Domaine Corn et Ermitage
Nom très ancien cité dans le terrier des maisons nobles de 1561 : la « Forcade de Corn », fourche ou carrefour de Corn. Le terme Corn, comme cornal, cornau, cornalis, désigne une tenure (mode de concession d’une terre) collective née de familles groupées en quartier et restées dans l’indivision.
Deux maisons anciennes se font face. Les terres l’entourant étaient plantées de vignes qui furent arrachées en 1934 à la suite de grêles dévastatrices.
La maison basse située au sud, appelée « Corn », daterait du XIe siècle. Elle est en tout cas l’une des plus anciennes de la commune.
La maison haute située au nord est une jolie maison bourgeoise, « l’Ermitage », qui porte aussi sur les actes anciens le nom de Corn. Elle fut habitée par Mlle de Pichon Longueville qui en avait hérité d’un cousin prêtre, de Poncheville. Il avait aménagé une chapelle dans une pièce. La famille Dugravier l’a acheté en 1936. Cette demeure n’a pas été réquisitionnée en 1940…
Texte d'Henri Bret
Les origines du domaine
Les premiers propriétaires connus à ce jour sont Jean Cazejus (1750-1815), docteur en chirurgie et son épouse Jeanne Grillot (1758-1800). Par succession leur fille Marie Anne Françoise Cazejus (1782-1842) épouse de Jean Donatien Boulla (1780-1851), docteur en médecine.
Jean Donatien Boulla agrandit de façon très conséquente le domaine par quatre acquisitions :
- le 13 avril 1828 achat « d’une chambre de maison et un jardin » à Marie Andron épouse de Jean Rivassau pour 350 francs.
- le 1er janvier 1841 achat « d’une bâtisse composée d’une chambre et d’un petit chai attenant avec un jardin au levant de la chambre et une autre bâtisse composée d’une chambre avec un jardin vers le midi, 2 terrains, 3 platains de terre en vigne » aux sœurs Jeanne, Marie et Suzanne Joyeux et à leur mère Anne Delas pour 1 560 francs.
- le 23 mars 1846 achat à Adèle Therèze Berninet « des bâtiments de servitude comprenant logements de paysans, chai, cuvier, vignes, jardin, terres de labour » pour 3 000 francs.
- Le 14 mai 1846 achat de la nue-propriété à Anne Camus veuve de Pierre Tartas « d’une chambre, une petite décharge à la suite et un petit terrain devant » pour 550 francs.
NB : Jean Donatien Boulla achète le 25 mars 1838 un domaine tout proche du domaine de Corn, le domaine de Muratel à Jeanne Charlotte Louise Hermine de Ségur épouse de Verthamon, qu’il garde peu de temps. Il le revend le 1er décembre 1842 à Pierre Henri Stanislas Gustave de Pichon.
Lors de la succession de Jean Donatien Boulla, décédé le 8 novembre 1851, c’est sa fille Marie Amélie en famille appelée Coralie Boulla (1808-1871) qui hérite du domaine. Elle s'est mariée le 23 décembre 1840 à Bordeaux avec Denis Victor François Rols (1799-1871). Son époux, originaire du Tarn, est avocat à Camarès en Aveyron où ils établissent leur résidence. Il semble qu’il y ait des différends dans le couple puisque le 14 août 1855 est rendu un arrêt au profit de Mme Rols contre son mari par la cour impériale de Montpellier. Nous ne savons pas exactement quand elle commence à occuper le domaine de Corn mais il se pourrait que ce soit peu de temps après en avoir été héritière.
Le 1er mai 1854 elle complète le domaine par l’achat « d’une bâtisse composée d’une chambre et d’un chai » à Barthélémy Dabié et Anne Montignac son épouse pour 800 francs au lieu de Corn.
Plusieurs personnes sont au service de Mme Marie Amélie Boulla : Virginie Alary femme de chambre, Philippine Barascut cuisinière et Louis Dubos jardinier-cultivateur. Virginie Alary et Philippine Barascut sont originaires de Camarès en Aveyron, elles ont suivi selon toute vraisemblance leur patronne quand elle est venue s’installer au domaine de Corn. Louis Dubos est le paysan de la propriété, il est né à Blanquefort et occupe une bâtisse du domaine avec un jardin.
Marie-Amélie Boulla rédige 4 testaments olographes les 28 juin 1852, 14 septembre 1870, 25 juin 1872 et 2 juillet 1872. A son décès, le 4 mars 1873, dans son domaine de Corn, elle n’a pas de descendant direct.
Elle lègue le domaine de Corn à Virginie Alary et Philippine Barascut et à Louis Dubos tous les bâtiments et le jardin dont il jouissait pendant son service chez Mme Boulla. L’exécution du testament et la délivrance des legs ont été consenties les 26 novembre, 4 décembre 1873 et 20 avril 1874.
Virginie Alary et Philippine Barascut vendent le domaine à 2 acquéreurs :
- le 2 mars 1877 « le principal corps du domaine de Corn comprenant maison d’habitation, chais, cuvier, orangerie avec grenier, jardins et vigne, le tout d’une contenance de 19 ares 35 centiares » à Raymond de Frogier de L’Èguille, vice archiprêtre, curé doyen de Blanquefort pour 13 500 francs. L’orangerie et le cuvier sont mitoyens de la bâtisse de Louis Dubos.
- Puis le 14 mars 1877 « un enclos, clôturé à son entrée, dépendant du domaine de Corn, consistant en bâtiments de servitude, tels que logement de paysans, chai et cuvier, vignes et terres en nature de jardin, d’une contenance totale de 1 hectare 87 ares 40 centiares » à Madeleine Sibassié, veuve de Jean Deris pour 17 000 francs.
Virginie Alary va rester habiter sur place aux côtés de Madeleine Sibassié et de son fils, au recensement de 1891 elle a 60 ans et est dîte rentière. D'après le recensement de 1911, elle vit toujours à Blanquefort rue Jules Moreau.
Le 28 décembre 1880 Raymond de Frogier de L’Èguille vend « le principal logis du domaine de Corn » à Marie Florence Berthe de Pichon, en religion sœur Cécile, fille de la charité demeurant à Toulouse représentée par sa sœur Marie Angélique Elisabeth de Pichon pour 12 500 francs.
NB : le père des demoiselles de Pichon possédait le domaine de Muratel tout proche de 1842 jusqu'à sa mort en 1880.
Arbre généalogique de la famille Cazejus-Boulla
Sources archives départementales de la Gironde : 3 E 23357, 3 E 34028, 3 E 34033, 3 E 34085, 3 E 34100, 3 E 61050, 3 E 61052 ; archives départementales du Tarn et de l’Aveyron : état-civil.
Recherches et texte Martine Le Barazer, 2024.