Domaine de la Dimière

Description de la Dimière 

Historique : ce domaine mentionné par Malvezin dans « Le Médoc et ses vins » en 1876, et par Cocks et Feret en 1898 dans « Bordeaux et ses vins », était la propriété d’un M. Caboy. Le balconnet de la façade antérieure porte les initiales A.L, tandis que sur la façade postérieure les initiales sont A.B. Cette propriété n’a pas laissé, à notre connaissance, plus de traces dans l'histoire de la commune.

Description : 

  • Situation et composition : enclose par un mur en moellons, la Dimière est tout près du centre de la commune. La demeure est un corps de bâtiment bas flanqué d'ajouts sur les petits côtés, et dominé par un pavillon central.
  • Matériaux et leur mise en œuvre : le pavillon est couvert d'ardoises, tandis que les autres toitures sont en tuiles. Les murs sont d'un appareil régulier en calcaire.

La demeure.

A- Parti général : bâtiment de plan rectangulaire orienté nord-sud.

B- Elévations extérieures.

  • Façade antérieure.

L'entrée principale se fait par une porte cintrée, percée au premier niveau du pavillon central. Cette porte est surmontée d'un balcon soutenu par deux consoles. Le garde-corps est en fer forgé. Au deuxième niveau, l'ouverture sur le balcon est une porte-fenêtre sans chambranle. De chaque côté du pavillon deux ailes basses, de trois travées de fenêtres.

  • Façade postérieure.

Cette façade, orientée vers le nord sur un parc, est semblable à la façade antérieure. Cependant, pour compenser une dénivellation, un petit escalier mène à une terrasse qui s'étend sur la longueur de la façade.

Comble et couverture: le comble, au dessus du pavillon central, est éclairé par quatre petites lucarnes, une sur chacun des pans du toit.

Distribution intérieure : au sous-sol, une cave, accessible de l'extérieur par dessous la terrasse, pouvait recevoir quelques barriques et de nombreuses bouteilles. Il y a une vaste pièce au rez-de-chaussée et à l'étage du pavillon.

Le portail : deux forts piliers carrés, ornés d'un pilastre à bossage terminé par un entablement, soutiennent la grille de fer forgé. Au dessus de la traverse, les volutes du couronnement de la grille mettent en valeur le médaillon central contenant des initiales. Des murets en arc de cercle et ondulés en leur partie supérieure, joignent les piliers au mur de clôture.

Note de synthèse 

Cette maison basse à l'origine est du type chartreuse qui a reçu ultérieurement l'ajout d'un pavillon. La ferronnerie du balcon présente un motif d'accolades affrontées et de pilastres aux formes géométriques suivant un modèle fréquent sur les immeubles bordelais du XIXe siècle. Les consoles ont l’aspect relativement neuf des ouvrages du siècle dernier. Sur la façade postérieure, une terrasse rachète la dénivellation et met en valeur la maison ; le garde-corps qui devait être composé de balustres, pourrait comme le logis, trouver ses origines au XVIIIe siècle. Le portail semble plus authentiquement un ouvrage du XVIIIe siècle.

Les piliers massifs ont une apparence un peu rustique que les pilastres atténuent, tandis que les murets ondulés donnent une certaine élégance à l'ensemble. La ferronnerie possède l'allure et la finesse des travaux du XVIIIe siècle.

Châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maitrise de Bertrand Charneau, Université de Bordeaux III, 1984.

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Histoire de la Dimière

Ce domaine, au lieu-dit Le Clos, est aussi connu sous le nom de Reaud ou Brannens, du nom de deux de ses anciens propriétaires. La maison de maître de style chartreuse est surmontée d’un pavillon central, le portail date du 18e siècle, la ferronnerie du balcon du 19e siècle, le médaillon central du portail semble contenir une lettre, quelle est-elle? peut-être un "B" pour Billatte?

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Les premiers propriétaires connus au 18e siècle sont Pierre Billatte, écuyer, et son épouse Cécile Grenier. Cécile Grenier avait hérité du domaine de feus ses parents pour partie, l’autre partie l’ayant acquise elle-même comme adjudicataire des biens de feu Treyssac le 22 février 1765 et une autre partie acquise de Pierre Montalier de Grissac le 18 août 1768.

Cécile Grenier épouse Billatte a été la marraine le 15 mars 1775 de la nouvelle cloche de l’église Saint-Martin à Blanquefort, le parrain était André Acquart et c’est son époux Pierre Billatte qui a financé la fonte de la cloche.

