Domaine de Corbeil

Historique et description du domaine

Corbeil n’a laissé que peu de traces dans l’histoire des exploitations viticoles de la commune.

Les « Statistiques générales » de Féret mentionnent dans les crus bourgeois le « Château Corbeil » comme appartenant à Louis Ginouilhac. Le bâtiment figure par lui-même sur le cadastre de 1806 au sud du domaine de Muratel. Le relevé cadastral récent montre la réduction de la construction qui se limite désormais sur le plan à un bâtiment allongé. Dans son testament en date du 25 juin 1894, Louis-Auguste-Fortuné Ginouilhac, propriétaire du domaine de Muratel, spécifie qu’une partie des cuves du chai et cuvier de Corbeil lui appartient. (AD.33 3E 31888.)

Description 

Situation et composition : près du centre-ville, le domaine de Corbeil est en face du domaine de Muratel. La façade principale est orientée au sud vers un parc occupé en partie par les immeubles modernes d'une maison de retraite. Le bâtiment se compose d'un pavillon dominant deux ailes, avec des adjonctions sur la façade nord. À quelques mètres vers l'ouest, des constructions remises à neuf paraissent avoir été des chais.

Matériaux et leur mise en œuvre : pierres calcaires pour les murs et ardoises pour le toit du pavillon, des tuiles couvrent les ailes.

La maison :

A- Parti général : de plan rectangulaire, ce bâtiment a subi de nombreux remaniements visibles surtout sur la façade postérieure.

B- Elévations extérieures :

Façade antérieure : le pavillon et les ailes sont sur le même alignement. Le pavillon possède deux niveaux d'élévation : le premier, assez bas, est limité par une moulure plate à denticules, et sur les côtés, par une chaîne à refends. Deux portes à deux battants sans chambranle, donnent accès à l’intérieur. Le deuxième niveau est plus haut, percé de deux fenêtres étroites et hautes, les chaînes à refends du premier niveau continuent au deuxième par une bande plate interrompant la moulure à denticules qui divise les niveaux des deux ailes.

Au premier niveau sur les ailes, s’ouvrent deux fenêtres et une porte au centre pour l’aile gauche ; deux fenêtres et une porte sur la gauche pour l'aile droite.

Au deuxième niveau : trois fenêtres pour chaque aile.

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Façade postérieure : au dos du pavillon central, un balcon est supporté par des consoles modernes. L’intérêt réside dans la ferronnerie.

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Note de synthèse : la maison de Corbeil n'a, semble-t-il, jamais été une maison de maitre, mais plutôt une habitation pour les exploitants du domaine viticole dont un cru portait le nom de « Château Corbeil ». Ce domaine était lié à celui de Muratel, en face. Le logis restructuré, réaménagé, doit trouver ses origines au XVIIIe siècle. L'intérêt principal étant le balcon sur la face postérieure. Les panneaux principaux rappellent les ferronneries bordelaises du XVIIIe siècle, mais les pilastres qui les séparent sont plus récents. Alors, peut-être, doit-on conclure à un remploi.

Châteaux et maisons de campagne de Blanquefort, mémoire de maitrise de Bertrand Charneau, Université de Bordeaux III, 1984.

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Origine du nom

Son nom vient certainement du latin « corbicula » la corbeille, devenu ensuite Gorbella au XIVe siècle, puis Gorbeille et village de Gourbeilhe au XVIe. Il est également cité sous l’appellation de Mayne de Gorbeilhe dit maison de la Voulp en 1550. Il devait inclure autrefois le quartier de Lagnet. L’ancien domaine de Corbeil fut un domaine viticole dont le cru bourgeois portait en 1874 le nom de château Corbeil. Il était propriété de M. Louis Ginouilhac, qui possédait le domaine voisin de Muratel. Vin de très bonne qualité. La chartreuse possède un beau balcon dont les ferronneries rappellent certains ouvrages bordelais du XVIIIe siècle. De nos jours, la maison Corbeil est propriété communale et abrite différents services. Son parc a été restauré récemment.

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1942 : fait divers

Nous reproduisons un procès-verbal de la gendarmerie de Blanquefort, qui relate un fait-divers survenu pendant l’occupation allemande :

PV 579 du 9 août 1942 : violations de la sépulture de la famille Ginouilhac à Blanquefort, auteur inconnu. M. Balguerie Gaston, 68 ans, propriétaire demeurant à Blanquefort. « Je suis propriétaire du château Corbeil de Blanquefort depuis une dizaine d’années. Sur cette propriété existe un caveau appartenant à M. Dadre de Saint-Hyppolyte-du-Fort (Gard) dans lequel sont inhumés (d’après les renseignements qui m’avaient été donnés par M. Ginouilhac, ex-propriétaire et du vivant de ce dernier), trois parents qui étaient M. Fortuné Ginouilhac et le père et la mère de ce dernier. Rentrant de voyage le samedi 1er août après une absence de trois semaines, mon domestique M. Ernest Ardouin m’a dit qu’il avait constaté que la pierre tombale du dit caveau avait été enlevée et l’ouverture recouverte avec des ronces. Je me suis rendu au caveau et ai constaté la véracité de la déclaration de mon domestique. J’ai avisé M. le maire de ce fait qui m’a déclaré qu’il vous préviendrait ».

M. Balguerie nous déclaré à nouveau : « J’estime que M. Fortuné Ginouilhac a été enterré à cet endroit depuis une soixantaine d’années et les parents probablement antérieurement. J’ignore absolument s’il se trouvait des bijoux ou des valeurs dans ces cercueils ».

État des lieux : le caveau sur lequel est édifié une petite chapelle entourée d’une grille en fer de 1,20 m de hauteur est situé à 200 m environ à l’est du bourg de Blanquefort. Le pré au milieu duquel se trouve le dit caveau est clôturé par trois rangs de fil de fer barbelé et est longé au nord par le chemin de la Palu et au sud par le chemin de Solesse, la plus proche habitation est à 200 m. Constatations : nous constatons que la pierre tombale placée sur l’ouverture du caveau a été descellée et enlevée, elle mesure 0,90 m de longueur sur 0,60 de largeur. Par l’ouverture qui est en partie obturée par la pierre tombale, nous remarquons à l’intérieur du caveau que deux cercueils plomb sont ouverts, quelques ossements sont épars sur le sol. Sur les lieux, aucune trace n’est apparente. Les proches voisins entendus verbalement n’ont pu nous fournir aucun renseignement susceptible de nous aider dans notre enquête. Au cours de nos recherches, aucun indice n’a pu être recueilli sur le ou les auteurs de ce méfait. Elles sont actuellement continuées.

 

Bibliographie :

- Archives municipales,
- Catherine Bret-Lépine et Henri Bret, Années sombres à Blanquefort et dans ses environs 1939-1945, Publications du G.A.H.BLE, 2009,
- Blanquefort, rues et lieux-dits, Publications du G.A.H.BLE, 1996,
- Raymond Valet, Feuillets d’une mémoire, G.A.H.BLE, 1984, p.42.