poudrerie qui seront supprimés en octobre 1970.

Le centre d'apprentissage devient alors C.E.T. Il possède en 1971 quatre ateliers : couture, sténodactylo, métaux en feuilles et mécanique générale préparant à cinq types de professions. La réunion des C.E.G. garçons et filles va former le C.E.S. Il verra sa création officielle le 15 septembre 1969 ; construit sur un terrain appartenant aux héritiers Dethomas au lieu-dit « Le Couenic », il sera inauguré le 16 janvier 1971 et portera le nom de François Mauriac le 20 avril 1974. Conçu pour six cents élèves, les bâtiments vont vite manquer, certaines classes seront logées en attendant dans des locaux de la poudrerie. Il faudra y adjoindre plus de quinze classes préfabriquées, il atteindra près de mille deux cents élèves.

Dès octobre 1970, un projet de construction d'un second C.E.S. avec plan triennal est établi. Un terrain de 45 850 m² est acheté à Hastignan en 1973, 21 600 m² sont rétrocédés à la C.U.B. pour la construction d'un C.E.S. de neuf cents élèves. Créé officiellement, mais sans bâtiment, le 13 septembre 1973, il fonctionnera un an avec des classes de sixième et cinquième seulement dans des préfabriqués érigés en septembre sur un terrain appartenant au L.E.P., rue Ronsard. Il sera terminé un an après sa création et ouvrira à Hastignan le 13 septembre 1974. En 1977, la commune possède pour l'enseignement secondaire : un CET (400 élèves) et deux C.E.S. : F. Mauriac (830 élèves) et Hastignan (820 élèves).

Pour l'enseignement primaire, soixante-dix classes fonctionnent dans six groupes scolaires, pour les maternelles vingt-six classes dans cinq écoles et deux classes enfantines à Cérillan. Créé en 1961, le réseau de ramassage scolaire s'amplifie. De nombreux travaux sont réalisés dans le domaine de la voierie. Les pavés disparaissent de la route départementale n° 6 de Gajac au Camp des Lanciers en 1953, puis jusqu'à la route de Lacanau (la Vierge) en 1954. Le bitume fait son apparition sur de nombreuses voies.

Des places comme celle d'Hastignan sont modifiées, d'autres changent de nom, le champ de foire devient « place de la République » et la place de Gajac « place de la Liberté ». Durant cette période les plaques portant les noms de rues fleurissent dans la commune. Une piste cyclable apparaît sur l'ancienne voie des T.E.O.B. de Gajac à Bordeaux. Le réseau d'eau potable s'étend tous les ans, les grandes usines sont alimentées et peu à peu dans chaque quartier les canalisations placées par le S.I.A.B.A.D.E. permettent aux particuliers à partir de 1955 de remplacer l'eau du puits par celle du robinet. Des bouches à incendie sont posées progressivement, les premières à la place de Gajac et à la Vierge, vingt et une suivront.

Les groupes scolaires sont alimentés en eau potable ainsi que les nouvelles usines : Varache à Bos, Aircalo à Hastignan. L’éclairage public se développe, d'abord par tube fluorescent, en utilisant les anciens poteaux des tramways du carrefour de la Vierge à Gajac. L’électrification de Bos est à l'étude et des transformateurs sont installés par E.D.F. sur chaque propriété communale de Berlincan à la Vierge.

Des terrains sont achetés en vue de l'implantation de transformateurs pour étudier le réseau du Lignan. En mai 1959, un violent orage met hors service seize transformateurs entre la Vierge et le « chêne de Tanéou » à Hastignan. L’éclairage public est refait à Caupian en 1965 ainsi que celui de l'avenue Montaigne, du pont de Gajac à la place de la République. Les équipements sportifs, le bassin de natation et le terrain d'entraînement du stade sont éclairés. En 1969, E.D.F. a sur la commune 3261 clients et en 1975 elle en possède 5185. Le gaz de Lacq, après avoir alimenté la poudrerie, entre chez les particuliers. Fin 1976, on compte 1913 foyers desservis.

Le téléphone se développe, grâce au central téléphonique mis en service le 10 janvier 1975 et pouvant recevoir 15 000 lignes, 1400 familles sont abonnées en 1975. L’expropriation de la forêt de Candale au profit de l'État apporte des finances. Les constructions se multiplient avec les lotissements communaux de Lanos (la Vierge), de Berlincan et de Caupian (partie de l'E.R.C.A cédée à la commune) ; les résidences les Sources, Bel Air, Maurice Chevalier ; les H.L.M. de Berlincan ; les lotissements les Sablons ; bois de Mont, le Cramat, Villagexpo. L’industrialisation se développe surtout dans la zone d'activité de Berlincan et dans la zone ouest, elle apporte de nouveaux emplois. Les grandes entreprises à haute technicité s'installent. Le tir victorieux de la fusée Diamant par Nord-Aviation le 26 novembre 1965 rejaillit sur la notoriété de Saint-Médard-en-Jalles. Enfin, notons diverses créations sociales : l'adhésion de la commune à l'AD.P.A (aide aux personnes âgées) du canton le 20 février 1966, le service d'aide aux personnes sans emploi (40 environ) le 2 août 1967, la crèche à domicile en octobre 1973 (quarante enfants en profitent en 1977) et le club du 3° âge en juillet 1974.

 

Saint-Médard-en-Jalles au fil du temps. Ville de Saint-Médard-en-Jalles, 1999, 180 pages.

Repères historiques par René Daix et Lucien Vergez, p. 67-76.