Au décès de Cécile Grenier le 12 mars 1785, ses 3 fils, Joseph Théophile, Pierre et François Yacinthe Billatte héritent du domaine.
Ils le vendent à Alexis Mathurin Reaud, négociant à la Nouvelle-Orléans en Louisiane, le 23 décembre 1790, d’une contenance de 116 journaux, pour la somme de 122 400 livres dont 60 000 livres proviennent des deniers de son épouse Emilie Théodora Ducros qu’il a épousée le 19 mars 1779 à la Nouvelle-Orléans.

Le journal, unité de superficie la plus utilisée sous l’Ancien Régime est variable suivant les régions, les localités. Correspond à la quantité de terre qu’une charrue peut labourer, ou qu’un homme peut travailler, ou la quantité de pré qu’il peut faucher, etc. en une journée. Le journal de Bordeaux : 31 ares 93 ...
Alexis Reaud a été conseiller municipal de Blanquefort en 1800 et 1808.

Le domaine est décrit ainsi : " bien et domaine de campagne situé dans la paroisse de Blanquefort consistant en divers bâtiments pour le maître et ses cultivateurs, verger clos de mur, jardin, vignes, prairie, vimière, terres labourables ensemble une métairie dépendante."

En 1811 Alexis Reaud est condamné à reverser les droits dotaux et matrimoniaux à son épouse, Emilie Théodora Ducros, il est dans l’obligation de lui céder la propriété de la Dimière. Il décède le 28 août 1823, son épouse vend le domaine le 12 juin 1825 à François Valeton de Boissières, négociant à Bordeaux.

Ce dernier échange très vite le domaine, le 3 septembre 1825, contre le domaine de Cadillac (appelé aussi Fort César) situé à Parempuyre et appartenant à Marie Désirée Laporte, épouse du notaire à Bordeaux Jean Brannens. Les 2 domaines n’ont pas la même valeur, la Dimière est évaluée à 40 000 francs, Cadillac à 80 000 francs, François Valeton de Boissières devra verser le différentiel à Marie Désirée Laporte.

Le domaine restera dans cette famille presque un siècle. Au décès de Mme Brannens le 28 juin 1857 dans son domaine de la dimière, sa fille Anne Adèle Corinne Brannens, épouse d’ Alexandre Caboy, notaire à Bordeaux, en hérite.
En 1898, la production annuelle d’à peine 8 tonneaux de vin indique une exploitation viticole de taille modeste, c’est un cru bourgeois.

À cette époque un cru bourgeois fait référence au statut social du propriétaire, ce n’est pas un gage de qualité.    

Après le décès de Mme Caboy le 11 octobre 1902, son mari vend ce qui reste du domaine, soit 4 hectares, le 29 décembre 1902 :

  • un jardin de 23 ares : à Valentine lacaze veuve Gautier (propriétaire du domaine de Montigny) pour 6 500 francs et
  • la dimière : à Fernande Elisabeth Germaine Lacaze, petite nièce célibataire d'Alexandre Caboy pour 30 000 francs, elle est aussi la nièce de Valentine Lacaze veuve Gautier.

La dimière est revendue très vite, le 31 juillet 1906 à Marthe Lucie Barde veuve de Jean Jacques Emile Bosc pour 45 000 francs.

Le 23 avril 1925 le domaine devient la propriété, sans les meubles qui sont vendus séparément, de Jeanne Eugénie Fort, veuve en premières noces de Pierre Castéra et en secondes noces de Victor Lubcké pour la somme de 130 000 francs.

1925-05-24-LPG-vente-meublesLa Petite Gironde 24 mai 1925


Jeanne Eugénie Fort veuve Lubcké est la mère du docteur Robert Castéra et réside dans le Midi de la France, à Juan-les-Pins. C’est le docteur Castéra qui occupera la maison dans un premier temps avec sa tante maternelle Adèle David (qui y décède en 1927) et sa cousine Marguerite David (+ 1953). Jeanne Eugénie Fort veuve Lubcké rejoindra son fils vers 1930 et décédera au domaine de la Dimière en 1942.

Les enfants de Jeanne Eugénie Fort veuve Lubcké : Robert Castera, Marie Louise Castera, Gisèle Lubcké épouse Cornu héritent du domaine. La chartreuse est actuellement en vente.

Le nom de la dimière viendrait de la dîme, qui est un impôt égal au dixième des récoltes et des produits de l’élevage versé à l’église. La dîme était perçue dans une des maisons basses à l’est du domaine. Une des maisons basses a également servie plus récemment d’ école privée pendant quelques années.

Sources : Archives départementales de la Gironde 3 E 21689, 3 E 31345, 3 E 35583, 3 E 48677, 3 E 61464, 3 E 61976,
3 E 63342, 3 E 69983, 3 E 69986.
Archives Bordeaux métropole 1 F 4 à 1 F 9. Archives départementales des Alpes-Maritimes 6 M 36.
Recherches, texte et photos Martine Le Barazer, 2024. 

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